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Pyrénées-Orientales | Une alerte renforcée sécheresse partie pour durer

Secheresse d un cours d eau des Pyrenees-Orientales

Article mis à jour le 12 avril 2023 à 08:25

Hier matin, un nouveau comité sécheresse s’est réuni à la préfecture des Pyrénées-Orientales « pour actualiser l’analyse de la situation et, le cas échéant, ajuster les dispositions. »

Les Pyrénées-Orientales sont l’un des départements les plus impactés par la sécheresse hivernale que traverse la France. Placé en alerte renforcée (avant-dernier niveau), le département est sous restriction dans l’usage et le prélèvement en eau. Une décision du préfet de Perpignan, qui a été prolongée et renforcée depuis l’été 2022, et ce jusqu’au 30 avril.

Le Préfet Rodrigue Furcy semble bien parti pour maintenir les restrictions et multiplier les contrôles dans les Pyrénées-Orientales.

Alors que les décisions finales se prendront ce mercredi 22 mars et seront communiquées en fin d’après-midi par Rodrigue Furcy, le comité sécheresse tenu hier à la préfecture de Perpignan, semble s’être déjà accordé sur le maintien du niveau d’alerte renforcée, et des restrictions à l’identique.

Pas d’aggravation du statut en vue, ou des obligations, mais ce sont les contrôles qui risquent d’être plus nombreux ; tout comme la sensibilisation, et une application plus sérieuse des mesures de la part des collectivités. Un nouveau comité doit se réunir courant avril.

Une chose est sûre : l’alerte ne sera pas levée avant le 30 avril s’il ne pleut pas davantage. « Pour rattraper une situation normale, il faudrait qu’il pleuve quinze fois plus que samedi dernier », partage un expert local. En attendant, pour ces quinze prochains jours, Perpignan et sa région affichent grand soleil et des journées dépassant les 20 degrés, selon les prévisions Météo France.

Alain Halma, directeur général adjoint de la Chambre départementale d’agriculture, était présent au comité d’hier matin, et en compagnie de nombreux acteurs de l’agriculture locale.

Il partage : « La situation de la sécheresse nous a été présentée de façon très précise et factuelle pendant trois quarts d’heure. Puis nous avons écouté les propositions de la préfecture, avant qu’on mette en avant les besoins agricoles essentiels et à préserver. Un débat s’en est suivi en ce sens. C’était une réunion très studieuse. »

Alain Halma rappelle que ces prochains jours, « les besoins agricoles en eau vont augmenter ; avec la floraison et les pousses végétatives du printemps. On n’a jamais eu une situation aussi compliquée en mars. »

Le secteur agricole fait des efforts d’économie d’eau. Mais parfois, il subit littéralement et directement l’absence de cette ressource vitale : « Les restrictions obligent les agriculteurs à réduire de 25% minimum l’irrigation. Ce sera le cas tant que la situation ne s’améliore pas. Au maximum, ils réduisent de moitié leur irrigation comparée à la normale. Or, il arrive qu’il n’y ait pas suffisamment d’eau dans les canaux d’irrigation et via les rivières. Lorsque leur niveau est très bas, on ne peut pas prélever, pour respecter le débit minimal ; par conséquent, certains agriculteurs irriguent parfois sous les 50%, en termes de quantité d’eau ».

Le directeur général adjoint de la Chambre d’agriculture poursuit : « Les débats d’hier matin à la préfecture se sont beaucoup portés là-dessus. Ce sont des décisions très difficiles. Il faut faire en sorte que les agriculteurs puissent encore irriguer. Et alors que l’état de remplissage de tous nos réservoirs est aujourd’hui très bas. »

Avant de conclure, sur un ton alarmiste : « On n’arrivera pas à avoir une situation correcte. Il y aura un impact cette année sur la production agricole. On risque de perdre des vergers. L’an dernier, sur certaines parcelles irriguées par des canaux, des maraîchers n’ont pas pu planter, car l’eau n’y arrivait pas. Ce sera le cas cette année encore. Il est possible d’avoir un grand taux de mortalité d’arbres et d’autres cultures grillées. »

Retour sur plusieurs mois d’inquiétude et de tensions sur le front de la sécheresse.

Le début d’année 2023 à Perpignan a été marqué par l’importante manifestation du 23 janvier en centre-ville. La mobilisation s’était organisée par différents acteurs économiques dépendants de l’eau, et élus, et en réaction à la décision du Tribunal de Montpellier donnant raison à la plainte de France Nature Environnement.

L’histoire remonte à 2017, lorsque Philippe Vignes, alors préfet de Perpignan, autorise les agriculteurs à prélever davantage d’eau dans le Têt. Le bureau Languedoc-Roussillon de l’Association conteste et obtient gain de cause ; une décision des juges qui s’appuie sur une étude l’Agence de l’Eau.

Depuis 2017, la préfecture a fixé un seuil minimal à 600 litres/seconde pour pouvoir faire des prélèvements agricoles. Le Tribunal demande à le relever à 1500 litres/seconde, dès ce printemps. Or, le 30 janvier, l’actuel préfet de Perpignan Rodrigue Furcy décide de faire appel contre la décision du Tribunal de Montpellier.

Un mot d’ordre selon le ministre Christophe Béchu : « Ne pas avoir la main qui tremble pour prendre des arrêtés ».

Le pays en est arrivé à un tel niveau de sécheresse que Christophe Béchu, ministre de la transition écologique, a dû convoquer tous les préfets de France – qui animent la politique de l’État en matière de gestion de l’eau – face à cette situation alarmante. Un mot d’ordre : « Ne pas avoir la main qui tremble pour prendre des arrêtés »a déclaré le ministre à l’AFP.

C’est ainsi que le préfet des Pyrénées-Orientales, Rodrigue Furcy, a décidé de prolonger et de renforcer les restrictions d’usage – en place depuis l’été dernier déjà – jusqu’au 30 avril. Le territoire est placé en « alerte renforcée »; l’avant-dernier niveau de gravité de sécheresse, avant celui de « crise ».

« Il s’agit d’un contexte exceptionnel : c’est la première fois que la situation est autant dégradée » – Nappes Roussillon

Sur son site internet nappes-roussillon.fr, le Syndicat mixte pour la protection et la gestion des nappes de la plaine du Roussillon déclarait le 15 janvier : « Il s’agit d’un contexte exceptionnel : c’est la première fois que la situation est autant dégradée. » Et le dernier bulletin de situation daté au 20 février n’est guère plus rassurant.

« Sur l’année hydrologique 2022-2023 (sept. 2022 -> aout 2023), il est tombé seulement 131 mm de précipitations, alors que la normale est de 348,5mm à Perpignan (station Météo France). Ainsi, le déficit est actuellement de 217,5 mm, soit -62,4%. Ce déficit vient se cumuler au déficit observé durant la fin de l’année hydrologique précédente. »

Entre-temps, maires et conseillers ont pris des dispositions de natures très diverses

Dans le sens de cette urgence censée concerner tout le monde, Nicolas Garcia (PCF) a pris les devants pour sa commune : le 7 mars, le maire a publié un arrêté municipal interdisant les nouvelles constructions de piscines, de puits et de forages privés. La décision de l’édile communiste d’Elne a fait parler d’elle, notamment dans différents journaux télévisés. Et il assume cette médiatisation.

« Effectivement, les piscines ne sont pas responsables de la sécheresse. Mais là, nous devons travailler dans l’urgence ; ainsi que sur l’image, et toute la symbolique qu’une piscine renvoie, en période de sécheresse extrême. (…) Ce n’est pas un débat philosophique sur les piscines : on demande des efforts de la part de tout le monde. Mon arrêté municipal me paraît raisonnable. »

Du côté de Perpignan, le viticulteur et conseiller municipal Georges Puig organisait samedi dernier une procession liturgique en l’honneur de Saint-Gaudérique dont les restes et la statue ont été portés au-dessus du fleuve de la Têt à sec. En d’autres termes : une prière de la pluie.

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Idhir Baha