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Pyrénées-Orientales : Cette artisane est la dernière à fabriquer des selles en cuir

Pyrénées-Orientales : Cette artisane est la dernière à fabriquer des selles en cuir

Article mis à jour le 26 février 2024 à 12:19

Installée depuis six ans à Bages, Emilie travaille le cuir dans son atelier de sellier-harnacheur. L’artisane confectionne des selles sur mesure et crée des articles de maroquinerie. Un savoir-faire unique dans les Pyrénées-Orientales. Photos © Célia Lespinasse

« C’est à la suite d’un accident d’équitation que je me suis tournée vers l’artisanat« , raconte Emilie. Très vite, la cavalière se découvre une passion pour la sellerie. C’est lors d’un stage qu’elle fait la rencontre d’un maître d’apprentissage. L’artisan lui propose de travailler avec lui, à la sellerie Baude, du côté de Romans-sur-Isère. Pendant deux ans, Emilie prépare un CAP en alternance auprès du sellier-harnacheur, avant de se perfectionner auprès de l’AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes).

Des selles et des articles de maroquinerie confectionnés à la main dans les Pyrénées-Orientales

Pendant sa formation, Emilie se présente au concours du meilleur apprenti de France. « J’ai obtenu la médaille d’or en départemental et l’argent en régional », se remémore la jeune femme. Chez Emilie, « l’Atelier des cuirs de Pyrène », tout est fait main. « Nous recevons les peaux tannées, nous les découpons et les assemblons », certifie la sellier-harnacheur. Aucun modèle n’est prédéfini, le sur-mesure est privilégié. La jeune femme est la seule artisane du département à restaurer et fabriquer des selles en cuir.

Si elle démarche les centres-équestre, c’est surtout grâce au bouche-à-oreille qu’Emilie s’est fait connaître. « C’est la principale difficulté de notre métier », avance-t-elle. « Les réseaux sociaux sont une vitrine pour montrer ce que l’on fait, mais notre clientèle ne vient majoritairement pas de là. C’est le bouche-à-oreille qui fonctionne le plus ! »

Pour une selle confectionnée sur mesure, comptez deux semaines de temps de fabrication. « Il faut avant tout se mettre d’accord avec le cavalier sur le modèle et les spécificités qu’il voudra sur sa selle. Il y aussi toute la prise de mesure du cheval, donc il y a une partie sur le terrain ! », sourit Emilie. De plus en plus de sellier-harnacheur adaptent l’ergonomie de leur matériel équestre pour garantir le confort du cheval. C’est le cas de l’artisane qui suit actuellement une formation. 

Une ergonomie de la selle repensée pour le confort du cheval

« Il n’y a pas si longtemps, c’était plutôt le confort du cavalier qui était privilégié et l’esthétique de l’objet. Désormais, on adapte chaque selle au cheval. » Un coût supplémentaire pour les cavaliers qui devront investir dans une selle qu’ils ne pourront pas réutiliser s’ils changent de monture.

À l’atelier des cuirs de Pyrène, le prix d’une selle atteint les 3 200 euros.

Aujourd’hui, l’artisane réalise surtout de la restauration sur le matériel équestre. Dans un coin de l’atelier, une pile de vieilles selles est entassée. L’artisane récupère aussi le cuir en bon état pour le recycler en articles de maroquinerie. Les deux grandes techniques emblématiques du sellier-harnacheur sont la coupe au couteau demi-lune et le point sellier à la main. Des gestes précis, notamment pour la couture effectuée à la main.

Ce qu’Emilie apprécie le plus dans son travail, c’est la diversité des ouvrages. « On ne fabrique jamais la même chose, on vit au jour le jour en fonction de ce que l’on nous amène en réparation à l’atelier. Hier, je travaillais sur une selle, aujourd’hui sur une ceinture. Demain, ce sera un tableau de bord pour une voiture de collection ! » Voir son client réceptionner l‘article de ses rêves, les yeux brillants, est une fierté pour la sellier-harancheur. 

Emilie utilise du fil de lin naturel, teinté selon le souhait du client. 

Pour l’artisane, travailler le cuir à la main se fait malheureusement de plus en plus rare. En effet, de nombreuses techniques ancestrales disparaissent avec le temps. « Beaucoup de personnes s’installent en autodidacte, sans avoir réellement les techniques de base », regrette Emilie. Aujourd’hui, si les formations de sellier-harnacheur sont peu nombreuses, certains passionnés n’hésitent pas à se former directement via des tutos sur les réseaux sociaux.

Casser le tabou de la transmission du métier de sellier-harnacheur

Dans l’atelier, chacun a son établi dédié. Alors qu’Emilie s’attelle à la conception d’une ceinture. Faustine restaure une selle. Depuis deux ans, elle est apprentie au sein de l’Atelier des cuirs de Pyrène. « J’effectuais un bac pro dans la conduite et gestion d’entreprise hippique », raconte-t-elle. Lassée du travail dans les écuries, elle rencontre un ferronnier d’art qui lui fait découvrir sa passion pour le cuir. Une révélation pour la jeune femme. « Nous avions fait un après-midi découverte dans ses ateliers. Je me suis dit pourquoi ne pas allier ma passion pour l’équitation et le travail du cuir ! » 

L’outil emblématique du sellier-harnacheur est le couteau demi-lune.

« Pour moi, la transmission est essentielle. Beaucoup d’anciens selliers-harnacheurs partent à la retraite avec leur secret de fabrication. La transmission ne m’a jamais gênée, je voulais un peu casser ce tabou », confie Emilie. « Nous avons tous une esthétique de travail différente. » Une jolie manière pour l’artisane de transmettre sa passion pour le cuir et l’équitation.

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Célia Lespinasse