La cantine associative de la place Rigaud déménagera cet été pour s’installer dans de nouveaux locaux plus spacieux au coeur du quartier Saint-Matthieu.
L’association souhaite y développer de nouvelles activités et proposer aux habitants un café associatif en plus des repas à prix libre. Inauguration prévue en septembre prochain.
Le lieu est vaste et encore en chantier, mais l’excitation est palpable dans l’air
En ce mardi de juin, un buffet a été organisé par le collège de l’association Miam collectif pour présenter le nouveau local de la cantine solidaire, rue du quartier Saint-Matthieu, aux plus fidèles adhérents et bénévoles. Lors de la visite, la cuisine fait l’unanimité avec son puits de lumière et ses carreaux blancs, bien différente de celle de l’Atmosphère, le bar avec lequel la cantine partage ses actuels locaux. Une future cuisine optimisée, avec un espace de stockage agrandi, et une vaste salle commune pour servir les repas, toujours à prix libres et cuisinés à partir d’invendus de magasins bio et de denrées récupérées à droite à gauche chez des producteurs et maraîchers locaux.
Une trentaine de personnes grignotent et conversent autour de verres de jus. Dans ce nouvel espace, l’association a décidé de laisser libre cours à ses envies, et de voir grand. Deux salariés vont être recrutés pour tenir un bar/café les après-midi et quelques soirées, et pour gérer les événements du lieu. Autre nouveauté, l’organisation d’activités, initiées par les salariés ou les bénévoles. Et les idées ne manquent pas : un atelier conserverie tous les lundis, mais aussi un atelier journal de quartier, et des sessions jeux de société.
En ce jour de visite de chantier, l’émotion des membres de la cantine est palpable. Léa, cuisinière et salariée arrivée en janvier, a les yeux brillant et le sourire aux lèvres : « Je suis très émue, ça fait chaud au coeur de voir tous les bénévoles dans ce lieu. Ce sont elles et eux qui font vivre ce projet. Et voir que ce même projet touche autant de personnes, ça donne envie de continuer. » Félix, bientôt salarié, et qui s’occupera dès le mois de septembre d’animer la partie café, ajoute : « Ça donne beaucoup de motivation d’avoir un aperçu du local avec plein de monde dedans. » Il détaille à quoi ressemblera le futur Miam.
« Un lieu de vie à part entière, avec des livres et des jeux de société à disposition et un bar sans alcool à développer. On a envie de faire différent de ce qui se fait d’habitude et de mélanger tout le monde. »
Près du buffet, deux femmes assises discutent ensemble. Elles ne se connaissaient pas quelques minutes plus tôt
Hélène, venue d’Elne rejoindre des amis et « grignoter de bonnes choses », ne tarit pas d’éloge sur la cantine, et envisage même de commencer à y bénévoler en septembre. « C’est un lieu de convivialité. La démarche du projet m’intéresse beaucoup, le prix libre et les bons plats avec des produits bio. » Théo lui a sauté le pas. Ce fidèle adhérent qui mange régulièrement à la cantine a proposé ses services pour aider aux travaux. « J’investis dans mon quartier, ça me fait du bien. Ça permet aussi d’apprendre à bricoler, l’ambiance est chouette. »
À l’heure où de nombreuses associations du champ social manquent de bras bénévoles pour tenir, le Miam collectif fait office d’exception. Fondée en 2018 par deux passionnés de bonne cuisine bio et végétarienne, l’association ne cesse d’attirer de nouvelles personnes, et peut compter sur plus de soixante-dix bénévoles actifs. Forte de 3000 adhérents (il faut adhérer pour pouvoir manger), la cantine a réussi il y a peu à récolter plus de 21.000 € via un financement coopératif auprès de 350 participants pour financer le matériel et les travaux. L’achat du local, un peu plus de 60 000 €, a été réalisé grâce à des dons et prêts associatifs auprès de proches sympathisants du projet (dont fait partie l’autrice de ces lignes, ndlr). L’association est aussi soutenue par quelques institutions, et par quelques fondations, comme celle du Crédit coopératif qui lui a récemment remis un prix.
Situé en plein coeur de Saint-Matthieu, rue Petite la monnaie, le futur déménagement de l’association augure d’une dynamisation de ce quartier pauvre du centre de Perpignan. La future cantine, et désormais aussi futur café et bar associatif, sera voisine du tiers lieu culturel le Grabuge, du snack vegan 2VB et du nouveau restaurant La Permission… autant de nouveaux commerces qui ont ouvert récemment et témoignent de la vie gustative et culturelle de ce secteur délaissé.