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Josep Bartolí investit le Mémorial du Camp de Rivesaltes pour un an

Pour la Une : Josep Bartoli « Silencí » 1982 Peinture sur toile 60 x 46 cm Collection Centre Culturel de Terrassa Crédit photo : © Jordi Canyameres

Article mis à jour le 10 mars 2023 à 14:08

Du 23 septembre 2021, et pout toute une année, le Mémorial du Camp de Rivesaltes mettra à l’honneur Josep Bartolí à travers une exposition intitulée « Les couleurs de l’exil ». Avec plus de 150 œuvres réunies, cette exposition mettra en avant l’exil, les engagements et les combats de ce dessinateur et caricaturiste qui n’a pas hésité à utiliser les armes pour défendre la République. Photo de Une : Josep Bartoli « Silencí » 1982 ; Peinture sur toile 60 x 46 cm Collection Centre Culturel de Terrassa. Crédit photo : © Jordi Canyameres

♦ Une exposition après un film

Cette exposition fait suite à Josep réalisé par Aurel et sorti en salles l’année dernière. Ce film, ayant reçu le soutien du Mémorial et de la Région Occitanie, a obtenu le César du meilleur d’animation en 2021. Il relate la vie de Josep Bartolí ; un homme à la fois combattant antifranquiste et artiste d’exception. Lors d’une interview réalisée l’an dernier, le dessinateur Aurel nous confiait avoir accédé à l’histoire de la Retirada à travers le dessin de Josep Bartolí. Pour les deux hommes, le crayon reste une arme et le dessin un moyen d’expression.

Josep Bartoli 1974 © Collection Bartoli D.R.
Josep Bartoli 1974 © Collection Bartoli D.R.

Une histoire de camps en camps.

Fervent défenseur de la République Josep Bartolí a connu l’incarcération à plusieurs reprises. Après s’être exilé en France pendant deux ans, le dessinateur sera interné dans sept camps différents ; dont ceux de Saint-Cyprien et de Perpignan. Il profite de cette période pour se mettre à dessiner l’exil, les camps et la guerre, sans utiliser de couleur.

Pourtant, ces illustrations politiques comportent de nombreux détails et font office de critique du pouvoir, de la religion et de l’Etat. Pour lui, le dessin est une « œuvre de résistance ». Avec cette exposition au Mémorial du Camp de Rivesaltes, la boucle semble donc bouclée.

Une vie marquée par les rencontres.

Josep Bartolí a également construit sa vie d’artiste à travers différentes rencontres. Narcís Molins Fabrega l’aidera à publier son ouvrage Campos de concentración 1939-194… en 1944. Ce recueil de dessins est un véritable témoignage de sa vie dans les camps. Au Mexique après son évasion, Josep Bartolí y rencontre Diego Riviera et deviendra l’amant de Frida Kahlo. Une période où le réfugié espagnol commencera à utiliser la couleur pour ses dessins.

Bartolí s’installera ensuite à New York et fait la connaissance de Rothko, Jackson Pollock, Kline et De Kooning. Il dessinera dans la revue Holiday Magazine et dans le supplément reporter du Saturday Evening Post.

♦ La vie d’exil de l’artiste en une exposition

L’exposition du Mémorial de Camp de Rivesaltes retrace la vie d’exilé de l’artiste ; depuis son départ de Barcelone en 1939 jusqu’à sa mort aux Etats-Unis en 1995. Ses dessins montrent la guerre, la place des femmes, la lutte pour les droits civiques ou encore les dérives du capitalisme. Josep Bartolí cherchait à travers le dessin une aide pour retranscrire les injustices dont il était à la fois victime et témoin.

La première partie de l’exposition est consacrée à la vie dans les camps. Dès 1939, comme presque tous les réfugiés Républicains espagnols en France, Bartolí sera enfermé dans plusieurs camps d’internement en France. Il y connaîtra les humiliations ainsi que les souffrances morales et physiques. Avec ces premiers dessins réalisés in situ, l’artiste créé un nouveau genre : le reportage graphique.

Comme tous les artistes espagnols, Bartolí a souhaité représenter la tauromachie. Pour cela, il a notamment utilisé la peinture, la gravure et le dessin. Mais, comme à son habitude, l’artiste a profité de son art pour dénoncer le machisme et le mercantilisme qui y sont liés. Bartolí a également consacré plusieurs de ses œuvres aux femmes ; celles qu’il a rencontrées au cours de sa vie, mais aussi celles pour qui il veut dénoncer le machisme de la société américaine et l’exploitation du corps.

En 1952, Bartolí s’essaye à la peinture. Cette nouvelle technique lui permet de traiter divers thèmes : la culture de masse, l’individu et la société. Dans les œuvres peintes, la couleur efface parfois le trait. L’artiste se plaît à mélanger la figuration et l’abstraction. Les portraits peints forment un trombinoscope d’humains.

♦ Une histoire de famille

L’exposition se conclut par une présentation plus intime de Bartolí dans laquelle il se révèle à travers des extraits vidéos et des photographies de famille.

George Bartolí, le commissaire de l’exposition, est le neveu de Josep. Ce dernier a choisi la photographie pour s’exprimer. Il a travaillé en tant que reporter photographe dans la presse quotidienne régionale puis nationale ainsi que pour de nombreux magazines. George a beaucoup œuvré pour que les dessins de son oncle soient valorisés.

Avec Laurence Garcia, il publie La Retirada : exode et exil des républicains d’Espagne ; un recueil de dessins réalisés par Josep lorsqu’il était dans les camps. C’est cet ouvrage qui donnera envie à Aurel de réaliser son film Josep.

Cette exposition au Mémorial du Camp de Rivesaltes n’aurait pas pu être présentée sans la donation de Bernice Bromberf, la veuve de l’artiste. Suite à la sortie du film Josep, elle a fait don de 270 œuvres dans le but de valoriser l’œuvre de son mari et de la partager avec le plus grand nombre.

Josep et Georges Bartoli 1992 plage de Saint-Cyprien © Collection Pastor/Bartoli
Josep et Georges Bartoli 1992 plage de Saint-Cyprien © Collection Pastor/Bartoli.

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Pauline Garnier