Article mis à jour le 10 janvier 2022 à 12:07
La simple évocation du nom du géant américain hérisse le poil de certains élus locaux. L’article du 17 décembre dans le journal L’Indépendant sur l’arrivée possible d’Amazon dans les Pyrénées-Orientales a échauffé les esprits. Un sujet électrique qui a fait l’ouverture des débats du dernier conseil communautaire de 2020.
♦ Un terrain cédé pour une bouchée de pain ?
En ouverture du conseil, le président de la Communauté Urbaine, Robert Vila, cède la parole à Laurent Gauze, vice-président en charge du foncier des entreprises ; ce dernier rectifiant ce qu’il qualifie « d’inexactitudes » diffusées dans l’article du journal.
Selon L’Indépendant, la Communauté Urbaine de Perpignan aurait vendu un terrain de 5,5 hectares pour l’installation d’un dépôt Amazon. Le journal citant « un amer élu » à propos du prix de la vente du terrain « sous-évalué pour une multinationale de l’envergure d’Amazon ». Laurent Gauze précise « cela concerne Rivesaltes et l’espace entreprise. Vendredi dernier, on a passé en délibération de bureau la vente d’un terrain 5,5 hectares pour 35€ le M2 ».
L’élu précise alors que ce prix est bien au-dessus de ce qui se pratiquait jusque-là ; à savoir 20 ou 22€ le M2 depuis la création de l’espace foncier. Laurent Gauze rappelle également que l’acheteur du terrain est une société toulousaine spécialisée dans la logistique dite « du dernier kilomètre* ».
« Il a été annoncé le nom d’une entreprise américaine dont le nom commence par A. Il est vrai que l’entreprise qui achète a cette spécificité logistique. Mais de là à ce que je vous confirme que cette entreprise A s’installe sur le département, je ne peux pas. Parce que rien n’est signé ».
♦ A comme Amazon ou comme Antéchrist ?
Laurent Gauze en prenant bien soin de ne pas prononcer le nom d’Amazon ; entreprise particulièrement décriée notamment depuis le début de la pandémie. Une pandémie qui a fortement bénéficié au chiffre d’affaires du géant américain de la vente en ligne.
Selon Laurent Gauze, la société avait le choix entre « s’installer un peu plus sur le Nord, dans un autre département, un peu plus sur le Sud dans un autre Pays. […] Et je pense qu’on ne peut que s’en féliciter parce que cela va créer 100 emplois directs ». Avant de conclure son intervention en tentant d’apaiser la polémique « pour moi, c’est un non-événement ou plutôt un bon événement ».
Le Maire communiste de Cabestany de rétorquer « Au lieu du A, il vaudrait mieux dire qui c’est. On parle bien de Amazon ! Si c’est Amazon qui va créer 150 emplois, il va en détruire 450 dans le département. À un moment donné, il faut faire un choix ». Laurent Gauze, visiblement agacé rétorque, « Il n’y a rien de signé, c’est peut-être Amazon ; mais le A de Amazon, n’est pas le A d’Alquaida !
Pour Laurent Gauze, ce n’est pas à cause des entrepôts que le client décide d’acheter chez Amazon. C’est le consommateur qui veut « cliquer et avoir ». Amazon ne fait que répondre à cette volonté en adaptant son offre commerciale et marketing pour réduire le temps entre les dépôts et le client final. « Pour que, quand le client clique à minuit, il puisse avoir son colis à 8h du matin » précise Laurent Gauze.
♦ Robert Vila accuse L’Indépendant de « pactiser » avec l’ennemi andorran
Pour Robert Vila, président de Perpignan-Méditerranée de reprendre la parole : « Le consommateur qu’il soit de notre département, de l’Aude, ou du Sud, a déjà fait l’action d’achat. Ce potentiel d’achat pour nos commerçants locaux nous a déjà échappé, on ne le récupérera pas. Le fait de pouvoir implanter une entreprise de logistique qui va distribuer ce colis, nous permet de récupérer une partie de cette transaction ».
Visiblement très en colère après L’Indépendant, Robert Vila poursuit : « Par contre, quand L’Indépendant qui vit de la vente de ses journaux auprès des habitants de ce territoire, de la publicité des entreprises de ce territoire, des annonces légales de ce territoire se permet de faire la publicité pour que le pouvoir d’achat de ce territoire aille en Andorre, c’est intolérable ; et moi je suis insurgé par rapport à ça ! »
En cause ? Une publicité des commerçants de la principauté d’Andorre dans le journal. Robert Vila d’ajouter qu’il allait lancer une pétition en ligne contre cette publicité qui, selon lui, influence l’acheteur qui n’a pas encore pris la décision d’achat.
Pour rappel, les journaux proposant des encarts publicitaires le font via une régie publicitaire ; et donc une société dissociée de la ligne éditoriale du journal. Un principe censé garantir aux journalistes leur indépendance et l’absence de pression de la part des annonceurs ; aussi bien pour les publicités que pour les publirédactionnels type « le marché de Noël du Barcarès » ou « le commerce local par PMM ».
*La logistique du dernier kilomètre désigne le dernier maillon de la chaîne distribution, lorsque le colis passe du transport de marchandises en gros volumes à la livraison au client final.
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