Article mis à jour le 19 janvier 2023 à 17:32
Au-delà du respect des procédures, concertations, réunions publiques et autres arguments environnementaux, il n’en demeure pas moins que l’abattage d’arbres majestueux – quand ils ne sont pas centenaires – suscite toujours autant d’émotions chez les habitants des Pyrénées-Orientales. Les mails de lecteurs et communiqués de presse reçus ces dernières semaines témoignent du désarroi des riverains stupéfaits de voir débiter – dans le vacarme des tronçonneuses – ces arbres avec lesquels ils cohabitent. Au lendemain, du jour de la Terre, petit florilège des interpellations reçues de ces citoyens.
♦ Mi-janvier, les engins de chantier s’affairent autour de l’espace Jeantet-Violet à l’entrée de Perpignan.
Une rénovation de la place que déplore la Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement (FRENE66). « La prétendue réhabilitation a tout de suite commencé par la création d’un large parking le long de la place et vient de se poursuivre par l’abattage de tous les arbres existants. Même des arbres du Quai Bourdan, éloignés de la place, sont partis débités en bûches pour les cheminées. »
Les grands arbres faciliteraient le trafic de stupéfiants. L’argument est lancé pendant un des débats de la campagne des Municipales ; argument qui valu un trait d’humour noir sur l’agent orange employé au Vietnam pour la défoliation de la jungle. Et la fédération de rebondir sur le thème. « La « forêt urbaine » – qui a commencé par abattre des arbres parfaitement viables – n’est en fait qu’un large espace de dalles qui se croisent afin que les gens y passent le plus vite possible sous l’œil des caméras inquiètent qu’ils puissent s’y rencontrer et surtout y séjourner. »
♦ Des acacias par centaines, des acacias comme autrefois, je ne sais plus comment faire, les acacias ne sont plus là.
Au mois de mars, toujours à Perpignan, Lucien nous écrit pour exprimer « toute [sa] sidération devant la décision de réaménager l’axe Julien Panchot – Quai Nobel en arrachant les acacias qui le bordent. Je ne suis qu’un citoyen lambda qui ne possède pas de levier pour infléchir les décisions prises à un plus haut niveau ; mais je trouve regrettable ce manque de concertation au niveau local, celui qui devrait être le plus ouvert à la discussion. Ces arbres ont plus de 40 ans, ombragent les trottoirs et stationnements de l’avenue et lui donnent un charme désuet de rue de village.«
♦ Début avril, l’abattage de 16 grands pins avenue du Maréchal Leclerc à Argelès-sur-Mer met le feu au voisinage.
L’Association Argelès Nature Environnement monte au créneau ; fustigeant une décision « priorisant l’intérêt général sur quelques plaintes particulières ». « Il s’agit d’un alignement d’arbres patrimoniaux de grande taille et en parfait état sanitaire qui crée un espace de verdure et d’ombrage dans un espace très urbanisé. Certes la présence de ces arbres entraîne quelques désagréments : déformation de voirie, chute des aiguilles… qui sont utilisés pour justifier l’abattage. »
Pourtant une réunion publique a été organisée en novembre 2020 par la municipalité autour du thème des espaces verts. Mais force est de constater que le dialogue est difficile face à l’émotion que suscite l’arrivée des bûcherons. Certains membres de l’association environnementale d’Argelès ne décolèrent pas ; constatant l’abattage de chênes dans l’impasse du clos de la plage, une semaine seulement après « l’affaire des pins ».
♦ « Le domaine des chênes », un lotissement qui portera mal son nom
Dernier communiqué en date, pas plus tard qu’hier, celui de l’ASPAHR. L‘Association pour la sauvegarde du patrimoine artistique et historique roussillonnais condamne l’abattage – illégal selon leurs propos – des chênes situés rue Joseph-Coma. Ces arbres se situaient au bord du tracé du canal d’arrosage de Perpignan, le Rec de Las Canals ; un canal creusé au début du XIVe siècle.
« Il est scandaleux que pour lotir la dernière parcelle libre de ce quartier, autrefois en bord du canal, on procède à l’abattage de chênes centenaires qui en formaient la ripisylve, qui plus est en infraction avec l’autorisation délivrée. « Domaine des Chênes », quelle plaisanterie ! »
L’association fustige la ville de Perpignan propriétaire du canal. Elle l’accuse d’avoir « laissé disparaître celui-ci au fil des ans ; sans en protéger le tracé ni les boisements associés. »
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