Article mis à jour le 15 juillet 2022 à 10:21
Six des 70 élèves qui ont participé au documentaire qui met en lumière Gustave Violet témoignent de leur expérience dans l’élaboration de ce film de 20 minutes réalisé par les collégiens de Jean Moulin. Ils ont entre 12 et 15 ans, ils sont en 6e ou en 3e, ils jouent du trombone, ou du saxophone, veulent devenir cuisinier, chanteuse lyrique ou architecte et ont tous redonné vie à cet artiste catalan sculpteur de nombreux monuments aux morts et notamment celui du parvis du Palais des Congrès de Perpignan. Retour sur la recherche, l’écriture, et le tournage du documentaire « Gustave Violet, un artiste catalan témoin de son temps ».
Racontez-nous le projet du film « Gustave Violet »
Maxime (élève en 6e à Jean Moulin) : « Avec nos camarades, nous avons réalisé un court métrage sur Gustave Violet. L’objectif était de faire découvrir, au plus grand nombre, ce sculpteur né à Thuir à la fin du 19e siècle. Gustave Violet était particulièrement réputé dans la création de monuments aux morts ».
Jade (en 3e à Jean Moulin) : « Dans un premier temps, nous avons assisté à une conférence de l’écrivaine Hélène Legrais. Elle nous a expliqué en détail la vie de Gustave Violet. Ensuite nous avons écrit des poèmes pour mettre en lumière son œuvre. Puis nous avons enregistré, dans les locaux de la Canopée 66, nos voix pour le documentaire ».
Pourquoi avez-vous choisi de parler de Gustave Violet ?
Maxime : « Tout est parti de ces 2 bas-reliefs à l’entrée de notre collège. C’est Gustave Violet qui en est l’auteur. Les deux hommes représentés sont des allégories du corps et de l’esprit. L’un est un artisan, l’autre un étudiant. Il s’agit de faire passer le message « fortifie ton corps et cultive ton esprit ». Marie-Laurence Mestres (enseignante à l’origine du projet) : « Tous les ans je propose un projet cinématographique à mes élèves. J’essaye toujours de lier le nouveau projet à celui de l’année précédente.
L’an dernier, nous avions travaillé sur le parcours du nageur Alfred Nakache décédé alors qu’il nageait dans le port de Cerbère ». Et quel est le lien entre Alfred Nakache et Gustave Violet ? « C’est tout simple, la piscine toulousaine qui porte son nom a été réalisée par l’architecte Gustave Violet. C’est là qu’est venue l’idée de consacrer le projet cinématographique de cette année à cet artiste catalan ».
Comment avez-vous réalisé ce documentaire ?
Louise (en 6e à Jean Moulin) : « L’idée est venue en début d’année, et nous avons commencé à tourner au printemps. Nous avons écrit plusieurs poésies, fait des recherches sur internet. Et nous avons préparé les costumes. Nous avons découvert les valeurs chères à Gustave Violet qu’il souhaitait transmettre à travers ses œuvres. L’amour de la Catalogne, la vie quotidienne des gens simples, il s’intéressait aux artisans, aux paysans et aux petites gens. Puis nous avons retranscrit tout cela en poésie en vers de 7 syllabes. Les 3e ont écrit sur les différents paysages de notre département. Les 4e et 3e bilingues catalan ont fait revivre la famille en deuil du monument au mort devant le Palais des Congrès ».
Jade « J’ai eu un peu de mal à écrire le texte du poème. Personnellement, je devais écrire sur l’un des personnages à la base du monument aux morts de Perpignan. Ce monument est composé de figures sur 3 niveaux, celles du haut sont des anges, au milieu est représentée la famille en deuil ; et à la base, se trouvent trois personnages représentant respectivement, la plaine, la mer, et la montagne.
Je devais écrire quelques vers qui rimaient sur celui qui incarne la mer. C’était un peu compliqué, mais finalement j’ai réussi ».
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Temps fort, le tournage et le bal de la Libération
Aghnia (en 6e au collège Jean Moulin) : « J’ai adoré jouer le rôle d’une actrice. Je suis rentrée dans la peau d’une détective. Avec Yannis et quelques camarades nous avons interrogé les statues de Gustave Violet pour qu’elles nous en disent plus sur sa vie.
Les anges de la statue nous ont expliqué que Gustave Violet avait réalisé 14 monuments aux morts de la 1ère guerre mondiale. Il avait été personnellement touché par la mort, à la guerre, de son ami Louis Caudet ».
Jade : « J’ai joué un des deux anges qui prennent vie pour consoler la famille en deuil. Et j’ai beaucoup aimé tenir ce rôle avec Morgane qui joue le 2e ange ». Pour Alix, et Hachemi, respectivement en 6e et en 3e, c’est la reconstitution du bal qui les a le plus marqués. Sur la place du Figuier à Perpignan, les enfants ont reconstitué un bal fêtant la Libération.
Alix, « moi j’ai adoré danser avec Louise lors du bal. J’ai aussi beaucoup aimé réaliser mon costume. J’ai superposé des couches, fouillé dans les armoires, et j’ai cousu le tablier ». Maxime jouait, quant à lui, le rôle d’un personnage qui s’amuse.
Hachemi est particulièrement fier d’avoir pu incarner le rôle d’une villageoise pour le bal de la Libération. « J’ai demandé à Madame Mestres si je pouvais jouer Lola, et elle a immédiatement accepté. Je voulais un peu changer, parce que tout le monde allait rentrer dans les normes, les garçons prenaient les tenues de garçons, et les filles de filles. Le message que j’ai envie de passer avec cette valse, c’est que peu importe comment on est et qui on est, on peut très bien s’entendre et s’amuser avec tout le monde ».
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Alix, Maxime, Aghnia, et Louise interviewent leur enseignante Madame Mestres
Qu’est-ce qui vous a le plus plu ? J’ai aimé pouvoir rassembler et partager ce projet avec un très grand de personnes. Pour moi ce fut une satisfaction de pouvoir réunir les élèves de différentes classes et niveaux pour travailler sur un projet commun. Ce fut notamment le cas lors de la conférence d’Hélène Legrais.
Qu’est-ce que projet vous a apporté personnellement ? J’ai eu beaucoup de plaisir à faire en sorte que mes collègues, enseignants l’Anglais, le Catalan, l’Espagnol ou l’Histoire, puissent travailler avec mes élèves autour de ce projet. Cela donne du sens au récit. Je suis aussi très heureuse, après deux années de crise sanitaire d’avoir pu amener les élèves sur les pas de Gustave Violet à Prades.
De quels moyens avez-vous eu besoin ? Au-delà des moyens du PDEAC*, ce sont des rencontres et des liens noués au fil des jours. Il s’agit d’une histoire d’amitié et de volonté de travailler ensemble. Avec des personnes comme la romancière Hélène Legrais ou le réalisateur David Casals-Roma.
Alors oui, j’ai eu quelques frustrations, notamment de ne pas avoir pu travailler sur un projet commun avec le collège de Prades. Car, de leur côté les élèves de Prades ont réalisé une Auca** en céramique sur Gustave Violet. Nous aurions pu lier nos 2 projets et avoir un regard croisé sur l’œuvre de Gustave Violet. Mais faute de temps, cela n’a pu se faire.
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Synopsis du documentaire de 20 minutes dédié à Gustave Violet
Tout débute quand les enfants, sur le parvis de Jean Moulin, s’interrogent sur les statues qui ornent l’entrée de leur collège. Les deux personnages prennent vie et expliquent leur présence et le parcours de l’artiste qui les a créées. Les acteurs en herbe décident de suivre le conseil des deux jeunes hommes et d’aller à l’écoute des statues de Gustave Violet. Nous retrouvons les 8 jeunes acteurs devant le monument au mort du Palais des Congrès. Et là encore, les personnages de pierre prennent vie et parlent aux enfants. Les anges consolent la famille catalane en deuil et racontent la vie de Gustave Violet. La caméra prend de la distance et trois personnages apparaissent de dos en contre-jour.
Il s’agit de Gustave Violet lui-même, et les poètes Albert Bausil et Josep Sebastià Pons qui ont inspiré son œuvre. La famille du soldat décédé dit son malheur en catalan. Après cette séquence, Louise, Maxime ou Alix poursuivent l’enquête et se rendent sur la place du Figuier où le bal de la Libération est sur le point de débuter. Au son de l’accordéon, les comédiens incarnent la jeunesse qui reprend goût à la vie après la guerre. Enfin, d’autres statues du sculpteur prennent vie sur fond de poème écrit et enregistré en amont. Le boulanger pétrit son pain, la villageoise va chercher de l’eau au puit…. Enfin, de retour de nos jours, on retrouve les enfants devant leur collège. Ils forment plusieurs rondes et dansent la sardane.
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Le court-métrage est disponible via la chaîne Viméo de l’association Cinémaginaire – Code : GVMestres2022
Notes
*PDEAC – Plan Départemental d’Éducation Artistique et Culturelle porté par le Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales.
**L’Auca est un genre graphique et littéraire propre à l’Espagne et à la Catalogne, qui se présente sous la forme d’une feuille imprimée, portant une succession de dessins accompagnés de textes en vers. Le collège de Prades a réalisé, selon le journal l’Indépendant, une Auca en céramique de 24 séquences sur la vie et l’œuvre de Gustave Violet.
*** La Canopée Perpignan fait partie du réseau Canopée qui a notamment pour mission l’accompagnement des enseignants dans l’appropriation des outils et environnements numériques.