Article mis à jour le 17 décembre 2023 à 11:46
À la faveur de l’élection de Louis Aliot à la mairie de Perpignan, c’est Catherine Pujol, sa suppléante, qui a pris sa succession à la députation. Cette native de Perpignan hérite du fauteuil numéro 59 à l’assemblée ; au côté de Marine Le Pen, députée du Pas-de-Calais et présidente du Rassemblement National. Rencontre avec la députée Rassemblement National de la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales.
♦ Élue novice mais militante d’expérience
Née à Perpignan de parents militants de l’ancien maire Paul Alduy, Catherine Pujol ne cache pas avoir toujours voté à droite ; « dans la sphère républicaine » précise-t-elle. Une partie de sa famille étant de sensibilité socialiste voire communiste, Catherine Pujol confie que les repas de famille durant son enfance étaient « particulièrement animés ».
La députée a choisi de revendiquer un respect à Jacques Chirac et au Général de Gaulle. « Je m’inscris dans le respect de tous ces hommes politique ». Même si cela « peut faire grincer des dents dans la partie traditionaliste de [s]on parti ». La députée précise, qu’au côté des députés Les Républicains, avoir rendu hommage à Jacques Chirac lors du premier anniversaire de sa disparition, le 26 septembre dernier.
Il y a une dizaine d’années, de retour dans le département après une carrière de cadre de santé dans des structures hospitalières, Catherine Pujol tend l’oreille au discours de Marine Le Pen. Jusque-là, elle entendait le discours du Front National de Jean-Marie Le Pen, « sans vraiment l’écouter » confie-t-elle. « C’est Marine Le Pen qui m’a faite basculer en tant que femme politique ; mais aussi grâce à son ouverture vers le social ».
Dans le département, elle fait la connaissance de Louis Aliot en conférence avec Gilbert Collard. « J’ai discuté avec eux, et j’ai rencontré deux belles personnalités. J’ai découvert Monsieur Aliot dans toute sa dimension humaine ; c’est ce qui m’a séduite ». Ce dernier l’a rapidement sollicitée pour rejoindre le rang des militants. « Il m’a dit, si tu veux t’investir, nous avons besoin de femmes ». Elle deviendra alors une des fidèles de Louis Aliot ; homme fort du RN dans le département, et membre du bureau politique national du parti.
♦ Le parcours électoral de Catherine Pujol
- En 2014, elle figure en 6e position de la liste de Louis Aliot.
- Lors des régionales de 2015, Catherine Pujol figure sur la liste présentée par Louis Aliot. Sur une position non éligible, elle ne siégera pas au conseil Régional en tant que membre de l’opposition.
- En 2015, lors des élections départementales, Catherine Pujol est candidate en binôme avec Xavier Baudry sur le canton de la côte sableuse. Le tandem s’incline face à Armande Barrère, Thierry Del Poso.
- En 2017, Louis Aliot remporte la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales, Catherine Pujol est sa suppléante.
- Lors des élections municipales de 2020, Catherine Pujol figure en 4e position sur la liste qui remportera l’élection municipale.
L’élection de Louis Aliot à la mairie de Perpignan le 28 juin dernier propulse Catherine Pujol à l’Assemblée nationale. C’est son premier mandat en tant qu’élue.
♦ Que peut faire une députée de l’opposition sans groupe parlementaire ?
Lors de l’élection des législatives de 2017, le Rassemblement National ne parvient à remporter que 6 sièges à l’Assemblée nationale ; insuffisant pour créer un groupe. Il est nécessaire de réunir 15 députés pour compter un groupe à l’Assemblée Nationale. Louis Mompeu, un des 4 attachés parlementaires de la néodéputée précise : « Nous ne pouvons par former de groupe, nous ne pouvons pas écrire de rapports, ni avoir de niche parlementaire*, mais cela n’empêche pas la députée de présenter des propositions de loi ou d’amender les textes à l’ordre du jour dans l’hémicycle ».
Et d’ailleurs, la députée n’est pas peu fière d’avoir réussi avec les 6 députés RN à amender un texte proposé par la majorité. Visant à simplifier l’installation de parc éolien, ce texte prévoyait d’autoriser les porteurs de projets à commencer les travaux. Et ce, avant même l’achèvement de l’enquête publique auprès des élus. « Ça a fait grand bruit ! Voilà un moyen d’agir concrètement ».
Pour le reste, la députée peut solliciter les ministres ; charge à leur cabinet de rédiger une réponse. C’est un moyen, selon Catherine Pujol, de porter à l’attention des ministres « une problématique locale ».
♦ Le cheval de bataille de la députée Catherine Pujol ?
En tant que femme, la députée indique être particulièrement sollicitée. « Avec ma propre personnalité et ma sensibilité, mon étiquette de cadre de santé infirmier et ma condition de femme, j’ai des sollicitations particulières. Je suis convaincue qu’il faut qu’une députée se préoccupe de la cause des femmes battues sur ce territoire ».
Relancée sur le travail effectué par les associations et lors du grenelle contre les violences conjugales, la députée rétorque. « Les associations font mais ça ne suffit pas. Les femmes repartent chez elles, n’osent pas franchir le cap, ne sont pas assez entendues. Ce sont les prémices, je ne sais pas encore comment je vais faire. Mais j’ai commencé à prendre des contacts pour créer un centre d’accueil pour les femmes battues dans le département. Je vais me rapprocher des associations ».
Le commandant du groupement de gendarmerie l’a également sollicitée sur ce sujet. Revendiquant un goût pour le travail de terrain, la députée souhaite se joindre à une des équipes de la gendarmerie lors des interventions ; « y compris la nuit », précise la députée.
♦ Sa présence à la manifestation des chasseurs du 12 septembre est-elle un blanc-seing à la chasse ?
La députée Catherine Pujol évoque un distinguo entre les chasses. Contre la chasse à courre ou à la glu, elle souhaite une chasse réglementée et qui vise à réduire la population de nuisibles.
« Il ne faut pas tout mélanger ; la chasse est indispensable si elle est bien réglementée et que les chasseurs ne font pas n’importe quoi. Le chasseur écolo ? Oui, j’y crois ; il ne faut pas, par exemple, laisser les douilles par terre. Et la nouvelle génération de chasseurs est sensible à cela. Mais si demain on annule la chasse, vous allez avoir des sangliers dans votre jardin ; et les viticulteurs vont monter au créneau car leurs vignes seront détruites ! »
Interrogée sur les animaux élevés pour la chasse (notamment les perdrix et faisans), la députée, même si elle semble ne pas connaître la pratique, se déclare de prime abord défavorable.
« L’être humain, le primate que nous sommes, nous avons vécu et nous avons perduré grâce à la chasse. Cela fait partie de notre héritage, nous sommes chasseurs pour manger. Il est vrai que petite à petit, on bascule vers des dérives. Je n’ai pas assez creusé la question, mais cela m’interpelle. Mon soutien aux chasseurs est plus dans le sens de la défense de la ruralité. Si on arrête la chasse complètement, demain la campagne deviendra invivable ! »
♦ Dans les pas (et les dossiers) de Louis Aliot
La députée Catherine Pujol s’inscrit « totalement dans la continuité » de son prédécesseur. En effet, Catherine Pujol reprend le siège de Louis Aliot au sein de la commission défense, présidée par la députée Françoise Dumas (LaREM). Une commission dans laquelle elle va notamment côtoyer l’ancien Ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, le député France Insoumise Alexis Corbière, le patron des socialistes Oliver Faure, ou celui du parti Les Républicains Christian Jacob.
Idem en ce qui concerne les dossiers défendus précédemment par le nouveau maire frontiste de Perpignan ; c’est le cas du musée de Tautavel précise la députée. Le musée a besoin de moyens importants afin d’être rénové. Catherine Pujol a déjà pris contact afin de solliciter des fonds européens.
♦ Le fonctionnement de la nouvelle députée dans sa circonscription
Son prédécesseur avait choisi d’installer sa permanence parlementaire sur la zone perpignanaise de la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales. Tout un symbole… Catherine Pujol a, quant à elle, choisi la commune de Canet-en-Roussillon. Questionnée sur l’objectif potentiel que serait la mairie de Canet-en-Roussillon, l’élue répond par une pirouette.
« Je ne sais pas où je serai dans 1 an, 2 ans ou 6 ans. Pour le moment, mon projet ce sont les deux ans à venir, et je voudrais faire du mieux possible. Canet est le chef-lieu de la circonscription, tout simplement. Et puis, il est plus facile d’aller m’installer à Canet qu’à Sournia ; avec tout le respect que j’ai pour Sournia ! ».
Quant au fonctionnement sur les communes de sa circonscription, Catherine Pujol met en place un réseau de personnes ; ses yeux et ses oreilles afin de lui relayer les problématiques des citoyens sur l’ensemble du territoire.
« Je veux être la députée du territoire, et j’ai l’intention durant les 2 ans qui restent d’en faire mon slogan. Au-delà des étiquettes politiques, tous les citoyens ont le droit d’être entendus et écoutés. J’ai envoyé des courriers à tous les maires pour me présenter et leur dire que j’irai les voir. J’en ai déjà rencontré quelques-uns d’étiquettes différentes de la mienne. »
*Une niche ou une fenêtre parlementaire est une séance mensuelle où des députés peuvent déposer des propositions de loi. Ils sont alors maîtres de l’ordre du jour, c’est-à-dire des thèmes qui seront abordés pendant cette séance.
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