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«Mer Cat» Saint-Cyprien l L’invitation au voyage de Rafael Gray

«Mer Cat» Saint-Cyprien l L’invitation au voyage de Rafael Gray

Stations de métro à Paris, murs de New York, villages du Kerala ou encore baraques désolées du camp de Rivesaltes, Rafael Gray a fait du monde le canevas de ses œuvres. Rencontre avec un artiste pérégrin.

Si vous le rencontrez, dans les allées du Mer Cat, ou sur le front de mer, regard noyé dans l’immensité bleue, « punk » n’est peut-être pas le premier adjectif qui vous viendra à l’esprit. Rafael Gray, tout en retenue, s’exprime d’une voix douce, à mots comptés. Des mots qui décrivent une tout autre évidence. Il est né à Grenade, en Andalousie, de parents aux origines australiennes, russes et françaises. De son grand-père, cartographe australien, il a hérité un atlas, et une fascination pour les ailleurs. À croire que tout le prédestinait à devenir un voyageur, un explorateur, un aventurier en somme.

La rue comme moyen d’expression

Et l’aventure commence au début des années 1980, dans un Paris gagné par la mouvance punk et le graphisme rock. « J’étais étudiant aux Arts décoratifs, et on arpentait les galeries, parce que c’était là que s’exposait « l’art ». Je faisais partie d’un groupe, et pour nous, ce qui primait, c’était de montrer notre travail, de provoquer la rencontre avec les gens, le plus grand nombre. Alors, on a décidé d’aller coller nos peintures dans la rue ». C’est la naissance des Frères Ripoulin, du retapissage de stations de métro entières ou du recouvrement des panneaux publicitaires du quartier de l’Opéra. « On ne pensait pas street art, ce mot n’existait pas encore : on voulait utiliser les panneaux comme support d’expression, la rue comme moyen de s’adresser à tout le monde ».

L’expérience s’exporte à New York, et Rafael avec. Mais là encore, confronté à l’émergence du graffiti, l’artiste fait un pas de côté, et préfère peindre à même les murs. Hors cadre, sans étiquette, libre. Il quitte bientôt la rue pour explorer le monde.

« J’ai peint une carte du monde sur une toile, j’ai enlevé cette toile du châssis, et je l’ai envoyée voyager de main en main. Elle a fait le tour du monde, ça a donné une série d’images, de cartes postales. Et depuis quelque temps, je colle des cartes du monde dans la rue, et à ceux qui me demandent pourquoi, je réponds : pour que vous puissiez y projeter vos rêves ».

Triptyque bleu face à la mer

Les années ont passé, et les œuvres de Rafael Gray ont évolué. Les motifs ont remplacé les mappe-mondes, et la toile a laissé place au papier de soie. C’est pratique, le papier de soie : « On peut peindre dessus, en faire une boule qui tient dans la main, puis le déplier et le coller sur un mur ». Et ces papiers peints, on peut en croiser, pour ne parler que des Pyrénées-Orientales, sur une plage à Paulilles, à Perpignan pendant la procession de la Sanch, au camp de Rivesaltes, ou encore, cet été, sur les containers qui longent le Mer Cat. Trois rectangles bleus qui répètent l’idée d’un espace sans limites.

Sur les ondulations de la tôle, les formes baroques se délient en plis infinis, répondant aux vagues de la Méditerranée qui viennent mourir à leurs pieds, dans une parfaite imperfection. Comble de l’ironie, aujourd’hui, il n’est pas rare de retrouver du Rafael Gray dans les plus grandes galeries du globe, et même sur les vêtements d’une célèbre créatrice française. Mais lui, c’est encore sur les murs inattendus, surfaces lézardées, tortueuses et inégales, qu’il préfère encoller son art. Retapisser de beau la banalité du monde, un papier peint à la fois, si ça, ce n’est pas punk…

Article écrit en partenariat avec Mer Cat Saint-Cyprien.

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