Article mis à jour le 7 mai 2025 à 19:50
Qu’il est loin le temps où le train de la French Tech, au départ du Centre del Món, faisait l’unanimité avant de s’élancer vers Madrid avec, à son bord, investisseurs, startups, élus ou responsables de pépinières d’entreprises catalanes.
Laurent Gauze, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, n’a pas mâché ses mots dans un post LinkedIn publié le 6 mai. Il accuse le projet du Train French Tech, prévu du 18 au 20 juin prochain, d’être devenu une initiative « vidée de son sens », « sans vision » et devenue prétexte « à profiter de la noche madrilène ».
Un projet sans cap, selon Laurent Gauze
Laurent Gauze, qui fut en partie à l’origine de la labellisation French Tech de Perpignan, n’a pas caché sa colère sur le réseau social. Contacté par téléphone, il affirme avoir prévenu les équipes de la French Tech avant sa saillie publique.
« Je trouve que ce qui se fait n’est pas sérieux ». Selon lui, le projet initial du Train French Tech, pensé pour connecter Perpignan à des centres névralgiques tels que Madrid ou Barcelone, a perdu toute sa portée stratégique. Un peu dépité, Laurent Gauze aimerait avoir tort sur les propos partagés sur Linkedin, « mais les nombreux commentaires me confortent dans cette analyse. »
« On fait une action pour faire une action », déplore-t-il. Selon Laurent Gauze, en 2024, plusieurs personnes auraient déjà fait part de critiques à l’encontre du train de la French Tech Perpignan. « Les entreprises locales ont investi sans retour concret, les promesses n’ont pas été tenues ». Pour le président de la CCI, le problème est simple : sans une coordination avec les acteurs de l’innovation de Gérone, Barcelone ou Madrid et une réelle intégration des acteurs de la French Tech Toulouse et Montpellier, le train de la French Tech n’est qu’une opération de communication.
« Pour ma part, je monterai dans le train de la French Tech 2025 ! »
En poste depuis un mois seulement, Arthur Lemaire, nouveau président de la French Tech Perpignan, se retrouve déjà sous le feu des critiques. Contacté par Made In Perpignan, il a préféré reporter sa prise de parole à l’issue d’une réunion de bureau prévue ce 7 mai.
Mais en interne, les tensions sont palpables. Leïla Meistertzheim, fondatrice du Plastic Sea et vice-présidente de l’association a déjà claqué la porte. Un départ qui, selon certains témoignages recueillis par Made In Perpignan, serait lié à une mésentente sur la gouvernance.
Élue à la CCI et fondatrice du Blue tech show, elle nous confirme son départ. « Je suis partie parce que j’avais l’impression qu’on ne faisait pas assez en faveur des entreprises innovantes des Pyrénées-Orientales. »
Emmanuel Stern, ancien président de la French Tech Perpignan, a également exprimé son malaise : « On n’a jamais voulu que la French Tech devienne un club business où tout le monde vient faire du réseau sans réelle vision technologique ». Ceci étant dit, pour Emmanuel Stern, il reste nécessaire de soutenir ces jeunes et leur énergie durant cette période de crise. « Pour ma part, je monterai dans le train de la French Tech 2025 ! »
Selon Emmanuel Stern qui a souhaité recentrer ses activités autour de la Villa Duflot et du tourisme, c’est l’ensemble de la French Tech au niveau national qui souffre d’une mauvaise image dégradée.
Mais au fait, quel est le rôle et l’enjeu de la French Tech Perpignan ?
En 2023, la French Tech Perpignan avait réussi à renouveler son label. A l’époque, nous avions questionné Nicolas Gusse, à la tête de NTWU et membre du bureau de l’association. « La mission French Tech vise à identifier les écosystèmes et les dynamiques entrepreunariales. Le label est aussi là pour créer des synergies, fédérer et les acteurs entre eux. Quand on entreprend et qu’on est tout seul sur son projet, cela permet de rencontrer des gens qui sont dans la même dynamique. Parfois, on n’y croit plus trop et voir d’autres personnes, cela redonne de la motivation. C’est aussi un label fort en terme de communication au niveau national, mais aussi international.»
En clair, les entreprises du digital, innovantes, les jeunes pousses des Pyrénées-Orientales devraient pouvoir se reconnaître dans ce coq rouge de la French Tech. Mais malheureusement, deux ans plus tard après ce renouvellement, force est de constater que la French Tech Perpignan peine à trouver sa place dans le paysage économique pauvre en startups des Pyrénées-Orientales.
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