Article mis à jour le 14 septembre 2017 à 14:35
Pour la 2ème année consécutive, les étudiants du DU de Photojournalisme de l’Université de Perpignan exposent dans le cadre du Festival Off. L’an passé, ils avaient choisi de traiter Le commerce résistant … Au coeur de Perpignan. Cette année, le sujet de l’immigration a été choisi par le collectif avec pour titre : « Les regards que portent les immigrés et les enfants d’immigrés, installés en France ou ailleurs, sur les migrations contemporaines ». Une exposition visible du 2 au 16 septembre à la Salle Paul Alduy, Hotel de Ville de Perpignan. Vernissage le Mardi 5 septembre à 18h45.
Pierrot Lopez, 93 ans, fils de l’immigration espagnole, mineur de fond, résistant décoré par l’Etat Français : « C’est malheureux quand même, mais on va être envahi. Nous on avait du travail. Il faut accueillir les gens, mais si on ne leur donne pas du travail, ils vont vivre de quoi? »
Nicolas, petit-fils d’immigrés polonais, 52 ans, propriétaire d’une maison d’hôte: «A l’époque déjà, on entendait «les polaks viennent prendre le travail aux Français ça c’est la facilité. Je pense que quelqu’un qui s’en va, quelqu’un qui quitte son pays, ce n’est pas du tourisme».
Mimoun El Koukouchi, restaurateur, fils de l’immigration algérienne : « À l’époque de mon père, les gens venaient en France ou en Europe parce que c’était la misère chez eux. Aujourd’hui, ils fuient leur pays pour sauver leur peau ! C’est vrai que ces vagues d’immigration déstabilisent les pays occidentaux mais à l’origine, c’est souvent l’ingérence de nos dirigeants, au Moyen Orient, sous le prétexte de vouloir instaurer une démocratie, qui a conduit à la situation actuelle».
♦ « Dans ma valise, il y a … »
La promotion 2017 des étudiants en photojournalisme de Perpignan est allée à la rencontre d’immigrés de 1ère, 2ème, 3ème génération pour connaître et restituer 30 portraits. En images : « les ressentis », ce que chacun « porte dans sa valise », mais aussi le vécu en tant qu’immigré et leur vision face à l’immigration nouvelle, celle qui fait la Une des journaux parce qu’elle bouscule l’ordre établi et les politiques sociales d’un pays, pourtant patrie des droits de l’Homme. Des gouvernants qui au 21ème siècle sont débordés par l’arrivée de migrants fuyants la guerre ou la misère, qui laissent se développer des ghettos au sein de la capitale ou de Calais. Par le passé, les politiques avaient su faire face à l’afflux de plus de 475.000 réfugiés espagnols lors de la Retirade ou aux 120.000 « boat people » du Vietnam ou du Cambodge fuyant le communisme et les persécutions ethniques.
Quelle différence y-a-t-il aujourd’hui pour que des jeunes Érythréens ou Ethiopiens quittant un pays dirigé par un régime qui veut les emprisonner soient laissés si longtemps dans « une jungle » fusse-t-elle de Calais ? Qu’est ce qui a changé ? Qu’est ce qui a rendu notre société si égoïste et refermée ? C’est ainsi que certains des protagonistes de cette exposition s’interrogent. D’autres ont un discours plus mesuré, conditionnant l’accueil à la situation économique d’un pays qu’ils jugent mauvaise, « un pays qui ne peut nourrir ses propres enfants ne peut pas en accueillir d’autres ».
Selma, fille d’un immigré algérien et d’une immigrée marocaine, 21 ans, étudiante en droit: «Accueillir un peuple en difficulté et lui apporter une aide constitue précisément l’une des caractéristiques de notre démocratie. Que la France, comme d’autres pays européens, offre une grande générosité à ces personnes, c’est ce qui contribue à la beauté de notre nation».
Henri Guitart, fils de la Retirada espagnole, premier maire des Pyrénées Orientales à s’être porté volontaire pour accueillir des demandeurs d’asile dans sa commune, à Vernet-les-bains : « Au départ, je n’ai pas fait le rapprochement entre mon désir d’accueillir des réfugiés et ma propre histoire. Mais quand je les ai vus en face de moi, j’ai réalisé que ça faisait écho. Personne ne savait ici que je suis petit-fils de réfugiés. Ça a été l’occasion de le dire dans mes discours d’accueil ».
Jordi, 13 ans, fils de Steve (à coté), né en Angleterre mais d’origine écossaise, et de Sophie, française catalane : « Moi, je trouve que c’est bien que papa soit venu en France, comme ça il a rencontré maman ! J’ai de la famille partout dans le monde et j’aime ça. A la maison, on ne sait jamais si on va parler en français ou en anglais ou en catalan. En fait, les Catalans et les Ecossais ont beaucoup de points communs, notamment ils sont très têtus ! »
Raymond d’origine espagnole, Mimoun marocaine, Nicolas polonais, Sara Li d’origine vietnamienne, certains sont d’anciens mineurs, d’autres sont devenus aide soignants, journalistes ou économistes. Ils ont tous en commun le mélange culturel né de leurs origines multiples. Chacun voit les migrations actuelles à l’aune de la sienne, de son vécu, de la difficulté de sa vie en France des blessures qui l’ont construites.
D’horizons et de parcours très variés les étudiants du diplôme universitaire n’en ont pas moins réussi à créer une mosaïque de portraits symbole de notre société multiculturelle.
♦ Bonus : Six expositions d’étudiants
Pour compléter l’exposition la promotion a sélectionné six reportages réalisés par les étudiants : Des univers différents comme l’ambiance lourdes du reportage de Raphaëlle Maffesoli : « Graissessac : Bassin rural d’immigration industrielle » qui montre la « déshérence rurale » de Graissessac ancien bourg minier de l’Hérault. La tradition perpétuée depuis plus de six siècles : « Prononcez Sank » par Ludivine Paques ; Ou encore « Les femmes Massai de Tanzanie » mises en lumière sous le regard de Marion Joly, un travail qui rappelle par la qualité du sujet traité que par le sujet choisi celui de Amy Toesing qui expose cette année dans le cadre de Visa pour l’Image. Revoir notre article sur les « Veuves », d’Amy Toesing.
Juillet 2017. Province de Monduli Juu, au Nord Est de la ville d’Arusha en Tanzanie. Le village Maasaï d’Enguiki est situé au en face du mont Komolonik. Nai et sa soeur ainée, Teresia, répètent quelques pas de danse traditionnelle. July 2017. Province of Monduli Juu, north-east of the city of Arusha in Tanzania. The Maasai village of Enguiki is located in front of Mount Komolonik. Nai and her elder sister, Teresia, repeat some traditional dance steps
Descente aux flambeaux du Campo Santo – Départ de la procession aux flambeaux, le soir du 12 avril, depuis le Campo Santo jusqu’à la Cathédrale Saint Jean Baptiste. Le regidor mène le cortège au son d’une cloche de fer Torchlight parade in Campo Santo – Start of the torchlight parade, on the night of April 12, from Campo Santo to the Saint Jean Baptiste cathedral. The regidor, dressed in red, leads the procession, paced with the sound of an iron bell
Richard. Deuxième génération. Belge. Immigration du fait de la guerre. Ne parle pas flamand. Mineur de découverte. Dans ses deux jardins ouvriers et devant son appartement (les deux fenêtres en bas à droite). Appartement situé dans les anciennes barres de logements pour ouvriers construites par la mine. Richard. 2nd generation immigrant. Belgian. War immigration. Does not speak dutch. Worked in open mines. In his two allotments and in front of his apartment (the two windows at the bottom right hand corner). Apartment located in the former buildings allotted by the mining company.
Pour plus d’informations sur le Diplôme Universitaire de Photojournalisme de l’UPVD, les responsables sont en cours de recrutement pour la nouvelle promotion 2017-2018.
Journaliste chez Made In Perpignan
Maïté Torres, fondatrice, rédactrice en chef et journaliste.
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