Article mis à jour le 28 novembre 2023 à 19:30
En janvier dernier, une classe de 3ème du collège Jules Verne au Soler s’était lancé le défi de faire revivre la radio de l’établissement avec une première émission sur le thème de l’engagement, accompagnés par leur professeur de français, la professeur documentaliste et Alice Fabre, journaliste pour Made in Perpignan.
Plus de deux mois plus tard, l’enregistrement s’est déroulé ce mercredi 5 avril avec succès et beaucoup d’émotions.
C’est un des projets qui a rythmé mon début d’année, un de ceux qui nous anime et nous occupe une bonne partie de l’esprit. La veille de l’émission, j’ai mal dormi. Je suis arrivée bien tôt le jour J, et pourtant ça n’a pas suffit à parer tous les petits problèmes techniques – mais je devrais le savoir après plusieurs années de radio, que la technique peut être un grand mystère… Dans l’ordinateur, tout était prêt: le conducteur, les textes à lire en direct, les chroniques enregistrées, les textes des deux présentateurs.
Il est donc 8h20 ce mercredi et je me bats avec les câbles poussiéreux d’une enceinte qui n’a pas servi depuis bien longtemps. Aidée par les élèves techniciennes, je teste tous les micros, et surveille les modulations sur le logiciel d’enregistrement. Avec les filles qui doivent mener l’interview de nos deux invités extérieurs, deux représentants de l’association LGBTQ+66, nous répétons une dernière fois. Le trac monte, comme avant d’entrer sur une scène de théâtre.
Et c’est d’ailleurs un exercice que j’ai appris petite dans un de mes cours de théâtre que je leur propose pour évacuer ce stress (si ça vous intéresse : secouez tour à tour votre main droite puis gauche puis votre pied droit et gauche en comptant jusqu’à 4, d’abord en français, puis en anglais et en allemand. Refaites un tour en comptant seulement jusqu’à 3, puis 2, puis 1… c’est assez efficace).
9h20, la sonnerie retentit, et la classe débarque dans le CDI, un peu excitée, et très enthousiaste.
On refait un point global sur les tâches de chacun et on se met autour des micros pour s’entrainer. Nous avons fonctionné en rédaction constituée, et le rédacteur en chef assume parfaitement son rôle. Peu de temps après nos deux invités arrivent. Marie-Pierre et Alexandre ont fait le déplacement depuis Perpignan pour présenter l’association LGBTQ+66 et répondre aux questions de nos deux journalistes en herbe. Leur présence calme un peu l’agitation ambiante et sonne le début de l’enregistrement. Je balance le jingle que je leur ai concocté, monté à partir de leurs voix enregistrées, et l’effet est positif.
Le présentateur et la présentatrice, Enzo et Juliette, m’épatent. Leur ton est fluide, complice ; je ne crois pas qu’on faisait beaucoup mieux quand on découvrait la radio en école de journalisme. Les chroniques s’enchainent, et arrive la fameuse interview des bénévoles de l’association. Les deux élèves sont un peu intimidées mais ne se démontent pas d’un pouce. Durant vingt minutes, l’échange est poignant, Alexandre témoigne du harcèlement qu’il a subi au collège en raison de son homosexualité et Marie-Pierre partage les raisons de son engagement dans cette cause. Nous sommes en plein dans le thème et l’émotion est palpable.
L’émission se termine, tout le monde a le sourire aux lèvres. J’ai envie de féliciter les élèves mais je dois encore faire un peu de montage. La sonnerie retentit et ils se précipitent tous à l’extérieur du CDI, j’entends quelques aurevoir qui fusent. Ils ne savent pas que j’ai un petit pincement au coeur d’arrêter de travailler avec eux.
Le fruit d’un vrai effort collectif
Les deux enseignantes et moi-même avons co-construit les séances de bout en bout, travaillant après chaque mercredi et à distance pour que le résultat soit à la hauteur du potentiel des élèves. C’est aussi un des enjeux majeurs de l’éducation aux médias et à l’information : sensibiliser les journalistes aux problématiques de l’Éducation nationale pour qu’ils puissent être un véritable soutien et appui pour les enseignants qui souhaiteraient mener des projets à bien.
Avec cette émission, le collège Jules Verne espère de nouveau décrocher le prix Mediatiks du Clemi, qui récompense les médias scolaires en Occitanie et au niveau national. Verdict d’ici quelques semaines…
