Article mis à jour le 11 novembre 2024 à 08:27
Disponible sur Netflix, Roe v. Wade, la véritable histoire de l’avortement, est réalisé par Ricki Stern et Anne Sundberg. Constitué d’images d’archives et de témoignages, ce documentaire retrace 60 ans de lutte pour le droit à l’avortement aux Etats-Unis.
L’arrêt Roe v. Wade en quelques mots
« Ce documentaire propose une analyse exhaustive et nuancée des différentes tentatives politiques de porter atteinte au droit à l’avortement aux Etats-Unis. »
Le 22 janvier 1973, la Cour suprême des Etats-Unis vote l’arrêt historique Roe v. Wade. Il permet aux femmes qui le souhaitent d’interrompre leur grossesse, et ce, dans tout le pays. L’avortement devient alors un droit constitutionnel. Ce n’est plus à chaque Etat de décider si l’avortement est autorisé ou interdit. Cet arrêt marque le débat américain sur l’avortement et sa légalisation. Mais il met également en lumière le rôle très important de la Cour suprême.
Celui-ci est très bien expliqué dans le documentaire. En effet, selon la composition des juges, 9 au total, une loi peut être appliquée ou non dans tous les Etats-Unis. La Cour suprême a la possibilité de statuer sur la conformité de textes de loi ou de décrets. Chaque juge est nommé à vie par le président des Etats-Unis. Chaque nomination peut donc changer totalement la société américaine.
Deux points de vue qui s’opposent : celui des hommes et celui des femmes
Dans Roe v. Wade, la véritable histoire de l’avortement, la différence de points de vue entre les femmes et les hommes est présentée dès le début. Les hommes qui témoignent sont, majoritairement, contre l’avortement ; tandis que les femmes se battent pour avoir le droit d’avorter.
Colleen McNichoas, gynécologue, s’est spécialisée dans les soins liés à l’IVG. Elle n’hésite pas à parcourir des kilomètres ou à prendre l’avion pour pratiquer des avortements. Elle souhaite « prodiguer les meilleurs soins aux femmes ». En tant que médecin, elle s’insurge et précise « qu’aucun acte médical n’est règlementé comme l’avortement ». Et pourtant, certains actes médicaux comme la colposcopie ou la liposuccion sont considérés comme plus dangereux qu’une IVG. Elle déclare « contrôler la fertilité des gens peut affecter leur accès à l’éducation, leur choix de carrière, et leur succès dans la vie ».
Troy Newman, le président d’Operation Rescue, un mouvement pro-vie, est très fier d’avoir fait fermer des cliniques qui pratiquaient l’avortement. Pour lui « on sauve des bébés » en procédant ainsi.
Wendy Davis, sénatrice au Texas, est devenue une icône des droits des femmes en 2013. Lors d’une obstruction parlementaire, elle a parlé pendant plus de 11h pour empêcher le projet de loi censé limiter l’avortement à une période de 20 semaines suivant la conception ainsi que la fermeture de plusieurs centres d’avortement d’être adopté. Wendy Davis raconte qu’elle a dû se préparer physiquement et mentalement à cette prouesse physique. En effet, la technique de l’obstruction parlementaire est très réglementée : la personne ne doit jamais s’arrêter de parler, elle doit rester debout, ne pas boire, ne pas recevoir d’aide extérieure, jusqu’à la fin de la session parlementaire. La sénatrice a été soutenue par le peuple. Malheureusement, quelques jours après, la loi a été adoptée lors d’une session exceptionnelle.
George H. Bush ne voulait pas se prononcer au moment des élections mais a fini par déclarer que l’IVG était immorale et qu’il fallait casser l’arrêt Roe v. Wade.
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Les femmes qui militent contre l’avortement
Certaines femmes font le choix surprenant de manifester contre l’avortement. C’est le cas de Phyllis Schlafly qui considérait que l’avortement est un « fléau ». Militante conservatrice, son discours ultra-conservateur et antiféministe a permis à Reagan de remporter la victoire en 1980.
Sarah Day O’Connor fut la première femme juge à la Cour suprême. Nommée par Reagan, elle avait toujours déclaré qu’elle était totalement contre l’IVG. En la choisissant, le président pensait faire sauter l’arrêt Roe v. Wade. Mais, contre toute attente, Sarah Day O’Connor a corroboré cet arrêt.
Carol Tobias, la présidente de Right To Life s’exprime à plusieurs reprises dans le documentaire. Elle est « contre l’avortement » et veut donc « casser l’arrêt Roe v. Wade » dans le but de « protéger les bébés à naître ». Pour y arriver, Carol Tobias considère qu’il faut changer la Cour suprême. Et elle est persuadée que l’avortement sera bientôt interdit.
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Des hommes en faveur de l’IVG
Le Dr Curtis Boyd, gynécologue, a pratiqué sa première IVG illégalement en 1967. Il déclare « on a besoin de moi » puis ajoute qu’il a fait ça pour « aider la femme à prendre la meilleure décision possible pour elle, pour sa vie, coûte que coûte ». Aujourd’hui, il accompagne les jeunes médecins dans la pratique de l’IVG.
En 1992, Bill Clinton est élu président des Etats-Unis. Il considère que c’est à la femme de décider. Il a mis son véto à un texte de loi qui aurait rendu illégaux les avortements tardifs (après la 20e semaine de grossesse).
Considéré par les membres du mouvement pro-vie comme un criminel, le Dr Tiller a été assassiné dans son église en 2009. Il était directeur d’une clinique dans laquelle était pratiquée l’IVG tardive. Son assassinat a suscité de vives émotions dans tout le pays.
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Pourquoi la rédaction vous le conseille ?
Actuellement, le droit à l’avortement semble plus que jamais menacé aux Etats-Unis. Ce documentaire permet de mieux comprendre l’importance de cette loi mais aussi comment fonctionne le système américain. Il rappelle aussi que l’avortement est une question existentielle sur le droit des femmes et le féminisme.
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