Jonathan Jorda a fait de sa passion son métier. À 34 ans, cet ancien commercial plaque tout pour devenir céramiste à son compte. Depuis un an, c’est à Pézilla-la-Rivière que l’artisan confectionne vases, vaisselle ou sculptures inspirées de ses nombreux voyages. Des pièces uniques à découvrir prochainement dans son atelier.
« L’outil numéro un du céramiste, ce sont ses mains », révèle Jonathan. Installé derrière son tour de potier, l’argile glisse sous ses doigts pour prendre peu à peu la forme d’un cylindre. Il y a un an, l’artisan se découvre un attrait pour la poterie lors d’un stage, à Perpignan. « J’ai suivi des cours et je me suis pris au jeu », si jusque-là Jonathan ne se connaissait pas de fibre artistique, cet essai fut une révélation pour le céramiste.
Vivre de sa passion : le pari fou de ce céramiste
Très vite, ces séances hebdomadaires ne suffisent plus à Jonathan qui décide d’acquérir un tour professionnel. « Je me suis entraîné sans relâche. J’amenais toutes mes pièces dans un magasin d’art créatif, à Elne, pour les faire cuire. » Un trajet périlleux pour les petites pièces encore crues et particulièrement fragiles. Au fil des mois, la passion du céramiste se concrétise et Jonathan décide de sauter le pas. « J’ai investi dans un four à hauteur de 7 000 euros. Six mois après mon premier cours, je me suis lancé en ouvrant mon entreprise, la Casa Jorda. »
Rançon du succès, Jonathan décroche sa première commande après avoir posté ses nouvelles créations sur Instagram. Séduite par le travail de l’artisan, une fleuriste lui achète 50 vases pour la fête des mères. « Je venais tout juste d’acquérir mon premier four », se remémore le céramiste, qui a dû essuyer de nombreuses casses pour se faire la main.
En effet, les loupés font partie du métier. Parfois, c’est toute la cuisson qu’il faut jeter à l’ouverture du four. Une simple bulle d’air présente dans la terre suffit à briser les sculptures. « C’est un métier assez complexe et on est souvent déçu. Maintenant, je ne m’attache plus aux pièces, j’ai pris du recul », reconnaît le céramiste.
Une vaisselle prisée des grands chefs
Dans son garage transformé en atelier, Jonathan tourne, cuit, émaille. L’argile arrive sous forme de bloc, qu’il bat et façonne. S’ensuit une phase de préséchage, avant de tourner ou de modeler ses vases, mugs, assiettes et autres contenants. Munis de ses ébauchoirs, mirettes et estèques, Jonathan laisse libre cours à sa créativité et façonne ses pièces. Il les cuit ensuite une première fois avant de les tremper dans des bains d’émail.
Pour admirer le fruit de son travail, il faut s’armer de patience. Comptez deux jours de cuisson rien que pour une pièce. « Grosso modo, il faut compter deux semaines pour réaliser une série », nous explique Jonathan. Dans son four, l’artisan peut placer jusqu’à dix assiettes. Au fil des mois, le céramiste a développé son propre style qui fait sa signature. « C’est vraiment cinq ou six métiers différents réunis en un seul », s’exclame Jonathan, qui ne se lasse pas de son quotidien.
Aujourd’hui, il réalise de la vaisselle prisée des toques blanches. « Je travaille avec des chefs sur l’art de la table. Ils ont un plat en tête qu’ils voudraient mettre à leur carte et je mets en valeur leur cuisine en créant une assiette », explique Jonathan qui pointe du doigt une rangée de prototypes disposés sur une étagère. « Je leur propose mes finitions, mes sculptures, mes couleurs, mes émeaux, mes formes… » Le céramiste collabore aussi avec la boutique de décoration Titelles, à Thuir. « Leur univers est très beau. C’est une boutique où j’aimerais vraiment exposer. »
Un artisanat ancestral devenu branché
Pour l’heure, Jonathan devrait bientôt aménager dans un tout nouvel atelier-boutique, où les particuliers pourront s’offrir ses créations. « Je voudrais donner des cours, je pense que les gens sont très friands et très demandeurs », affirme le céramiste. En effet, la céramique est devenue plus tendance que jamais. On prête des vertus anti-stress à la conception de cette jolie vaisselle en terre cuite ou en faïence. Une forme de méditation qui permet à l’esprit de divaguer, le temps d’une activité.
Petits et grands pourront alors s’initier à la poterie et, pourquoi pas, trouver leur vocation. Récemment, Jonathan a formé un jeune céramiste qui est parti tenter sa chance à Paris. « Cela ne me dérange pas de transmettre et de partager ma passion, cela me ferait plaisir d’apprendre un jour que Julien a ouvert son atelier. » En attendant, la fierté dans les yeux de ses proches est la plus belle récompense pour Jonathan.