Article mis à jour le 24 mai 2024 à 15:08
L’équipe de Médiaclic, association d’éducation aux médias, est intervenue chaque semaine pendant un mois au sein de l’école primaire Hélène Boucher, dans le Haut-Vernet, à Perpignan. Nous avons accompagné une classe de CM2 dans la réalisation d’interview radio, autour de la place de l’établissement dans le quartier.
L’école Hélène Boucher hier, aujourd’hui et demain. Voilà le point de départ du projet de radio que nous avons mené avec 23 élèves de CM2. L’occasion encore et toujours de découvrir le média radio, et de s’en servir pour conduire les élèves à adopter un autre regard sur leur établissement. Nous voulions qu’ils et elles se sentent légitimes à poser toutes les questions qu’ils souhaiteraient, pour qu’ils deviennent les reporters de cette école dans laquelle ils travaillent depuis cinq ans maintenant.
Adopter un nouveau regard sur l’école
Un groupe a interviewé des anciens élèves de l’établissement, d’autres la directrice pour en savoir plus sur les travaux prévus dans la cour de récréation. Même les questions les plus sensibles ont été posées : « Est-ce que le panier de basket va être déplacé, car il est dangereux là où il est ? » Ils ont bien travaillé. C’était aussi l’occasion pour nous de travailler à la représentation sonore d’un lieu. En effet, nous avons très tôt décidé qu’un groupe de petits reporters partirait en balade sonore dans le quartier pour enregistrer l’environnement immédiat de l’établissement scolaire.
L’école Hélène Boucher se trouve dans le Haut-Vernet, au milieu d’un quartier plutôt résidentiel. Depuis les salles de classe, on aperçoit l’autoroute et la voie rapide qui mène à l’entrée de Perpignan. L’aéroport au loin, des avions qui tournent régulièrement dans le ciel. Aux alentours, il n’y a aucun commerce, aucun café, ni épicerie ou restaurant. Rien que des maisons et des petits immeubles.
Les élèves de l’école Hélène Boucher dans la peau de petits reporters
Le groupe de six élèves (de 10 – 11 ans, je précise pour la suite) est parti avec plusieurs enregistreurs pour marcher dans les rues. Nos ambitions étaient hautes : interviewer les gens que l’on croiserait pour savoir ce qu’ils pensent du quartier, s’ils connaissent des gens à l’école, comment ils la trouvent. De cette manière, nous voulions permettre et aux enfants et aux habitants de s’exprimer sur l’environnement immédiat qui est le leur, donner leur avis.
Mais voilà, dans un quartier d’habitation, à 14h en semaine, on ne croise pas grand monde… quelques parents d’élèves ici et là, qui vivent tout près de l’établissement (et même la famille d’un élève absent le jour J, avec ledit gamin, ce qui a donné lieu à une scène un peu cocasse). Pour le reste, ça n’a pas été une mince affaire. Nous avons poussé jusqu’à l’avenue de l’aérodrome, en face de l’imposant stade Gilbert Brutus, temple du rugby à 13. L’occasion de s’entrainer à décrire avec les bons mots le paysage urbain.
Une femme passe sur le trottoir « Vous avez deux minutes pour un micro-trottoir fait pas des élèves ? » Elle se crispe : « mon travail m’interdit de parler à la presse ». La presse, carrément. Les élèves restent un peu médusés. À chaque interaction, je les vois poser très timidement les questions, ils ont le trac, ça se voit. Mais au bout d’un moment, ils prennent de l’assurance, et ils ne veulent plus que ça, poser des questions aux grandes personnes qu’on croise… sauf qu’elles sont très rares. « Il n’y a pas de cafés, pas de restaurant », décrit une élève au micro. Quand les enfants parlent de l’aéroport tout proche, un avion passe au-dessus de nos têtes.
Une balade sonore dans le Haut-Vernet
Nous avons eu plus de chance pour les sons d’ambiance. Car si les élèves n’étaient pas très à l’aise en interview, ils ont vite compris qu’une balade sonore sans ambiance, n’est pas réussie. Alors ils et elles marchent, les oreilles grandes ouvertes, prêts à dégainer l’enregistreur pour capter le gazouillement d’un oiseau, les jappements d’un chien, le bruit de la terre soulevé par les pas lourds.
Les élèves apprécient toujours beaucoup les sons d’ambiance… est-ce parce qu’ils leur rappellent l’ASMR, pratique dont ils nous parlent continuellement (quelle que soit l’école et le milieu social d’ailleurs, l’ASMR semble rencontrer un succès partout) ? Ou bien simplement parce qu’ils voient ça comme un jeu… Toujours est-il qu’ils étaient bien concentrés à leur tâche.
En définitive, après 44 minutes d’enregistrement et une bonne marche dans le quartier, je leur demande innocemment ce qu’ils ont préféré. « Aller marcher un peu loin ! », me répond enthousiaste le petit groupe. La radio, encore un moyen d’aller se dégourdir les jambes, et sortir de son école pour mieux la raconter.