Article mis à jour le 21 juillet 2023 à 09:56
Après 2 ans et demi d’arrêt et de nombreuses polémiques, Jean Castex, Jean-Baptiste Djebbari et Jean-Pierre Farandou, respectivement Premier ministre, Ministre des transports et Président de la SNCF, étaient à Perpignan pour la relance du train qui achemine les primeurs de Perpignan au marché de Rungis. Ce train est devenu, au fil des mobilisations syndicales et citoyennes, un symbole de la défense du fret en France ; Et de la volonté affichée par le gouvernement de Jean Castex de défendre le transport de marchandise sur les rails plutôt que sur la route.
♦ Le train des primeurs deviendra-t-il rentable à horizon 2024 ?
Le dossier de presse intitulé sobrement « relance du fret ferroviaire », nous apprend le détail du plan d’investissement consenti pour le secteur. Au total, le gouvernement investit 1,35Milliards d’euros. Un moyen pour le gouvernement Castex d’afficher sa « stratégie de reconquête globale et ambitieuse ». Lors de son discours inaugural, le Premier ministre a rappelé son goût personnel pour le fret. Il a aussi précisé que ce plan était surtout une réponse à « un enjeu planétaire et climatique » .
Pour le train des primeurs, l’accompagnement financier est acté jusqu’en 2024. Pour rappel, en 2019, c’est le manque de rentabilité qui a causé l’arrêt du train de la liaison entre Perpignan et Rungis. Jean Castex de préciser « si on laisse faire complètement le libre jeu, cela ne marchera pas ». Alors oui, d’ici à 2024, cette liaison va devoir devenir rentable. D’autant qu’en 2024, les wagons de 46 ans d’âge aujourd’hui, « seront à bout de souffle » précise Frédéric Delorme, président Fret SNCF. En 2024, se posera à nouveau la question de la pérennité du train des primeurs.
♦ Le Fret France à la traîne
Jean Castex justifie aussi ce besoin d’investissement massif par un retard considérable pris dans le soutien de l’état au secteur. « Depuis 2000, les volumes transportés par le train ont diminué de 43 % ». Selon le Premier ministre la part transportée en France est de 9% contre 18% en moyenne en Europe. Certains pays affichant 30% de marchandises transportées en train. Selon Jean Castex, le soutien au secteur s’inscrit dans un choix politique de rétablir l’équilibre financier en faveur d’un transport plus écologique.
« Donc, on a investi. Et puis oui, je le dis pour ce train, on a dégagé des moyens pour dire : il y a une distorsion de concurrence entre le rail et la route. Vous en connaissez tous les raisons. Il est justifié que de l’argent public, puisque tel est notre choix politique, vienne le rétablir ».
♦ Objectif réduire le nombre de camions sur les routes de France
Parmi les éléments chiffrés répétés à l’envi ce vendredi 22 octobre, figuraient le nombre de camions évités sur les routes et les autoroutes françaises. « C’est quand même 26 000 camions équivalents qui seront retirés des routes ». 26.000 camions qui quand ils roulent rejettent 25.000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Un chiffre obtenu en ajoutant les marchandises transportées à bord du train de premeurs, mais aussi via l’autoroute ferroviaire qui relie Le Boulou à Gennevilliers. Cette autoroute qui devrait être prochainement opérationnelle permet aux camions de déposer leur container. Des containers acheminés par train afin d’éviter la route. Frédéric Delorme de faire la promotion de ce type de transport combiné. « Je lance un appel à tous les producteurs d’Occitanie, venez prendre le train entre le Boulou et Genevilliers ».
♦ Retour sur l’arrêt du train des primeurs
Depuis l’abandon de l’avant-dernière rotation quotidienne, le syndicat n’a cessé d’alerter les acteurs du dossier sur la fin annoncée de cette ligne ferroviaire. Depuis 2019, et l’arrêt complet du train, 2 ministres des transports ont hérité du dossier. En septembre 2019, Stéphane Derlincourt, l’un des directeurs de Fret SNCF, avait dû faire face à la colère des cheminots. À l’époque point de subvention envisagée. Et plusieurs problématiques évoquées. Des wagons frigorifiques en bout de course, trop cher à réparer, et une absence de rentabilité. Le train des primeurs défrayait régulièrement la chronique. Durant des mois le train des primeurs montrait la distorsion entre les actes et les discours du gouvernement porté par Édouard Philippe. Point d’orgue de cette affaire ? Le voyage à vide en 2019 du Perpignan-Rungis ; censé justifier la volonté de la précédente Ministre des transports Élisabeth Borne.
Lors de la nomination de l’ancien maire de Prades à Matignon, le discours semblait plus volontariste. En juillet 2020, Jean Castex se disait « profondément meurtri » par « une situation peu compréhensible par nos concitoyens. Avec tous ces camions sur les routes, on choisit de fermer un mode de transport écologique… ». En décembre 2020, l’État lançait un appel à projet spécifique pour l’axe Perpignan-Rungis. Et en septembre 2021, un grand plan de relance d’investissement dans le ferroviaire.
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