Article mis à jour le 22 avril 2024 à 20:15
Fondé à l’automne 2020 à Perpignan, le prix littéraire Mare Nostrum prime quatre auteurs qui ont choisi d’écrire sur la Méditerranée. Chaque catégorie compte son propre jury composé de sept lecteurs, lectrices, auteurs, autrices et universitaires. Chacun a défendu ardemment son coup de cœur avant de s’accorder sur les quatre lauréats de 2023. Le Prix Mare Nostrum est doté d’une enveloppe de 12.000 € répartie en parts égales entre les lauréats.
Pour l’édition 2023, Jean-Jacques Bedu, le président du prix, a choisi d’organiser une cérémonie pour chacun des lauréats. En février 2024, Sylvie Anne Goldberg recevra le prix Mare Nostrum dans la catégorie «Histoire et géopolitique» pour son étude monumentale retraçant deux millénaires de présence juive en France. L’ouvrage «Histoire juive de France» est paru aux éditions Albin Michel.
Qui sont les lauréats du Prix Mare Nostrum 2023 ?
Jean-Jacques Bedu, lui-même essayiste a absolument tenu à la création de quatre catégories bien distinctes. «Moi-même je suis essayiste, je ne suis pas romancier. Et je pense que les essais ne sont pas assez valorisés.» Il y a ainsi deux catégories pour les romans, et deux pour les essais. Jean-Jacques Bedu a choisi de distinguer l’histoire de la spiritualité, qui sont deux matières bien distinctes. «Je crois que c’est notre méthode pour être les plus exhaustifs possible.»
Le Prix Mare Nostrum 2023 décerné au roman et au premier roman
Dans la catégorie «roman» à thématiques exclusivement méditerranéennes c’est l’Italien, Antonio Scurati qui reçoit le prix pour «M. Les derniers jours de l’Europe» publié aux Arènes. L’auteur y dissèque l’engrenage fatal ayant conduit Mussolini à entraîner son pays dans le chaos. Scurati excelle dans l’art de restituer le climat angoissant de l’Europe de 1938-1940, lorsque les démocraties européennes, fascinées par Hitler et Mussolini, basculent dans la logique mortifère du conflit mondial.
Aux éditions Plon, «L’Autre part» est le premier roman de Morgane Az. Elle reçoit le prix Mare Nostrum 2023 dédié aux auteurs et autrices de premiers romans sur la thématique de la Méditerranée. Dans cet ouvrage, l’auteure trace un habile va-et-vient entre le Tanger des années 1950 et celui d’aujourd’hui, elle tisse une intrigue à tiroirs, portée par une écriture poétique habitée par les non-dits. En filigrane, elle interroge la persistance du passé en nous et la part d’ombre que nous léguons à nos descendants.
Pour les essais de la catégorie «histoire et géopolitique» et «philosophie et spiritualité»
Le prix Mare Nostrum décerné au meilleur essai 2023 histoire et géopolitique est décerné à Sylvie Anne Goldberg pour «Histoire juive de France» paru aux éditions Albin Michel. Cette étude monumentale retraçant deux millénaires de présence juive en France a été réalisée par 150 universitaires de renom sous la direction de Sylvie Anne Goldberg. Le jury a été séduit par l’habile dosage entre érudition pointue et accessibilité. La grande force de l’ouvrage réside dans sa volonté d’inscrire la trajectoire des Juifs dans les contextes historiques globaux auxquels ils participèrent. Variant avec les focales du temps long à l’étude de cas particuliers, il révèle toute la complexité des relations entre la France et ses Juifs. C’est lors d’un événement organisé au Mémorial du Camp de Rivesaltes que l’auteure recevra son prix en février 2024.
Enfin, dans la catégorie essai philosophie et spiritualité, c’est l’ouvrage de Daniel Marguerat qui reçoit le prix 2023. «Paul de Tarse : l’enfant terrible du christianisme» aux éditions Le Seuil. S’appuyant sur les sources de façon rigoureuse, le théologien retrace le parcours de cet «enfant terrible» qui configura l’Église naissante. Fin stratège d’un universalisme chrétien, Paul est le premier à avoir harmonisé les apports des cultures grecque et hébraïque. Par la qualité de l’analyse et l’élégance de la plume, le jury salue cette biographie magistrale qui explore avec subtilité la pensée complexe de celui qui pressentit les défis actuels du christianisme.
Pourquoi avoir créé le Prix Mare Nostrum en 2020 ?
Longtemps vice-président du Centre méditerranéen de littérature et du Prix Méditerranée, en 2020, Jean-Jacques Bedu a souhaité lancer le Prix Mare Nostrum, grand Prix Méditerranéen de Littérature et de Spiritualité.
«Je crois que ces prix sont complémentaires. Le prix Méditerranée est un prix de consécration au riche palmarès. De mon côté, j’ai voulu concevoir un prix de découverte dédié à la thématique de la Méditerranée sans juger de l’origine de son auteur. Le prix comporte donc quatre catégories, couvrant ainsi une large partie du patrimoine culturel que nous avons tous en partage. La principale originalité réside dans le fait que nous ne distinguons pas les publications « françaises » et « étrangères » . En effet, selon notre Manifeste, le concept « d’étranger » n’existe pas.»
En 2021, le Prix Mare Nostrum a vu le couronnement dans la catégorie essais de l’ouvrage de la première femme imame en France, Kahina Bahloul pour «Mon Islam, ma liberté» chez Albin Michel. Dans la catégorie roman, le prix a été décerné à Giulia Caminito pour «Un jour viendra», chez Gallmeister.
En 2022, le Prix a fait le choix de créer quatre catégories. Ont été couronnés en Roman méditerranéen : Anaïs Llobet pour «Au Café de la ville perdue» aux Éditions de l’Observatoire. Dans la catégorie Premier Roman : Rebbeca Benhamou pour «Les habitués du temps suspendu» aux éditions Fayard. Dans la catégorie Histoire et Géopolitique, le professeur David Abulafia pour «La Grande mer. Une histoire de la Méditerranée et des Méditerranéens» aux éditions Les Belles Lettres. Enfin, dans la catégorie Philosophie et Spiritualité : Stéphanie Binder pour «Tertullien et moi» aux Éditions du Cerf.
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