Article mis à jour le 3 avril 2023 à 06:30
Du whisky catalan, mais aussi toutes sortes d’eau-de-vie : depuis quelques années, James, vigneron du Domaine Cau Eden à Calce, s’essaye à la distillation.
Avec un certain succès puisque ses alcools sont distribués dans plusieurs restaurants de la région. Une manière aussi pour lui de s’adapter à la sécheresse en diversifiant sa production. Photo © Domaine Eau Eden.
« Le vin, c’est la culture, la tradition. Les alcools, c’est de la magie… un métier différent. »
La distillation a toujours passionné James. « Dans ma jeunesse au Royaume-Uni, j’ai un peu travaillé là-dedans. Et en 2019 j’ai eu l’opportunité de monter ma propre distillerie. J’ai trouvé un alambic. Je ne veux pas singer les recettes qu’on trouve dans le commerce, l’idée c’est de reproduire des recettes ancestrales. » Le vigneron, installé depuis près de quinze ans, a commencé par du whisky, enfin du « poitin » plus précisément, un terme gaélique pour désigner le whisky en devenir qui n’a pas encore atteint ses années de maturité. Mais aussi de l’eau-de-vie d’abricot, « avec des abricots du pays. »
James tente de fonctionner en circuit court et d’utiliser les produits les plus locaux possibles. « J’ai des terres où l’orge pousse, pour le blé et l’avoine je les achète localement. Et je fais moi-même mon malt, ça apporte une complexité au produit qu’on n’a pas dans les produits industriels. » Les céréales ne sont pas bouillies mais travaillées vivantes, « pour faire de la fermentation spontanée ». Le vigneron ne compte pas s’arrêter là. Il s’est aussi lancé dans la production de gin et souhaite aussi à terme proposer de la vodka. « Je ne l’ai jamais fait, mais j’ai vu faire… C’est toujours intéressant et passionnant d’essayer soi-même. »
Et pour l’instant, ses alcools trouvent preneurs : « j’ai fait un salon à Ille-sur-Têt la dernière fois, j’ai vendu plus de whisky que de vins. Ça valide mes espérances ». Un restaurant de Narbonne lui en a aussi pris plusieurs bouteilles.
Une aubaine pour ce viticulteur qui souffre de la sécheresse.
Les rendements de ses cinq hectares de vigne sont en baisse. « Le vin, ça devient compliqué en termes de volume. Les vignes souffrent. L’année dernière, j’ai eu trois départs de feu chez moi et j’ai perdu des vignes. Les alcools, ça me permet de pallier ce manque aussi. » Sa nouvelle activité a été validée par l’administration.
James continue de s’adapter au changement climatique. Il compte réduire ses portions de vignes pour passer à de la culture plus céréalière. Pour le gin, il a aussi planté des genévriers. « C’est increvable, ça tient dans les endroits secs et ça vit 150 ans. Je plante aussi pour les autres qui vont suivre… »