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Ces acteurs culturels majeurs créent le collectif Echo(s), pour rendre la culture plus durable dans les Pyrénées-Orientales

France, Prades, 2021-06-15. Illustration, Poster of the Pablo Casals Classical Music Festival . Photograph by Arnaud Le Vu / Hans Lucas.
France, Prades, 2021-06-15. Illustration, Affiche du festival de musique classique Pablo Casals . Photographie de Arnaud Le Vu / Hans Lucas.

Article mis à jour le 27 mars 2025 à 11:56

Ce n’est pas un manifeste, mais presque. À l’origine, une poignée d’organisations culturelles ont été invitées à participer à un dispositif d’accompagnement sur l’éco-responsabilité. À l’arrivée, la création d’un collectif inédit dans les Pyrénées-Orientales : Echo(s), né de la volonté de huit structures culturelles locales, organisatrices de onze festivals, de repenser ensemble leurs pratiques à l’aune des enjeux écologiques.

Leur charte commune, signée le 25 mars 2025, s’ouvre sur une formule limpide : « Conscients de l’urgence écologique et de notre impact sur le territoire… » Le ton est donné. Cette dynamique a émergé grâce à l’accompagnement du collectif Elemen’terre, structure régionale de référence dans la transition écologique du secteur culturel.

Echo(s), c’est une grappe de structures aux géométries variables, du mastodonte Visa pour l’image à l’émergent Court-Circuit 66, en passant par Jazzèbre, l’Institut Jean Vigo, le festival Pablo Casals, le collectif Agit’hé, Probedones d’Abaigt, organisateurs du festival 453, ou encore la Casa Musicale. Toutes rassemblées autour de principes partagés : mutualisation des moyens, solidarité, partage d’expériences, et, surtout, passage à l’action.

Premier cheval de bataille : la mobilité des publics

« Le déplacement des publics, c’est 70 % de l’empreinte carbone d’un festival, quel que soit son format », pose Manon Billaut, directrice de l’Institut Jean Vigo. Pour le collectif, le choix de faire de la mobilité l’axe central de la première année d’Echo(s) n’est pas une posture : c’est une nécessité. « La culture est le troisième motif de déplacement en France. On a une responsabilité », insiste-t-elle.

Dans un département où plus de 80 % des trajets domicile-travail se font en voiture individuelle – un chiffre au-dessus de la moyenne nationale –, repenser les flux n’a rien d’un exercice de style. « On ne va pas révolutionner les usages en une saison », admet la directrice. Mais le collectif s’est déjà attaqué à la question : adaptation des horaires de concerts aux transports disponibles, encouragement du vélo avec des associations comme Casa Bicicleta, covoiturage d’artistes et de bénévoles, réflexion sur les dessertes.

La force du nombre pour réinventer les règles

Le collectif ne cache pas sa volonté de faire levier pour faire bouger les lignes de la culture durable. « Isolément, nos structures n’ont pas forcément de poids face aux opérateurs de mobilité. Ensemble, on devient audibles », analyse Ségolène Alex, directrice de Jazzèbre. Le collectif a ainsi déjà entamé des échanges avec Sankeo, gestionnaire du réseau de transport de la métropole, mais aussi avec des interlocuteurs régionaux. « L’idée, c’est de poser sur la table des solutions concrètes : étendre les horaires, créer des navettes ponctuelles, mieux communiquer sur les alternatives à la voiture », reprend Rébecca Bouillou.

Cette capacité d’interpellation s’étend aux institutions : métropole, département, région. « Il faut qu’elles nous suivent, pas seulement dans les discours, mais dans l’opérationnel. »

La clé de la réussite : Embarquer les publics

Au-delà des logiques logistiques, c’est aussi un changement culturel qu’appelle de ses vœux Echo(s). « On ne veut pas rester entre professionnels. Il faut embarquer les publics avec nous », martèle Ségolène Alex. Pour cela, des dispositifs sont en déjà lancés, ou en gestation : stands d’information partagés sur les festivals, enquête sur les modes de déplacement des festivaliers, sensibilisation dès l’enfance, à travers les volets jeunes publics. « Un temps d’adaptation sera nécessaire » de la part des publics, admet Ségolène Alex.

Et si le chemin est long, le collectif a les idées claires : « Ce ne sont pas des promesses de papier. La charte engage. Elle appelle à mesurer, à corriger, à progresser. » À l’instar du logo du collectif — pensé pour économiser l’encre à l’impression, grâce à la police de caractère Ryman-Eco, accessible à tous — Echo(s) s’est voulu sobre mais pensé dans le détail. « On ne peut pas tout faire tout de suite, mais on peut poser les bonnes fondations », résume Rébecca Bouillou.

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