Article mis à jour le 22 avril 2022 à 10:56
Diffusé le 11 avril 2022 sur France 5, ce documentaire d’Henri Poulain nous plonge au cœur du quotidien de ces travailleurs précaires du monde numérique. « Invisibles, les travailleurs du clic » nous dévoile les femmes et les hommes qui se cachent derrière ces applications et plates-formes.
♦ Invisibles, les travailleurs du clic – Synopsis
Réseaux sociaux, commandes à distance, recherches multiples… Comment se passer de ces applications qui rythment notre quotidien et facilitent nos existences ? Facebook, Google, Amazon, Deliveroo, Uber Eats, Airbnb, Booking, Tinder… Toutes ces plateformes, comme par magie, répondent quasi instantanément à nos besoins, nos envies, nos désirs. À tel point que nous oublions que derrière ces applications, se cachent des milliers de femmes et d’hommes qui travaillent chaque jour à les faire fonctionner. Cette série nous plonge ainsi dans le quotidien de ces petites mains du numérique.
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♦ Chapitre I : Roulez jeunesse
Dans ce premier chapitre, sont présentés Bilel et Zlat, deux livreurs Uber Est à Lyon. Du haut de son vélo, Bilel confie « je consacre ma vie à Uber, je vis que pour Uber ». Lui qui ne gagne que 400€ brut par mois pour 60h/semaine. Zlat sait qu’il a plus de chance car il se déplace en scooter. Il possède un GPS intégré. Il s’est fixé un objectif : 100€/jour. Pour cela, il travaille 80h/semaine. Il définit Uber comme « une secte ».
Les livreurs déplorent le fait qu’ils doivent livrer des commandes pour être payés. Ainsi, ils peuvent rester des heures devant un restaurant sans être rémunéré durant cette attente. Pendant ce temps, ils produisent des données qui nourrissent l’algorithme d’Uber.
Bilel témoigne : « Ils sont prêts à sacrifier des livreurs pour que le client ait sa commande à l’heure ». Le jeune homme de 24 ans poursuit, « c’est de l’esclavage moderne de faire ça à vélo ». Zlat dit « je suis devenu une machine, mais au bout d’un moment, chaque machine tombe HS ».
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♦ Chapitre II : Micro-travailler plus, pour micro-gagner moins
Nathalie travaille pour Google depuis 3 ans et demi. Elle n’a aucun contrat avec le géant américain. Elle est chargée de vérifier qu’un mot ou un groupe de mots correspond à un autre. Elle déclare « on devient robotisé » et surtout « Google refuse que nous parlions de ce travail ».
Nomena travaille à Madagascar. La jeune femme de 32 ans est une micro-travailleuse. Elle est chargée de traiter les messages des clients de Disneyland Paris sur Facebook et Twitter avec des réponses pré-enregistrées qu’elle personnalise. Elle travaille 48h/semaine et gagne 200€. Tout comme Marolafy, elle travaille pour une autre plate-forme qui déclare être « un complément de revenus pour les femmes africaines ». Marolafy avoue travailler 336h pour être payée 200€. Pour Nomena, « ce sont des riches qui exploitent les pauvres ».
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♦ Chapitre III : Traumas sans modération
Amélie est modératrice Facebook à Barcelone. Employée par l’entreprise CCC (Compétence Call Center), elle n’a pas le droit de parler de son travail, même à ses proches. Elle passe environ 600 reviews/jour. Pour elle, l’entreprise fonctionne comme « une start-up américaine » qui possède des « conditions particulières ». Parmi celles-ci, un temps limité pour déjeuner ou pour aller aux toilettes.
Chris Gray, ancien modérateur Facebook, était spécialisé dans la pornographie. Son quotidien était rythmé par « l’aspect mesquin et malfaisant que les gens mènent ». Il confie « c’est gravé dans mon esprit ». Aujourd’hui, l’homme est en dépression et n’arrive à pas retrouver de travail. Son avocat, Maître Dave Coleman, déclare « la volonté de nuire est très importante ».
♦ Chapitre IV : Au-delà du clic
Pour Antonio Casilli, enseignant-chercheur à l’Université Télécom Paris, ces entreprises élaborent « le plus grand tour de passe-passe » puisqu’elles « font croire aux travailleurs que ce n’est pas un vrai travail ». Pourtant, l’enseignant affirme que les informations collectées par ces travailleurs ont pour but de « préparer des données automatiques ». C’est le premier pas vers la robotisation.
L’homme poursuit « c’est une sorte de néo-colonialisme ». Ces entreprises conduisent à un « appauvrissement et une exploitation généralisée aussi bien dans les pays du Nord que du Sud ».
Pourtant, pour Antonio Casilli, il est nécessaire que les « micro-travailleurs fonctionnent comme des lanceurs d’alerte ». C’est le cas de Thomas, un ex-language analyse pour un sous-traitant d’Apple à Cork. Son travail était de « nourrir la machine ». Le jeune homme a vite compris qu’il s’agissait « d’espionnage ». Il affirme que les micros des appareils Apple sont ouverts en permanence et qu’avec ses collègues ils devaient écouter des conversations de manière aléatoire.
Il poursuit « je me sens dépassé par l’ampleur de la chose, je me sens dépassé par la taille de ces entreprises-là, aussi par les enjeux économiques et politiques qui viennent derrière ». Il confie « être révolté par le fait qu’on nous écoute en permanence ». Il a fini par dénoncer cette façon de faire, lui qui n’avait pas le droit de parler ce qu’il entendait.
♦ Pourquoi la rédaction vous le conseille ?
Ce documentaire nous plonge réellement dans l’univers de ce qu’il se passe derrière nos écrans. Contrairement à ce que l’on souhaite nous faire croire, tout n’est pas (encore) automatisé. Des humains, le plus souvent exploités, effectuent des tâches précises. Toutefois, un espoir subsiste avec Mensakas, une plate-forme à Barcelone. La fin du documentaire nous montre le quotidien de Nuria et Eduardo, deux livreurs qui sont regroupés dans une coopérative à but non lucratif. Le but était de montrer « qu’une alternative est possible ». Pour Eduardo, « il est temps que la classe ouvrière se manifeste ». Les livreurs ont des contrats, des congés payés, peuvent être en arrêt maladie et ont des fiches de paie.
♦ Ils font l’actualité des documentaires…
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