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Étudiants à Perpignan, pourquoi Célia, Zohra, Lucas et Guillaume iront voter ?

Célia 20 ans, pourquoi je vais aller voter à la Présidentielle ?

Article mis à jour le 28 août 2022 à 12:11

Étudiante* à l’Université de Perpignan, j’ai testé l’application Elyze. Qualifiée de Tinder de la Présidentielle, l’appli cherche à ramener les jeunes aux urnes. Au-delà de l’application, je me suis interrogée sur mon rôle en tant qu’électrice et l’enjeu démocratique de ce rituel. Selon le Premier ministre Jean Castex : « 6% des concitoyens en âge de voter ne sont pas inscrits sur les listes électorales ». Alors comment inciter les jeunes à se rendre aux urnes ? J’ai posé la question à des étudiants de l’Université de Perpignan. (*Célia, 20 ans, fait partie de la Rédaction Junior de Made In Perpignan).

♦ Pourquoi aller voter à 20 ans ?

Pour Lucas, Guillaume et Zohra tous trois âgés d’une vingtaine d’années, la contribution au vote est importante. Ces trois étudiants confient leur ressenti concernant cette participation démocratique qu’ils qualifient de « devoir ». Guillaume est engagé politiquement auprès du parti communiste depuis ses 20 ans. L’étudiant en sociologie se définit lui-même comme « un électeur désenchanté mais participant ». « J’ai conscience que le jeu politique tel qu’il est organisé dans le cadre des institutions de la Ve république est biaisé, vicié de l’intérieur et qu’il est en quelque sorte programmé pour faire gagner toujours les mêmes. »

Malgré tout le vote reste pour lui, un moyen possible d’exprimer ses idées et de faire changer les choses avec lesquelles on est en désaccord. Pour Zohra, se rendre aux urnes est une responsabilité. « Je trouve dommage que des jeunes n’aillent pas voter, voter donne quand même la possibilité de choisir, qu’on ne choisisse pas à notre place. C’est aussi un moyen de faire fonctionner la démocratie et de défendre nos libertés ». Pour l’étudiante de 22 ans, on entend souvent parler d’un désintérêt des jeunes pour la politique. Pour Zohra, ce désintérêt s’explique notamment par un manque d’informations. Selon elle, la communication autour des élections n’impliquerait pas suffisamment les jeunes.

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♦ Elyze, un atout de séduction pour ramener les jeunes aux urnes ?

Elyze est la nouvelle arme de séduction massive pour remobiliser l’intérêt des jeunes pour le vote. L’application développée par François Mari et Grégoire Cazcarra a connu un fort succès en début d’année.  Téléchargée par plus d’1, 2 millions d’utilisateurs, Elyze vise un public jeune. Le but étant, sur la base des propositions de 15 candidats à l’élection, de « dégager le profil du futur président qui te correspondrait le mieux ». Pour cela rien de plus simple, l’application s’inspire du fonctionnement de Tinder. « Tu swipes à droite si tu es d’accord avec la proposition énoncée, ou à gauche si tu n’es pas d’accord ».

Les propositions se présentent sous la forme de « carte » ; cela va de l’environnement à des questions de solidarité, d’économie ou encore de société et de sécurité.

Pour ces trois étudiants interrogés, l’application Elyze fournit beaucoup d’informations et permet de faciliter l’accès aux propositions des candidats. Néanmoins, ces jeunes ne sont pas entièrement convaincus par le fonctionnement de l’application. Pour Lucas, diplômé d’un BTS électrotechnique, il ne faut pas se fier au classement des candidats que propose l’application : « selon les propositions de loi auxquelles on « adhère », le pourcentage augmente ou diminue au profit de tel ou tel candidat. Mais dans un programme, il y a des propositions qui vont davantage porter notre attention, alors que d’autres vont nous sembler moins importantes. Alors, si par exemple pour un candidat vous aimez 3 propositions dominantes, mais que vous n’en aimez pas 6, le pourcentage du candidat va faiblir alors que c’est peut-être celui-ci qui vous correspondrait le mieux. » 

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Quant à Guillaume, Elyze ne peut pas être un atout de séduction, pour le jeune homme, il ne suffit pas de sortir une nouvelle application à la manière d’une friandise pour réconcilier les jeunes avec la politique. « Cela revient à dire qu’il faudrait faire plus de pédagogie car les jeunes ne sauraient pas ce qui est bon pour eux ! Non, les jeunes veulent être entendus, considérés. Ils veulent pouvoir se projeter dans l’avenir avec espoir et enthousiasme et ce n’est pas ce que leur propose la société actuellement ! « 

♦ Sommes-nous vraiment désintéressés par la politique ?

Pour nos trois étudiants et de manière générale, l’absentéisme aux urnes est avant tout le résultat d’une « non-reconnaissance dans l’offre politique ». Pour Guillaume, cela ne veut pas dire que la jeune génération est dépolitisée pour autant : « les jeunes aujourd’hui participent différemment à faire bouger les choses. C’est le cas par exemple à travers l’engagement associatif, le bénévolat ou les mouvements sociaux pour le climat. » Les jeunes ne se sentent aujourd’hui pas assez représentés.

Pour Lucas, l’abstention c’est aussi la cause des déceptions du passé ; quand pour Zohra, la raison est plus liée un manque de communication et d’information. Guillaume, lui, évoque une crise de la Ve République et une démocratie non représentative : « il n’y a que 3% de fils d’ouvrier et 4% de fils d’employé à l’Assemblée nationale. Alors même que ces catégories représentent 70% de la population. Dans ce contexte, il est logique que l’abstention progresse. »

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Maïté Torres