Article mis à jour le 9 octobre 2023 à 16:00
Entre la pelle et la truelle, le gratin politico-économique du département était réuni sur le chantier des Dames de France. L’occasion pour ceux qui ont œuvré à l’installation de cette école aux méthodes innovantes d’afficher leur volonté de conserver les forces vives dans les Pyrénées-Orientales.L’occasion aussi de lancer officiellement l’ouverture des candidatures à l’École 42 perpignanaise et à son campus surnommé « La piscine« .
« Tout est parti d’un tweet »
Ardent partisan de la Silicon Valley à la sauce catalane, Laurent Gauze, président de la Chambre de commerce et d’industrie, revient sur la genèse de l’installation de l’École 42 à Perpignan. « J’ai répondu au tweet de lancement de l’École 42 à Nice en disant, « La prochaine à Perpignan ? ». Tout est parti de là. Deux jours plus tard alors que nous étions en avion, nous parlions en visio avec l’ancien directeur de l’École 42. Il m’a répondu, « si vous en avez vraiment envie, pourquoi pas ». Alors que j’étais élu, et que le président de PMM* était encore Jean-Marc Pujol. Il a immédiatement dit oui.
Et quand Robert Vila a pris la présidence, il a dit, on y va et on le fera ! ». Géro Vigney, ancien élève et nouveau directeur de l’École 42 qui s’installera dès novembre dans le prestigieux bâtiment des Dames de France lançait à Laurent Gauze : « Les élèves de 42 Paris surnomment Xavier Niel**, Tonton, ceux de Perpignan te surnommeront-ils « Papa » ? ». Laurent Gauze de répondre : « honnêtement, ce n’est pas que moi, c’est un collectif qui a permis cette installation à Perpignan. Après si les élèves de Perpignan veulent me donner un surnom, je le prendrai avec plaisir ».
// Lire aussi notre article : Qui aura le niveau pour intégrer la fameuse École 42 à Perpignan ? Témoignage
« Les prochains fondateurs de Licorne doivent pouvoir se lever face au Canigou plutôt qu’avec vue sur la Tour Eiffel ! »
Dès que Cédric Siré, fondateur de Webedia parle, on sent la nostalgie dans ses mots. La nostalgie de la douceur de vivre au quotidien dans le département. Ce natif de Saint-Laurent-de-la-Salanque vit sa vie parisienne comme un exil. « J’ai créé le premier groupe de médias digitaux sur internet. Un groupe qui compte aujourd’hui 6.000 personnes. Nicolas Julia, enfant d’Ille-sur-Têt a créé la première licorne française » (NDLR la strat-up Sorare est valorisée à 43 milliards de dollars). Et nous, nous avons dû nous exiler ! ». Cédric Siré souhaite que les prochains créateurs de start-up puissent le faire depuis Perpignan. Celui qui est aussi président de l’association École 42 de préciser que la vue sur le Canigou rend plus heureux que celle sur La Tour Eiffel.
L’École 42 Perpignan, un symbole ?
Pour Cédric Siré, cette nouvelle école de la 2e chance, « qui permet à tous et aussi à toutes de réussir » doit devenir un symbole. « Je voudrais que 42 soit un symbole. Le symbole de ce que doit devenir cette ville, ce département. Ce territoire doit se tourner vers l’économie du savoir et qui produit de la valeur ajoutée sur place. Je vis tous les jours la révolution du télétravail. Aujourd’hui ce qui compte pour ceux qui rejoignent Webedia, c’est la qualité de vie de leur lieu de travail.
Et notre département, cette ville a tout pour les attirer ; le soleil, la mer, un prix de l’immobilier accessible, des compétences, des infrastructures. Pour une fois, et grâce à cette révolution travail on va pouvoir être numéro 1. Je le dis tous les jours. Et donc je veux que 42 soit un des éléments de cette transformation, de ce que ce territoire doit devenir ».
Qui peut plonger dans la piscine de l’École 42 Perpignan ?
Cédric Siré de rappeler que pour intégrer l’École 42 « ce qui compte c’est qui vous êtes » ; et non ce que vous avez fait jusque-là, votre âge, votre sexe ou d’où vous venez.
- Pour pouvoir postuler, nul besoin de connaître le code, la formation à 42 commence à 0 pour tout le monde.
- Aucune spécialisation, ni diplôme n’est demandé pour pouvoir postuler.
- Les campus sont ouverts 24h/24, 7j/7 et le cursus s’adapte aux vies de chacune et de chacun.
- L’École 42 affiche une volonté de diversité, mixité, inclusion.
- Toutes les personnes majeures peuvent commencer une nouvelle vie à 42.
- Une formation entièrement gratuite.
Une école qui base sa pédagogie sur le « peer-to-peer »***, avec des points positifs et des points négatifs. Nous avions recueilli le témoignage d’Aaron, ancien de 42. « Je dirais que le modèle de formation est très efficace, les horaires d’ouverture de l’école (24h/24, 7j/7), la communauté d’élèves à 42, la pluralité des projets et des domaines de la programmation ; web, applicatif, IA, réseau, Système, etc. Le campus n’est pas grand, mais très convivial. Les ordinateurs IMac sont régulièrement changés pour rester à jour, beaucoup d’événements avec des intervenants en rapport avec la programmation. En points négatifs ? L’absence de contrainte peut s’avérer fatale pour les élèves qui ne savent pas correctement gérer leur temps. De par l’absence de cours, certaines connaissances sont dures à acquérir seul. On s’en rend compte en général lors de la première expérience professionnelle, mais rien d’insurmontable ».
École 42 ? Kesako ?
Xavier Niel, fondateur et actionnaire d’Iliad, groupe de télécommunications français et maison mère de Free ouvre la première école 42 en 2013 à Paris. L’objectif est de former des développeurs en auto-formation. En clair, la pratique prend le dessus sur l’enseignement théorique. La formation qui dure de 2 à 5 ans permet d’acquérir un savoir-faire et une employabilité immédiate pour rentrer sur le marché de l’emploi. L’École 42 de Perpignan est le 6e établissement en France. À travers le monde, il y a 44 campus dans 26 pays qui forment 15.000 apprenants qui seront les développeurs de demain. Selon Cédric Siré, président du bureau des mécènes, 100% des étudiants qui sortent de l’École 42 trouvent un emploi. Leur salaire moyen annuel avoisinant les 42.000€.
*PMM – Perpignan Méditerranée Métropole.
** Xavier Niel, président de fondateur de Illiad, maison mère de Free et fondateur du concept de l’École 42.
*** Peer-to-peer, le pair-à-pair ou système pair à pair est un modèle d’échange en réseau où chaque entité est à la fois client et serveur, contrairement au modèle client-serveur. Dans le cas de la pédagogie, les élèves évoluent entre eux, et chaque expérience vaut pour l’ensemble du groupe.