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Au musée Rigaud, le sculpteur catalan Richard Guino à l’honneur

Au musée Rigaud, le sculpteur catalan Richard Guino à l’honneur

Article mis à jour le 17 décembre 2023 à 11:39

Du 24 juin au 5 novembre 2023, le musée d’art Hyacinthe Rigaud de Perpignan ouvre les portes de sa nouvelle exposition temporaire. L’exposition « Guino – Renoir, la couleur de la sculpture » permet une immersion inédite dans la vie et l’œuvre d’un sculpteur catalan trop longtemps resté dans l’ombre.

Un travail inédit de recherche et de mise en lumière

Devant les journalistes, l’émotion d’Adelaïde Paul-Dubois-Taine, petite-fille de l’artiste, en disait beaucoup sur le caractère inédit d’une telle exposition. Selon ses dires, son aïeul « n’avait pas encore bénéficié d’une si magnifique mise en lumière » et demeurait un artiste « encore inexploré par les historiens de l’art ». Une anomalie pour un sculpteur à qui l’on doit notamment l’œuvre statuaire d’Auguste Renoir.

Une « œuvre restée confidentielle », pour Pascale Picard, directrice et conservatrice en chef du musée Hyacinthe Rigaud, qu’un « long travail de recherche » aura permis de révéler aux yeux du grand public. Jusqu’au 5 novembre 2023, ce sont plus de 200 œuvres qui seront exposées au musée Rigaud, permettant d’explorer les différentes périodes artistiques de la vie de Guino.

Richard Guino, un Catalan à Paris

Né à Gérone en 1890, d’un père ébéniste, Richard Guino est très vite repéré pour ses talents précoces dans la sculpture. A l’âge de 16 ans, le prodige est déjà soutenu par le journal La Acción qui lance un appel pour le voir étudier à Madrid. C’est pourtant aux Beaux-Arts de Barcelone qu’il continuera sa formation. Là-bas, il sera au contact d’une scène artistique en plein essor et avant-gardiste.

Sa rencontre avec Aristide Maillol, Catalan de l’autre côté de la frontière, le fera quitter sa terre natale pour tenter l’aventure parisienne. Là-bas, il fréquentera les plus grands noms du milieu artistique français de l’époque, à l’image de Maurice Denis ou Auguste Renoir. Autant de rencontres qui façonneront son style mais également sa carrière, deux aspects parfaitement mis en lumière par l’exposition.

Guino – Renoir, récit d’une collaboration riche et tumultueuse :

La patte de Guino, rendue plus épurée par sa rencontre avec Maillol, tapera dans l’œil du célèbre marchand d’art Ambroise Vollard. Ce dernier propose à Auguste Renoir, quasiment paralysé par la polyarthrite, de faire traduire ses peintures en statues. Grand admirateur de Maillol, Renoir est séduit par le trait de Guino, qui apparaît comme le candidat idéal dans la réalisation de cette tâche.

Une collaboration au départ étroite, comme le démontre le bas-relief du Grand jugement de Pâris (1914), présenté dans l’exposition. Les artistes travaillent de concert et l’œuvre produite par Guino reste très fidèle au tableau d’origine. À l’arrivée, les œuvres sont vendues au nom de Renoir. Mais pendant les cinq années que va durer cette coopération, le Catalan va peu à peu réaliser des œuvres qui lui laisseront davantage de libertés. Une situation qui échappe doucement à l’artiste impressionniste, qui signe pourtant toujours de son seul nom. Ainsi, Renoir mettra fin à cette collaboration, minée par les intérêts économiques derrière cette opération, l’intermédiation de Vollard entre les deux artistes, et l’invisibilisation de Guino. S’en suivra une longue bataille judiciaire menée par le natif de Gérone après la mort de Renoir afin de faire reconnaître son travail.

Guino sous toutes ses formes

C’est donc le dialogue entre les deux artistes que le titre de l’exposition « Guino-Renoir » a choisi de mettre en avant. Cette décision peut paraître étonnante, car c’est bien le travail du Catalan, avant, pendant et après cette collaboration tumultueuse que l’exposition met en valeur.

Outre la deuxième partie de l’exposition, consacrée à la collaboration des deux artistes, les visiteurs pourront découvrir dans les premières salles les œuvres les plus précoces de l’artiste. L’occasion de juger de l’influence notable de Maillol sur sa façon d’envisager ses sujets. La dernière partie de l’exposition explore quant à elle son détachement des beaux-arts et de la sculpture traditionnelle pour multiplier les supports. À la recherche de l’art total, il s’adonne tant à la céramique qu’à la décoration d’éléments mobiliers ou à la réalisation d’objets divers.

Cette fois encore, le musée fait le pari des humanités numériques

Lors de l’exposition « Monfried sous le soleil de Gaugin », la mise en ligne des cahiers journaliers de l’artiste avait permis de prolonger l’exposition depuis chez soi. Cette année encore, le musée Rigaud prend le parti du digital et de ce que le milieu universitaire a surnommé les « humanités numériques ». Le pari est ambitieux : c’est une véritable expérience de réalité virtuelle qui a été imaginée pour l’occasion.

L’installation permet, à l’image d’un œil-de-bœuf, d’entrer dans l’intimité de l’atelier de l’artiste tel qu’il est toujours conservé aujourd’hui. Une expérience immersive et rare. « Il nous a semblé pertinent de fixer ce temps, ce moment, ce quotidien où les œuvres vivent encore » justifie Pascale Picard. « On serait tellement heureux, souvent, de se plonger dans l’intimité des ateliers d’artistes… » appuie-t-elle d’un air rêveur… Avec un petit coup de pouce technologique, c’est chose possible désormais.

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