La Banque de France et la Chambre de Commerce et d’Industrie ont rendu publics les chiffres 2019 de l’économie départementale. Signe du poids du secteur touristique, la Présidente du Conseil Départemental a également présenté le bilan de la fréquentation touristique de 2019. Une annonce concomitante à la publication nationale du taux de chômage qui place le département des Pyrénées-Orientales en 96e position avec 14 % de chômage, contre 10% à la Région et 8,1% au niveau national.
♦ Le bilan économique 2019 par la Banque de France des Pyrénées-Orientales
Directrice de la Banque de France des Pyrénées-Orientales, Aurore Markiewicz rappelait « la bonne résistance » de l’économie française en 2019. Quant aux entreprises de la Région, elles ont connu une augmentation soutenue de leur chiffre d’affaires. Selon la Banque de France, les entrepreneurs prévoient pour 2020 un « ralentissement de la croissance de leur activité. »
En effet, pour 2020, la hausse du chiffre d’affaires s’annonce bien inférieure à celle de 2019. Mais, pondère Aurore Markiewicz, « on ne peut pas dire que ce sera mauvais. Mais la croissance sera plus faible. En 2019, on a eu une bonne année sur l’ensemble des domaines, qui s’est moins bien répercutée sur les effectifs. Tous les secteurs ont vu une croissance de leur chiffre d’affaires. En revanche, leurs effectifs n’ont pas augmenté autant que les chiffres d’affaires. Toutes les entreprises que nous avons interrogées nous déclarent que cela est lié à des difficultés de recrutement ».
Selon les chefs d’entreprise, l’année 2020 devrait être marquée par une croissance des chiffres d’affaires plus modérée. Les effectifs devraient continuer à progresser, mais à un rythme en léger repli. Les budgets d’investissements sont également revus à la baisse, en particulier dans les services marchands et la construction.
♦ Une progression soutenue en 2019 dans trois grands secteurs
L’activité industrielle s’inscrit en hausse sensible (chiffres d’affaires +4,1%). Le secteur des matériels de transports enregistre la croissance la plus forte (+6,1%). Certains secteurs affichent des performances supérieures à leurs anticipations de début d’année. C’est le cas des industries agroalimentaires (+4,8%) et de la fabrication d’équipements électriques, informatiques et autres équipements (+5,6%).
Idem pour la production du bâtiment et travaux publics en hausse significative de 5,2%. Le bâtiment voit sa production progresser de 5,8% et les travaux publics de 3,6%. Les entreprises de second œuvre tirent la croissance (+7,8%) alors que le gros œuvre est moins bien orienté (+2,5%). Pour 2020, les chefs d’entreprise anticipent une croissance de leurs chiffres d’affaires légèrement inférieure à 2019 dans les services (+4,6%), l’industrie (+2,6%), et le BTP (+2,4%).
L’économie du département a été très soutenue par le crédit. Sur les 5 dernières années, le total des encours de crédit a progressé de 32%. Un total bien plus élevé qu’au niveau national. Les crédits à l’habitat ont également connu une forte hausse en 2019 (+13%).
♦ La conjoncture économique vue par la CCI
Pour la Chambre de commerce et d’industrie des Pyrénées-Orientales, le vice-président Jean-Pierre Chiavola a pris la parole. « L’activité économique en 2019 est restée sur une pente favorable avec une reprise de la consommation et une progression des marges. Les professionnels ont retrouvé un certain optimisme dans leur secteur d’activité respectif. Ainsi que dans la rentabilité de leur entreprise ».
Parmi les secteurs clés, celui du bâtiment et des travaux publics a conforté son redressement. Et ce en dépit d’une concurrence toujours aussi vive pointe Jean-Pierre Chiavola. Léger bémol, les carnets de commandes tardent à se remplir au cours du 1er trimestre 2020 ; notamment en raison d’une baisse de la commande publique. En cause selon la CCI, la campagne municipale qui met un coup de frein aux chantiers publics municipaux.
Pour le vice-président, « après une année 2018 très difficile pour ces deux secteurs, l’activité semble avoir repris en 2019. Mais des inquiétudes demeurent sur la consommation au 1er trimestre 2020 en raison des mouvements de grève liés à la réforme des retraites. D’autre part, la durée de la fermeture de la RN116 aura un impact inévitable sur l’activité commerciale et touristique de ce début d’année 2020 dans le département [….] Mais pour la majorité, l’optimisme est revenu en 2019. À l’exception du secteur des services qui connaît encore une période de turbulences avec des demandes moins importantes et une concurrence toujours aussi forte ».
♦ Baisse de 2 à 3 points de la fréquentation touristique 2019 en Pyrénées-Orientales
L’année 2019 affiche des chiffres de fréquentation en recul par rapport à ceux de 2018. Hermeline Malherbe présidente du Conseil départemental et de l’Agence de Développement Touristique pondère ces chiffres. Car l’année de référence (2018) fut particulièrement bonne en termes de fréquentation.
Les mois de mai, juin, et juillet sont en retrait jusqu’au week-end du 26 juillet. La fréquentation du mois d’août est, quant à elle, restée soutenue selon les chiffres de l’ADT. Malgré une belle affluence liée au festival Visa pour l’Image, le mois de septembre est lui aussi en léger recul par rapport à septembre 2018.
Le dernier trimestre 2019 a été marqué par les manifestations contre le projet de retraite et la mobilisation dans le cadre de la crise catalane. Si l’on ajoute la fermeture de plus d’un mois de la ligne ferroviaire au niveau de Béziers, le dernier trimestre 2019 n’a pu compenser la baisse estivale du nombre de touristes dans le département.
♦ « Une conjoncture économique européenne et française difficile »
L’Agence de Développement Touristique explique la contre-performance estivale par “une conjoncture économique européenne et française difficile”. Mais aussi une bonne météo, au niveau national et européen, qui a favorisé la répartition des touristes sur toute la France.
La clientèle française est en légère en baisse, tout comme la clientèle étrangère. Hormis les Espagnols qui sont plus nombreux à visiter notre département. Toutefois, la clientèle de grande proximité (-de 200km) représente plus de la moitié des nuitées. Relire notre article sur le portrait-robot du tourisme selon l’ADT.
Globalement, le bilan n’est pas bon, autant en termes de fréquentation, que de panier moyen. En effet, les dépenses sont « en forte baisse », notamment dans la restauration, les commerces et les activités du type musée, activités sportives…
Le secteur littoral est en léger retrait, alors que la montagne est « en légère hausse ». Une hausse liée aux chutes de neige précoces qui ont amené la clientèle dans les stations en fin d’année. Pour 2020, les dommages sur la Route Nationale 116 sont un motif d’inquiétude pour les professionnels de la montagne. Même si pour le moment, selon Hermeline Malherbe, « les professionnels du tourisme affichent pour ce début de vacances d’hiver très peu d’annulations ».
Pour la présidente de l’ADT, « la saison 2020 se présente sous de bons auspices sous réserve de la réouverture de la RN116″.