Article mis à jour le 17 juillet 2024 à 10:01
À quelques jours de la rentrée scolaire, les élèves ne sont peut-être pas les seuls à appréhender et à se poser des questions. Pauline effectuera sa première année en tant que professeure des écoles.
La trentenaire, pleinement motivée, sera en poste à l’école Hyacinthe Rigaud de Perpignan. Elle a accepté de répondre à nos questions et livre, sans filtre, ses impressions et ses inquiétudes.
Quel est votre parcours ?
J’ai fait des études de commerce international. J’ai été amenée à faire un Erasmus en Norvège et ma 3e année de licence en Slovaquie puis j’ai voulu arrêter le commerce. J’ai eu l’opportunité d’aller à Istanbul, en Turquie, pour enseigner le français. C’est là que j’ai constaté que l’enseignement me plaisait et que c’était fait pour moi. J’ai donc passé un diplôme pour enseigner le FLE (Français Langue Etrangère). J’ai travaillé dans un groupe scolaire canadien en Turquie pour enseigner le français à des élèves turcs, américains, canadiens, syriens, russes… Puis, je suis rentrée en France avec mon mari et ma fille et comme je ne pouvais pas être professeure de FLE mais que je voulais continuer dans l’enseignement auprès des enfants, je me suis redirigée vers le premier degré.
Était-ce une volonté d‘enseigner auprès de jeunes enfants ?
J’ai hésité à devenir professeure de français mais ce qui m’a convaincue c’est le fait de rester dans un département. Quand c’est pour le premier degré c’est un concours académique alors que quand c’est pour le collège ou le lycée, on peut être envoyé partout en France.
Une raison spécifique pour avoir choisi les Pyrénées-Orientales ?
Quand j’ai fait le choix de revenir en France, c’était pour être près de ma famille. Mes grands-parents, professeurs dans le secondaire, étaient de Perpignan mais ont été envoyés à côté de Reims. Ma mère a fait le choix de revenir dans le département il y a quelques années. Pour moi, c’était Perpignan ou pas la France.
Savez-vous comment cela va-t-il se passer ?
Normalement oui. Tout est en place mais il faut tenir compte des délais administratifs… Selon notre classement au concours, on peut choisir notre école. J’ai choisi la maternelle Rigaud au Moulin à Vent, c’est une classe de grande section. Je serai à 100 % sur cette classe car j’ai obtenu le master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation de la Formation).
J’ai choisi cette école car j’y avais déjà effectué un remplacement donc je connaissais un peu l’équipe et l’école. Ça me rassurait d’aller là. Les années suivantes, on peut être envoyé partout, donc je préférai choisir la proximité pour cette première année.
Début juillet, on m’a annoncé que j’aurai 21 élèves. Mais je sais qu’il y a beaucoup d’arrivées tardives au Moulin à Vent. C’était déjà le cas l’année dernière. C’est aussi le cas dans d’autres écoles du département parce qu’il y a un turnover conséquent. 21 élèves c’est très bien mais je sais que ça ne restera pas tel quel.
Comment avez-vous préparé votre rentrée en tant que professeure ?
J’ai passé tout l’été à préparer l’année avec cette classe. Cela prend énormément de temps car, quand on débute on n’a rien de prêt, et puis on s’éparpille, on a envie de faire plein de choses à la fois et cela prend du temps et beaucoup d’énergie.
Quand on est prof, on y pense tout le temps. On réfléchit à tous les petits ateliers qu’on peut proposer aux élèves, aux activités artistiques. Toute la vie est centrée autour de la profession. En tant que prof, j’ai l’impression qu’on ne coupe jamais. Mais je suis déjà habituée à cette charge mentale, car je travaillais 45h par semaine quand j’étais en Turquie.
Bénéficiez-vous d’un accompagnement en tant que jeune diplômée ?
C’est un peu compliqué avec les vacances… J’ai une tutrice qui va me suivre tout au long de l’année, viendra m’évaluer et voir si j’ai besoin d’aide. J’ai pris contact avec elle et je dois la voir la semaine prochaine puisque, toute la semaine prochaine, on aura des réunions et des formations.
Quand je vois mes collègues qui sortent d’un cursus standard et qui n’ont pas eu cette chance d’être contractante-alternante l’année dernière, le stress est beaucoup plus fort. Ça sera leur première fois en autonomie devant des élèves, à devoir gérer une classe.
Même si on a été préparé pendant deux ans à ce métier, il y a quand même encore des choses qui ne nous ont pas été enseignées correctement. Des choses pourtant basiques : comment organiser son année, créer un emploi du temps, créer une programmation… Tout cela, on va l’apprendre sur le tas.
Donc c’est plutôt à vous de vous préparer ?
Oui ! Dans cette formation, on a été nombreux à se rendre compte que le travail devait venir de nous. La préparation n’était pas toujours adéquate. C’est malheureux mais j’ai trouvé qu’on n’était peu soudés. C’était beaucoup de « chacun pour soi ». Il n’y a pas eu une unité au sein de la promo. Je trouve cela dommage.
Des inquiétudes ou des angoisses pour cette première rentrée ?
Oui mais j’ai eu la chance d’être contractante-alternante l’année dernière. Les contractants-alternants sont à la fac mais sont dans une classe tous les lundis. Moi j’avais déjà une classe de maternelle (petite et moyenne section) à l’école Vertefeuille du Moulin à Vent de Perpignan. On avait aussi deux périodes de remplacement. J’ai déjà cette expérience d’être seule devant une classe, plus l’expérience de mon enseignement en Turquie mais cela reste stressant. On ne connaît pas encore vraiment les collègues, on ne connaît pas les élèves, on ne connaît pas les parents. On ne sait pas si on va dans la bonne direction. On veut que tout soit prêt et que tout soit parfait et en même temps ce n’est pas forcément possible.
Un souhait pour cette première année scolaire en tant que professeure des écoles ?
Que mes élèves aient envie de venir à l’école chaque matin. C’est vraiment ce que je souhaite et, pour moi, le but de la maternelle c’est de donner envie aux élèves de venir à l’école.
Des idées pour savoir comment faire ?
Ce que j’aime faire avec mes élèves, c’est partir de leurs centres d’intérêt, s’intéresser à eux, à leur vie en dehors de l’école, pour créer des ateliers, choisir des albums de jeunesse. J’ai envie de mettre en place des ateliers d’éveil à la diversité linguistique. J’ai également regardé pour faire classe dehors, une fois par mois. Regarder ce qu’il y a autour de nous, connaître le monde du vivant, voir l’évolution de la nature… J’ai aussi envie de préparer et animer des ateliers philo. Laisser les élèves échanger autour d’une question et les amener à réfléchir et à penser par eux-mêmes et à respecter les autres.
Un deuxième souhait ?
J’aimerais que tout ce que je souhaite mettre en place puisse l’être. Que tout se passe bien et que mes élèves évoluent dans un climat positif, qu’ils prennent confiance en eux. C’est important de donner les mêmes chances à chaque élève, de considérer tout le monde sur un pied d’égalité, de ne pas les mettre dans une case. Les élèves peuvent évoluer, il faut respecter leur rythme.
Quel serait le « mot de la fin » ?
Je souhaite à tous les professeurs des écoles stagiaires d’avoir une année épanouissante et moins stressante que l’année que l’on vient tous de subir, avec le concours. Je souhaite que cela se passe bien pour tout le monde.
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