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SOS Racisme teste clubs de plage et boîtes de nuit en terres catalanes

SOS racisme teste clubs de plage et boîtes de nuit en terres catalanes

Article mis à jour le 23 mars 2024 à 23:36

Ce samedi de chassé-croisé, les militants de SOS Racisme s’affairaient sur la plage de Canet-en-Roussillon. Après avoir testé en journée plusieurs clubs de plage de la station balnéaire, ce sont désormais dans les bars et boîtes de nuit qu’Ali, Karl et Rama vont tenter de rentrer.

Durant ce week-end, SOS Racisme a réalisé des opérations de testing* dans les stations balnéaires des Pyrénées-Orientales, des Alpes-Maritimes et des Bouches-du-Rhône. Si aucune discrimination n’a été mise en évidence sur les plages du Roussillon, il n’en fut pas de même dans les autres villes du pourtour méditerranéen.

Les boîtes de nuit catalanes auraient-elles rangé leurs discriminations au vestiaire ?

À en croire le testing réalisé ce samedi 30 juillet sur les clubs de plages et boîtes du littoral catalan, aucun établissement n’a été pris en flagrant délit et tous ont accueilli le groupe de deux jeunes hommes noirs accompagnés d’une jeune femme de couleur. Ali, Malien de 30 ans se souvient : « Il y a deux ans à peine, un videur me refoulait à l’entrée d’un bar de nuit bien connu à Perpignan ». Hasard des rencontres, le même videur était à l’entrée d’une boîte de nuit très fréquentée de la Colline des loisirs. Ali de s’exprimer après avoir été admis dans l’établissement, « c’est dingue, c’est le même videur qu’il y a deux ans, mais il ne m’a pas reconnu ». Mais cette fois les consignes de la direction ne sont pas les mêmes et les jeunes hommes n’ont eu aucune difficulté à accéder à l’établissement.

À l’issue de la journée et de la nuit, Valentin, responsable SOS Racisme des comités locaux, se dit rassuré de voir que les mentalités évoluent dans le département. Mais le jeune homme reste vigilant, « l’absence de discrimination constatée peut sembler surprenante. Cependant, il est à noter que les lieux étaient relativement peu remplis. Or, la discrimination a souvent lieu lorsqu’il y a des phénomènes de file d’attente ; phénomènes ici inexistants ». En attendant de nouveaux testings plus significatifs, la réponse à la question posée par l’Indépendant en 2013 serait plutôt négative. En effet, en 2013, le journal local s’interrogeait « Les boîtes de nuit de Perpignan ont-elles un problème avec les chanteurs “blacks”?« . Un article écrit après une énième discrimination à l’entrée d’une boîte de nuit.

SOS racisme porte plainte contre les clubs de plage, bars et boîtes de Juan-les-Pins, Antibes, Marseille et Aix-en-Provence

L’association qui a mis en place la méthode du testing, désormais recevable devant les tribunaux, révèle « qu’un tiers des plages privées testées à Juan-les-Pins et Antibes pratiquent la discrimination raciale, ce sont deux-tiers des boîtes et bars testés sur Marseille et Aix-en-Provence qui pratiquent une sélection illégale fondée sur l’origine des personnes qui se présentent à leurs portes ». SOS Racisme déclare vouloir porter plainte à l’encontre des établissements mis en cause**.

SOS Racisme interpelle les pouvoirs publics : « cette situation découle d’une évidente défaillance des pouvoirs publics dans la répression des discriminations raciales. En effet, tandis que la justice exige un niveau de preuves sans commune mesure avec ce qui est réclamé dans d’autres types de délits, les pouvoirs de police administrative de l’État ne sont guère activés à l’endroit des lieux pratiquant la discrimination. À quand remonte la dernière fermeture administrative d’une lieu pratiquant la discrimination et donc créant un évident trouble à l’ordre public ? »

Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, “les parquets et les préfectures seront saisis de nos testings. Nous serons d’une grande vigilance quant au devenir judiciaire de ces derniers et d’une aussi grande vigilance quant à la réaction des préfets des Alpes-Maritimes et des Bouches-du-Rhône à l’endroit des lieux qui ont pratiqué une discrimination raciale mais aussi, plus globalement, à l’endroit des professionnels des secteurs testés au sein desquels les pratiques sélectives sont aussi répandues qu’illégales. Il est évident qu’une énième inaction de l’État – dans son versant judiciaire ou dans son versant préfectoral – nous mènera à envisager les voies judiciaires permettant de mettre en cause les carences de l’État en matière de lutte contre les discriminations et de lui enjoindre à agir réellement contre un tel fléau.” 

// Lire aussi notre article l Plateforme anti-discriminations – 300 signalements en 1 an dans les Pyrénées-Orientales

Les réseaux sociaux un puissant révélateur de discriminations

Le 16 juillet dernier, @tiguidiallo diffuse sur TikTok une vidéo vue plus de 800.000 fois et qui a largement dépassé le réseau social chinois. Une vidéo dans laquelle le vigile d’un restaurant refuse l’entrée à la jeune femme et à ses 2 amies. Elles sont correctement habillées et ont réservé, mais restent à la porte alors que des personnes entrent dans l’établissement sans aucun souci. La seule différence entre ces groupes de jeunes semble être la couleur de peau.

La jeune Guinéenne décide de diffuser la vidéo sur le réseau social en citant l’établissement à l’origine de ce qu’elle qualifie de sa « première expérience du racisme au restaurant Manko à Paris. Je vais juste laisser ça là et continuer ma vie ». Depuis cet épisode, l’établissement s’est défaussé sur son vigile.

Alors que ce dernier renvoie la balle à sa direction en expliquant qu’il avait pour consigne de ne pas laisser entrer « beaucoup d’Africains ». Le restaurant ainsi affiché sur les réseaux sociaux a choisi de faire son mea culpa sur Instagram. “Suite à l’incident survenu samedi soir à Paris, le Manko présente ses excuses. Manko respecte une charte de valeurs qui prônent l’égalité, le respect, la tolérance et la bienveillance de toutes et tous. Les sanctions nécessaires ont été immédiatement prises et de façon permanente.”.

Malgré ces messages, les appels au boycott se multiplient et une enquête a été ouverte, sur demande de SOS Racisme, pour établir la réalité des faits. Au-delà des faits, cet affichage sur les réseaux sociaux pourrait écorner durablement la réputation de l’établissement.

Cliquez sur le bouton pour charger le contenu de www.tiktok.com.

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// Notes :

* Le test de situation, aussi appelé testing, est une méthode de détection des discriminations. Il consiste à comparer les résultats obtenus par deux types de candidats en tous points identiques à une exception près, la caractéristique testée (par exemple l’origine migratoire, le lieu d’habitation, le sexe, etc.) dans des processus de sélection réels comme une embauche, l’entrée en boîte de nuit, la recherche de logement, etc.
**Détail des établissements testés et accusés de discrimination.

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