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Musée Rigaud – L’art pour briser la différence et l’indifférence

Article mis à jour le 20 mai 2021 à 02:56

Dimanche 3 décembre, Jean-Pierre, Mireille, Catherine, Josy, Fabienne, Chris et Elsa, joueront les guides pour les visiteurs du musée Rigaud. Une visite singulière, car ils ont réussi à surmonter leurs troubles psychiques pour aller au devant d’inconnus, se plonger dans une oeuvre d’art et pouvoir transmettre son histoire à des visiteurs. « Un moyen de créer du lien entre l’art et les malades mais aussi pour le visiteur de porter un regard différent sur des maladies qui peuvent toucher chacun d’entre nous » nous confiait Anne Joulia coordinatrice de l’association « Les Mains Libres ». Une médiation culturelle, mais au delà, un échange, un lien dont l’oeuvre d’art devient le support, un prétexte à la rencontre de l’autre et de sa singularité.

♦ Etienne Terrus, Raoul Dufy, Louis Bausil ou Jan Brughel, un éventail d’oeuvres pour découvrir le musée autrement

Chacun des participants a choisi son tableau et écrit son texte de présentation. « Nous avons d’abord fait le tour le musée sans aucune explication, en silence, pour que chacun puisse choisir sans aucune influence ou intervention de notre part. Ils ont décidé quelle oeuvre ils voulaient traiter. Leurs choix ne sont pas anodins, leur parcours se superpose à l’histoire de l’oeuvre. Nous ne parlons pas de thérapeutique mais il y a une réelle confrontation à soit. Il s’agit d’un moyen de faire passer un message, un peu d’eux même » nous précise Anne. Le groupe s’est retrouvé durant 7 séances au Musée Rigaud, 7 séances pour apprendre l’histoire de l’oeuvre, de son auteur, mais aussi pour savoir comment se placer, comment parler à un public, comment transmettre son propos. Un moyen de s’ouvrir à l’autre, de sortir de sa maladie, une maladie qui parfois centre la personne sur elle-même ou sur son trouble, nous précisait Anne.

En écoutant Fabienne décrire l’oeuvre de Raoul Dufy, « La console » on apprend bien plus que l’histoire de l’oeuvre. On découvre un état d’esprit, celui de l’auteur et celui de Fabienne. « Quand je suis rentrée dans la salle Dufy, j’ai été saisie par cette toile, je croyais qu’elle avait été peinte ici, on dirait presque un reflet ». Fabienne citait Raoul Dufy, « La lumière c’est le reflet de la couleur », pour répondre à une de nos questions, avant de rapidement tourner les talons, intimidée par une conversation avec une inconnue.

♦ Jean Pierre a quant à lui choisi deux oeuvres, « La Plage d’Argeles » et le « Racou » respectivement de Louis Bausil et d’Etienne Terrus.

En l’écoutant, le visiteur se replonge dans cette mer cristalline, dans ces souvenirs d’enfance, une tranche de vie que les locaux pourront partager avec Jean Pierre.

Chris et Catherine ont choisi des peintres flamands, un tout autre univers nous attend dans cette salle avec ces deux jeunes femmes. Une description quasi féministe d’une oeuvre représentant des femmes chasseresses. « Cela m’a intriguée de voir ces femmes à moitié nues courir dans la forêt après des daims, des cerfs. J’ai voulu en savoir plus et malheureusement avec cette oeuvre et ce peintre on n’en sait pas beaucoup plus. Car on n’a pas de traces, on n’a rien. Je suis restée un peu sans réponses, mais ça a permis à mon imagination de travailler ». La toile choisie par Chris est attribuée William van Herp peintre du 17ème siècle. Chris hésite avant de conclure la description de son peintre « Vous croyez que je lis mon poème ? », les autres de l’encourager, « mais bien sur ». Elle choisit donc de se lancer avec un extrait du poème « Les Phares » de Charles Baudelaire « Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse – Oreiller de chair fraîche où l’on ne peut aimer – Mais où la vie afflue et s’agite sans cesse – Comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer… » Et ses camarades de s’exclamer « Oui, c’est beau ! »

Un des objectifs de l’association est de pouvoir adapter ces ateliers à des handicaps mentaux tels que l’autisme mais aussi « à terme, nous souhaiterions peut être que le musée se saisisse de ces ateliers pour d’autres publics ». 

L’association a déjà mené ces ateliers de médiation culturelle en 2016 avec le musée de Céret et de Nîmes, pour écouter les visites guidées des participants de l’an dernier cliquez sur le lien « Ecoutons les »: « Des visites virtuelles sans frontière… »

// Les précédentes expositions du Musée Rigaud :

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