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À l’école Pasteur Lamartine : le carnaval, la fête, l’ours et la radio

À l'école Pasteur de Perpignan : le carnaval, la fête, l'ours et la radio

Article mis à jour le 5 janvier 2024 à 17:33

L’école Pasteur Lamartine à Perpignan a vibré aux sons des cobles de Saint-Laurent-de-Cerdans le 9 mars dernier, pour une journée spéciale autour de la fête de l’Ours. Nous avons profité de l’événement pour organiser une petite émission de radio, animée par Dyna, Iliam, Joaquim, Romain, Nessma, Alimata, Isis et Ilhan.

Le flaviol, la tible et le tamburi résonnent déjà dans la cour de l’école alors que nous arrivons avec Barbara en ce jeudi matin.

J’ai tout de suite branché mon « micro-chat » -dernier nom trouvé par les élèves à cette boule de poil que je trimballe partout – pour enregistrer les airs entraînants de cette musique traditionnelle. Les enfants, tous réunis classe par classe, font des petits tours de public pour exhiber les masques qu’ils ont confectionnés un peu plus tôt dans la semaine. L’ambiance est joyeuse et à la fête, petits comme grands ont l’air ravi. J’enregistre le plus possible les instruments afin de confectionner une belle ambiance sonore pour l’émission. Après quelques minutes à saluer et discuter avec tout le monde, il est temps de monter au studio de webradio.

Les contraintes techniques, c’est un des aspects du métier que j’ai eu le plus de mal à appréhender. Il n’y a pas sentiment plus désagréable après une interview de qualité où la personne vous a dit des choses super intéressantes que de se rendre compte que les piles ont lâché, ou, pire, que l’on a « contre-REC» (ça veut dire appuyer sur REC, donc enregistrer au moment où on devrait appuyer sur STOP et ainsi de suite). Je suis du genre à partir avec quatre paires de pile « au cas où » et à vérifier mille fois pendant qu’on répond à mes questions au micro que tout enregistre bien et qu’il n’y aucun message anormal.

Tout ça pour vous dire que deux heures avant le début des festivités radiophoniques, nous sommes allées tester le matériel. Et l’anxieuse au fond de moi a poussé un soupir de soulagement quand elle a réalisé que tout fonctionnait bien.

L’heure des interviews pour l’Ours et la Monaca

Entre midi et deux, après un temps convivial festif avec les enseignantes (je fémininise car elles sont majoritaires dans l’école) aux saveurs de la cuisine catalane, nous voilà de retour en webradio avec les huit élèves désignés par leurs camarades pour interviewer les invités du jour ; à savoir la directrice et surtout le jeune homme qui joue l’Ours avec l’un des musiciens, et, invité surprise, la Monaca, être étrange à deux troncs, deux têtes et quatre bras dont la mission est de protéger les villageoises des ardeurs du plantigrade. Il y a beaucoup de monde dans le studio, mais les élèves restent pro, silencieux quand il faut et attentifs. Chacun a une question à poser aux invités, qui a été préparée à la séance précédente (cf ma dernière chronique).

Barbara introduit l’émission, et on commence par la directrice, ça permet un petit tour de chauffe, histoire de s’approprier le micro, d’apprivoiser sa timidité, et de s’exercer à parler distinctement. Puis Mehdi, tiré au sort pour jouer l’ours cette année, prend place et répond aux élèves. « Bonjour l’Ours », « Bonjour Monsieur l’Ours », je fonds de mignonnerie derrière ma technique. Arrive la Monaca, et là, les élèves doivent un peu improviser car nous n’avions pas préparé de question pour elle. Avec un peu d’aide, ils se débrouillent comme des chefs. Un sentiment de fierté gonfle dans mon plexus et je n’arrive pas à m’arrêter de sourire jusqu’aux oreilles. Le musicien rend vraiment la conversation intéressante ; il répond avec engouement aux questions des enfants, et avec le même sérieux que s’ils étaient d’un média local.

Le coeur du sujet est le même : comprendre une passion et la partager, et nos petits journalistes en herbe sont sur la bonne voie.

La fin de l’émission arrive. Il est temps d’aller dans la cour voir enfin ce dont l’Ours est capable.

Les supérieurs de l’Éducation nationale, l’élue de la mairie de Perpignan, tous sont venus pour assister à cette course. Dans un tourbillon de cris mi-effrayés mi-rieurs, l’ours chasse à présent les centaines d’enfants qui partent dans tous les sens, accompagné de la Monaca qui impressionne parfois bien plus que l’animal.

Sur le rebord d’une fenêtre, le personnage du Hibou se dévoile, majestueux dans son costume de plumes de poules, il paraît immobile comparé à l’ambiance électrique ambiante.

Au milieu du vacarme, nous réussissons à attraper Dyna pour qu’elle poursuive l’exercice. Armée du micro-chat et du casque, me guidant parfaitement dans les réglages, totalement à l’aise, elle se met en route pour interviewer le public, demandant aux enfants ce qu’ils pensent du Mehdi déguisé de sa peau de bête, et surtout s’ils ont peur. Et puis elle se tourne vers moi quand je lui assure qu’elle peut aller voir qui elle veut. « Je peux aller demander à l’inspecteur ? », et la voilà qui lui pose la question sans fard « Avez-vous peur ? ». Je la regarde, fière, pendant qu’il lui répond en souriant.

La réussite de l’exercice est collective. Elle me conforte dans le fait que le temps est un ingrédient indispensable pour donner envie à des élèves de primaire de se saisir d’un média aussi génial que la radio. Il faut du temps pour apprivoiser le matériel, pour se sentir à l’aise de poser des questions, pour oser parler aussi, pour se sentir légitime, et réaliser que les récits que nous portons valent la peine d’être dits et entendus. Ce temps précieux nous l’avons, et je me sens chanceuse. La journée se termine sur une belle sardane, et moi je retourne à mon montage.

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Alice Fabre