Article mis à jour le 1 juin 2024 à 21:14
Ce 31 mai 2024, c’est dans le bar identitaire 7.59, que la tête de la liste Forteresse Europe présentait à la presse ses propositions. Au programme, remigration, abrogation de l’IVG, du mariage pour tous, et même sortie de l’Union européenne et de l’Euro. La vision d’une France d’ultra droite digne du Maréchal Pétain, déchu de ses galons pour collaboration. Photo © MIP : à gauche Manuel Andrino Lobo et à droite, Yvan Benedetti.
C’est dans une zone artisanale d’une commune proche de Perpignan, au fond d’une impasse et contigu à un établissement de pompes funèbres que le 7.59 accueillait Pierre-Marie Bonneau, Yvan Benedetti et Manuel Andrino Lobo pour une conférence de presse suivie d’une réunion avec les militants de la cause ultra-nationaliste.
Aux côtés de Pierre-Marie Bonneau, avocat entre autres d’Alain Soral multicondamné pour antisémitisme, Manuel Andrino Lobo, le responsable du mouvement nostalgique du Franquisme la Falange, mais aussi Yvan Benedetti, ancien président de l’Œuvre Française, militant d’extrême droite condamné pour contestation de crime contre l’humanité et sous le coup d’une plainte pour apologie du terrorisme.
Le programme de Forteresse Europe tient en dix points et en quelques mots-clés
Le premier point du programme, qui prend le plus de place sur la profession de foi est « l’arrêt complet des flux migratoires ». Les points, 2, 3, 4 découlent directement du premier point de ce refus de l’immigration. Un programme qui pourrait trouver sa place dans les livres scolaires des années 30 où l’idéologie fasciste prenait toute la place en Europe. Parmi les propositions, code de la nationalité, recensement de la population sur critères ethniques et religieux et révision de toutes les naturalisations depuis 1975.
Questionné sur ce point, Pierre-Marie Bonneau précise : « Nous allons examiner les naturalisations et voir celles qui doivent être remises en question. Et si la personne naturalisée ne se sent pas française, il faudra la renvoyer à son pays d’origine. » Yvan Benedetti citant pour l’exemple le député La France Insoumise, Carlos Martens Bilongo. Selon le militant nationaliste, ce député défendrait des positions anti-françaises. « Ce monsieur est le cas parfait d’un dossier de remigration ! » Bref, des propositions aussi irréalistes qu’anti-républicaines. Et comment on lancerait au zinc du café du commerce, il brandit la révocation des lois Veil sur l’avortement ou des lois Taubira sur le mariage pour tous. Un programme on ne peut plus classique de la droite la plus extrême.
Pierre-Marie Bonneau tête de liste de Forteresse Europe
Candidature symbolique pour diffuser leurs idées sans aucun espoir d’agir concrètement
Sur les 38 listes en lice pour le scrutin du 9 juin 2024, plusieurs basent leur programme sur des thèses racistes, antisémites ou complotistes. Une campagne rendue possible par une Union Européenne qu’ils exècrent pourtant, mais qu’ils utilisent pour pouvoir médiatiser leurs idées rances.
Questionné sur l’opportunité de faire campagne sans aucune chance de conquérir un seul siège d’eurodéputé, Pierre-Marie Bonneau rétorque : « Diffuser nos idées me paraît essentiel. Et jusque-là il est difficile d’avoir accès au grand public. Effectivement, nous saisissons l’occasion qui nous est offerte par l’organisation de cette élection européenne pour pouvoir parler à nos compatriotes. »
Quant à une réelle volonté d’imposer leurs idées en se faisant élire quitte à se rallier à des listes mieux placées dans les sondages, la tête de liste Forteresse Europe confie : « Je préfère ne pas avoir de chance d’être élu de suite sur mes idées, plutôt que d’être élu sur les idées des autres. (…) Si vous pensez aux listes de droite non reniée de Monsieur Bardella et de Madame Maréchal, je ne considère pas qu’elles sont sur des positions nationalistes. »
Yvan Benedetti soutient la liste, mais ne figure pas parmi les 81 colistiers. Il se justifie, ne voulant que la liste Forteresse Europe ne s’attire les foudres d’une prétendue répression policière ou judiciaire.
Pourquoi tenir une réunion de Forteresse Europe près de Perpignan ?
Questionné sur l’opportunité de tenir une réunion dans les Pyrénées-Orientales, la tête de liste de Forteresse Europe justifie, « ce n’est pas moi qui ai choisi Perpignan, mais Perpignan qui m’a choisi. Mon vieil ami et camarade d’outre-Pyrénées, Manuel Andrino Lobo, présente une liste aux mêmes élections. Et le terroriste indépendantiste Puigdemont fait campagne de ce côté des Pyrénées. Nous avons donc décidé de co-organiser une conférence de presse pour présenter notre combat. »
« À Perpignan, le séparatisme fait campagne contre l’Espagne avec le soutien de la gauche et de l’extrême gauche, mais aussi avec le silence complice de la droite et de l’extrême droite. » Pour rappel, Carles Puigdemont, interdit de territoire espagnol depuis le vote en Catalogne d’octobre 2017, a fait campagne depuis Argeles-sur-mer. Ce 30 mai et à l’issue du vote par le Parlement espagnol de la loi d’amnistie, Manuel Andrino Lobo ne cachait pas sa colère.
Avant l’arrivée de Pierre-Marie Bonneau, Manuel Andrino Lobo a lu une longue déclaration au vitriol. Le patron du parti, nostalgique d’une Espagne Franquiste, dénonce coup sur coup, l’impérialisme américain ou les influences maçonniques. Le militant Falangiste veut sortir l’Espagne et la France de l’Union européenne. Une organisation qu’il qualifie de « vendue à la maçonnerie, au sionisme et au globalisme et qui impose la politique impérialiste des États-Unis. » S’ils refusent le qualification d’extrême ou d’ultra droite, les phalangistes se qualifient de nationaux syndicalistes et se disent « ni de droite, ni de gauche ».
Une Union Européenne décriée, mais qui permet de diffuser toutes les idées
À grands cris d’orfraie Yvan Benedetti dénonce une répression à l’encontre de ses idées. Force est de constater qu’avec quelques milliers d’euros, ces dispositifs particulièrement démocratiques permettent à des listes confidentielles d’accéder au grand public.
- « D’une rive à l’autre », Hélène Legrais raconte l’arrivée des pieds-noirs à Port-Vendres - 22 décembre 2024
- Revue de presse du 22 décembre : Ils ont parlé de Perpignan et des Pyrénées-Orientales - 22 décembre 2024
- Tribunal de Perpignan : Arrivée de la présidente, dévoilement du projet architectural, les nouveautés 2025 - 20 décembre 2024