Article mis à jour le 8 juin 2023 à 11:11
Après avoir exposé les photographies de Laetitia Tura ainsi que les reproductions de tableaux de Serge Vollin, le Mémorial du Camp de Rivesaltes met à l’honneur Gaétan Nocq. Pour cette nouvelle exposition temporaire, c’est donc un artiste très complet qui a été sélectionné puisque Gaétan Nocq est à la fois dessinateur, peintre, carnettiste et auteur de roman graphique.
Du 21 octobre 2022 au 29 janvier de l’année prochaine, l’exposition « Gaétan Nocq, récits des camps » met en perspective les récits et représentations des camps d’Auschwitz et de Rivesaltes par l’artiste. Seront présentés les planches originales du Rapport W ainsi que les carnets de Gaétan Nocq réalisés durant sa résidence à l’été 2022.
Du Rapport Pilecki au Rapport W
Le témoignage de Pilecki décrit la vie quotidienne au camp de concentration avec les conditions de détention et les atrocités. Pour produire la meilleure représentation possible, Gaétan Nocq a effectué un important travail documentaire qui reflète davantage de l’analyse que de la collecte.
Au lendemain de son évasion, Pilecki, chargé de bâtir un réseau de résistance pour renseigner l’extérieur afin de préparer l’insurrection du camp, écrit un premier rapport de quelques pages : c’est le « Rapport W ». Durant l’été 1945, il rédige le Rapport Pilecki, un compte rendu définitif de ses trois années de détention. Encore aujourd’hui, cette œuvre est l’une des sources majeures sur Auschwitz et elle offre un témoignage hors du commun.
Gaétan Nocq considère que cette adaptation est un récit d’espion. Pour son travail, l’artiste a été épaulé par Isabelle Davion, l’historienne qui a rédigé les notes historiques du Rapport Pilecki, et a échangé avec les équipes du musée de l’Armée de l’intérieur à Cracovie, là où est conservé le document original du Rapport W.
Première partie de l’exposition « Gaétan Nocq, récits des camps »
Plus de 80 planches originales issues de l’album Le Rapport W seront visibles. Gaétan Nocq y retrace les 947 jours d’enfermement de Witolds Pilecki au camp d’Auschwitz. Cet album a été recomposé par la Prix de la meilleure BD historique 2019 et fut finaliste du Grand Prix de l’ACBD 2019. Pour réaliser son roman graphique, Gaétan Nocq s’est appuyé sur le propos de Witold Pilecki : « Plus t’en tiendras aux faits en les relatant sans commentaires, plus cela aura de la valeur ». Cette œuvre est donc plutôt perçue comme un reportage autour du témoignage d’un homme.
La première salle de l’exposition est consacrée aux récits de la rafle de Witold Pilecki et de son évasion. Ce capitaine de cavalerie et membre de l’Armée secrète polonaise est déporté volontaire de septembre 1940 à avril 1943. Gaétan Nocq s’est rendu à deux reprises sur le site d’Auschwitz pour multiplier les points de vue et s’imprégner de cet environnement. Le but recherché était de « raconter ce huis clos comme une pérégrination dans l’espace physique mais aussi dans l’espace mental de Pilecki ». La tension entre les vues du camp et celle du paysage est palpable.
La résidence de Gaétan Nocq en seconde partie d’exposition
La seconde partie de l’exposition est consacrée aux œuvres conçues durant la résidence de Gaétan Nocq au Mémorial du Camp de Rivesaltes à l’été 2022. Sur ces deux semaines en immersion, l’artiste s’est fortement consacrée à l’extérieur, pour être au plus près des vestiges de baraquements. Gaétan Nocq a également exploité des fonds d’archives, notamment les photographies de Paul Senn ainsi que les listes de noms des 2.289 Juifs étrangers, déportés de Rivesaltes vers Auschwitz à l’automne 1942.
Portrait de Gaétan Nocq
C’est avant tout un passionné d’histoire qui s’est formé à l’expérience du carnet de voyage et de reporter en France et à travers le monde. Son travail en atelier est alimenté par ses dessins réalisés sur le vif, typique du carnet de voyage. Désormais, Gaétan Nocq s’engage sur les chemins de la narration et transforme le roman graphique en témoignage.
La parole est donnée à…
Gaétan Nocq : « Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est la force du témoignage d’un point de vue humain et individuel : l’articulation des petites et grandes histoires », « Ce qui est intéressant, c’est de faire ressortir la mémoire de toutes ces populations, qui rendent compte de l’histoire de l’Humanité », « Ici le travail de la couleur et du détail prend tout son sens. Morceaux de parpaing, tiges de fer ou encore petits cailloux permettent de créer un dialogue entre l’image, la ligne, la couleur, le texte et les mots. Ces indices, ces traces prennent une valeur symbolique ».
Carole Delga : « L’artiste met ici en perspective son roman graphique Le Rapport W, passionnant récit historique sur l’infiltration du polonais Witold Pilecki dans le camp de concentration d’Auschwitz, et son travail de résidence, livrant un nouveau point de vue sur le camp de Rivesaltes ».
À noter que cette exposition s’inscrit également dans le cadre des 80 ans du départ du dernier convoi de déportation des Juifs, le 20 octobre 1942, du camp de Rivesaltes vers Auschwitz-Birkenau.
Hermeline Malherbe : « Au travers de cette précieuse exposition et au concours de Gaétan Nocq dont je salue l’engagement, le Mémorial poursuit son action entre passé et présent, entre mémoire et transmission, sensibilisation de tou.te.s et attachement aux valeurs humanistes qui sont à l’origine de son ouverture et de la mobilisation de ses équipes, son conseil d’administration et son conseil scientifique. »
- Fêtes de fin d’année : Ces associations des Pyrénées-Orientales se mobilisent pour les personnes isolées - 9 décembre 2024
- Près de Perpignan, offrez une boîte à cadeaux aux sans-abri pour Noël - 5 décembre 2024
- Près de Perpignan, cette forteresse aux accents espagnols convoitée par deux royaumes - 28 novembre 2024