Article mis à jour le 6 avril 2020 à 16:47
Samedi 4 avril, 19h50, la sirène du couvre-feu retentit dans les rues de Perpignan. Nous avons suivi un équipage de la police municipale en début de nuit. Durant ce laps de temps, Michaël et Gabriel* ont effectué près d’une trentaine de vérifications. À pied ou en voiture, la moitié des personnes contrôlées étaient en infraction. Absence d’attestation dérogatoire, motif futile pour sortir… Quand l’autre moitié était dehors pour motif professionnel : médecin du Samu, aide-soignant ou infirmière de retour de tournée, employé des pompes funèbres, ou cheminot en rythme 3/8.
Vous pouvez également parcourir le récit détaillé de cette nuit du 4 avril dans cet article.
♦ Ceux que vous ne respectez pas, ce sont ceux qui s’exposent, ce sont les soignants
20 heures, deux unités mobiles se postent à un carrefour pour la vérification des attestations dérogatoires.
Les 4 agents arrêtent tous les véhicules ; comme cette voiture avec plusieurs occupants déclarant venir de Pezilla-la-Rivière pour faire leurs achats près de la place Cassanyes. « Les commerces sont fermés messieurs ; ce sera 135 euros d’amende. Vous recevrez l’amende dans quelques jours chez vous ».
Un autre équipage avait décidé d’essayer une voiture en vue de son achat. « Mon frère veut me vendre la voiture chef, on est juste sortis pour l’essayer. Je sais qu’il ne faut pas sortir, il y a des haut-parleurs qui le disent, mais on n’est pas loin de la maison ».
♦ La cité des oiseaux, un lieu qui défraie régulièrement la chronique
« En temps normal, nous venons plusieurs fois par jour ; et ils sont 3 ou 4 dealers dans le bâtiment 11 ».
Ce soir, un seul individu est sur place, âgé d’une vingtaine d’années. Il est invité à décliner son identité et à vider le contenu de ses poches.
Bien organisé, le jeune homme montre une liasse de 11 billets de 20 euros, des briquets, et un flacon de gel hydroalcoolique. Le kit parfait du revendeur de produits stupéfiant en temps de crise sanitaire. Il écopera d’une amende en récidive.
♦ « Sur le plan épidémiologique, le confinement fait partie des éléments essentiels et indispensables au contrôle de l’épidémie »
« Surtout quand il s’agit d’une épidémie dans laquelle, il n’y a ni vaccin ni traitement », rappelle le docteur Hugues Aumaître responsable du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Perpignan.
Plusieurs fois, Michaël et Gabriel ont fait montre de pédagogie ; notamment avec cette dame âgée qui promenait son yorkshire à minuit. « Mais il est âgé, et il ne tiendra pas toute la nuit. C’est pour ça que je le promène ». Gabriel de répondre, « vous pouvez mettre une litière chez vous ; ça suffira pour un petit pissou ».
♦ Confinement et misère sociale, un cocktail à ne pas trop secouer
Michaël et Gabriel interpellent un monsieur au distributeur de billets. Ce dernier se montre immédiatement agressif : « Vous voulez quoi ? On est n’est pas en guerre ! Je vis dans une cage à poules sans fenêtres ; et justement je sors la nuit pour éviter de croiser du monde ».
À peine repartis sur le terrain, l’appel tombe sur la radio pour un individu couché au sol au milieu d’un boulevard.
Allongé sur le passage piéton, légèrement blessé, l’individu déclare venir de la Croix-Rouge ; mais aussi ne vouloir être pris en charge ni par les pompiers ni par l’hôpital. Il montre d’ailleurs 2 bracelets de ses récents passages au centre hospitalier de Perpignan. Gabriel tente d’appeler la maraude qui pourrait l’amener au centre ouvert 24h/24 pour les sans domiciles fixes. Refus de l’homme. N’étant pas en ivresse manifeste, tenant des propos cohérents, Michaël et Gabriel n’ont d’autre solution que de l’inviter à se déplacer vers un lieu moins dangereux que le milieu de la chaussée.
*Les prénoms ont été modifiés pour respecter l’anonymat des agents.
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