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À Perpignan, les infirmiers libéraux se mobilisent pour plus de reconnaissance

À Perpignan, les infirmiers libéraux se mobilisent pour plus de reconnaissance

Article mis à jour le 16 mars 2024 à 15:55

Mardi 19 mars 2024, les infirmiers libéraux des Pyrénées-Orientales organisent une opération de tractage au péage sud de Perpignan. Au cœur de leurs revendications, la revalorisation des tarifs des actes infirmiers et la dégradation de leurs conditions de travail.

Considérés comme le maillon essentiel de la médecine de ville, près de 400 infirmiers libéraux exercent à Perpignan. Selon l’Observatoire des territoires, ils étaient 1 435 praticiens, en 2020, dans les Pyrénées-Orientales. Partout en France, les opérations escargot et les tractages des blouses blanches se multiplient. Le collectif des Infirmiers Libéraux en Colère appelle à une grande journée de mobilisation, ce 19 mars 2024.

« Sur certains patients, je perds quatre euros par jour »

Si le Ségur de la santé a débloqué des fonds pour les hospitaliers en 2021, les infirmiers libéraux se considèrent comme « les grands oubliés ». Depuis 2009, et malgré l’inflation, la profession n’a constaté aucune revalorisation des actes infirmiers, voire même une baisse des forfaits pour les toilettes. Si les indemnités kilométriques pour les soins à domicile viennent d’être augmentées de 25 centimes, « cette somme est absolument ridicule », pour Melina, membre du collectif Infirmiers Libéraux en Colère. « Nos indemnités kilométriques sont fixées à 2,58 euros pour tout déplacement. À côté de ça, un médecin qui vient à domicile est payé 10 euros et un kiné est payé selon la pathologie du patient », s’insurge l’infirmière libérale.

Les journées de Mélina débutent à 6h du matin et s’achèvent parfois 11 heures plus tard. « Selon les distances parcourues entre chaque patient, on ne fait qu’allumer et éteindre le moteur. Cette indemnité ne compense absolument pas nos trajets ».  Pour réaliser une prise de sang, l’infirmière se déplace jusqu’au domicile du patient, puis jusqu’au laboratoire. « Il faut savoir que pour une prise de sang, j’apporte ma propre aiguille, j’apporte mes compresses et mon alcool, pour un acte qui va me revenir à 8,83 euros, y compris les frais de déplacement. Les prises de sang, elles sont de ma poche ! », gronde-t-elle.

Parmi les revendications portées par la profession, la revalorisation de tous les actes infirmiers isolés, et la possibilité de facturer des actes tels que l’aide à l’enfilage des bas de contention ou le contrôle de la pression artérielle. Des soins de base, réalisés régulièrement par les infirmiers. « Le gouvernement a baissé nos tarifs. Sur certains patients et selon les pathologies, je perds quatre euros par jour », souffle Mélina, qui délivre aussi des ordonnances sans pour autant pouvoir facturer la prestation.

Sans compter la complexité de la tarification, Mélina de citer le cas concret des toilettes des patients ; selon le degré de dépendance, l’ensemble des actes réalisés est tarifé entre 13 euros et 28,70 euros. Pour ce qui est des visites avec plusieurs actes, Mélina dénonce le principe même de devoir tarifer le 2e acte 50% et au-delà de travailler gratuitement. «Quand je vais chez le garagiste changer mes pneus, il ne me fait pas 50% sur le 2e et encore moins gratuit sur le 3e et 4e,» s’insurge l’infirmière.

Une profession en mal de reconnaissance

À 55 ans, Mélina se demande bien comment elle va tenir jusqu’à l’âge de la retraite. « Dans ce boulot, il y a une pénibilité physique mais aussi morale. Lorsqu’on est infirmier libéral, on est tout seul, on doit gérer le patient et éventuellement sa famille. Nous gérons la mort, la souffrance et une quantité de choses qui ne sont pas de notre ressort », énumère la soignante. « Dès fois, nos patients n’ont que nous. »

Selon les soins qu’elle prodigue, Mélina doit rester joignable 24h sur 24. Il n’est pas rare que l’infirmière se déplace en pleine nuit pour replacer une sonde. « C’est l’un des articles de notre profession, nous devons assurer la continuité des soins, 24h sur 24 », précise-t-elle. Alors que les conditions de travail des infirmiers libéraux se dégradent, dans un même temps, les burn-out explosent au sein de la profession.

En 25 ans de carrière, Mélina n’a jamais consulté un médecin du travail. « Comment voulez-vous qu’on soigne si on ne prend pas déjà soin de nous ? », interroge-t-elle. « Je ne connais aucun infirmier qui n’a pas mal au dos, nous portons des personnes, nous devons régulièrement nous baisser, j’ai les poignets bousillés », lâche l’infirmière, qui a le sentiment de ne pas être entendue.

Les infirmiers libéraux se mobilisent le 19 mars à Perpignan

« Il faut savoir que les infirmiers libéraux sont très compliqués à mobiliser. Nous avons chacun notre cabinet et on ne se connait pas forcément », explique-t-elle. « Ce n’est pas une profession qui manifeste ! On ne peut pas faire grève comme ça. Il faut qu’on puisse être remplacé. » Et pourtant, ce mardi 19 mars, les infirmiers libéraux ont décidé de se réunir pour se faire entendre. Une grosse opération de tractage est prévue, au péage sud de Perpignan.

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Célia Lespinasse