Article mis à jour le 7 février 2024 à 11:05
Du mercredi 10 janvier au mardi 6 février 2024, ce sont les soldes dans les Pyrénées-Orientales. En attendant, les ventes privées battent leur plein. Même si les vitrines semblent attiser la curiosité, les acheteurs n’ont pas l’air d’être au rendez-vous. Entre l’augmentation du coût des matières premières et celui du transport, le prix des vêtements a pris une sacrée flambée, 4% en moyenne l’an passé.
Dans ce contexte d’inflation, le début des soldes s’annonce morose pour les commerçants de Perpignan. « Cette année, ça démarre très calmement ! », lance Aurélie, vendeuse chez Izac. La commerçante estime la baisse du pouvoir d’achat à 50 euros par panier. Si vous souhaitez réaliser quelques emplettes dans la grande enseigne, comptez 10 euros supplémentaires par vêtement par rapport à l’année 2023. De quoi décourager certains acheteurs. « Je constate une baisse du trafic comparé à l’année dernière, il y a moins de clients… », confie Aurélie.
Des paniers moyens en forte baisse
Sur la zone commerciale Aushopping, les vendeurs gardent le sourire malgré le manque d’affluence. Les promotions placardées sur les vitrines ne semblent plus séduire les clients. « La baisse d’affluence est folle ! On est sûr du -20% en termes de visite », assure un vendeur de Blue box, à deux pas de l’enseigne Izac. Même constat au milieu de la galerie commerciale, chez Sergent Major : « On sent que les fêtes sont passées ! », soupire Nathalie derrière sa caisse. La vendeuse estime à son tour la baisse de consommation à 40 euros. « Le souci c’est qu’on a tellement de promotions toute l’année que les remises n’ont plus d’impact sur les clients, ils ne viennent plus spécialement pour les soldes ! »
Selon les commerçantes de Pimkie, les années se suivent mais ne se ressemblent pas. « Depuis l’épidémie du Covid, c’est l’hécatombe… Il y a eu une grosse chute du textile et cela ne remonte pas ! », assurent Nathalie et Vanessa. À quelques minutes de voiture, direction Etam, l’enseigne de prêt-à-porter situé route d’Espagne. « Les acheteurs se rapprochent des zones de chalandise proches de leur foyer. Ces dernières années, nous avons perdu beaucoup de monde », regrette Mickael, qui travaille à la boutique.
« Mon budget évolue vers le bas », lâche Marie, au milieu des rayons. « Je viens dans les magasins par curiosité pour regarder ou pour essayer. » Depuis quelque temps, la jeune femme privilégie les achats en ligne. « Je vérifie toujours les prix pour avoir plus de rabais. Je fais aussi attention aux dépenses, malgré les remises. » Comme beaucoup, Marie fonctionne aux coups de coeur. Avec l’inflation, elle a prévu de dépenser une centaine d’euros maximum pour profiter des soldes. Cette année, Dominique souhaite faire les soldes par nécessité et non par plaisir. Cette cliente privilégie également les achats en ligne, pour avoir plus de promotions. « Les années précédentes, je faisais plus des achats impulsifs », déplore-t-elle.
« Ces enseignes correspondent à un modèle has been«
Les enseignes de prêt-à-porter et les magasins d’équipements sont en chute libre. La réduction du pouvoir d’achat participe à la disparition de ces commerces. En quelques années, bon nombre de marques ont déserté le centre-ville de Perpignan, notamment rue des Augustins et de la Cloche d’or. Une razzia qui a emporté Bizzbee, Mango, Camaïeu, Célio, Desigual, et beaucoup d’autres… Même si la situation ne concerne pas que Perpignan. « La fermeture de ces boutiques m’a impactée », assure Marie, qui porte une veste Camaïeu. « J’habite en centre-ville, je suis obligée de me déplacer un peu plus loin ou faire mes achats sur internet. »
Nadia tient le magasin Le coeur des hommes, installé à deux pas du Castillet. La vendeuse tire un constat simple de ces récentes fermetures. « Ces enseignes correspondent à un modèle has been. Ce sont des marques qui se battent contre internet et d’autres modèles de grande distribution. Ils proposent des articles et une manière de consommer obsolètes. »
Dans sa boutique, la vendeuse entame à peine les ventes privées. « C’est relativement calme. Certains commerces proposent des ventes privées depuis le 26 décembre, ce qui a un peu essoufflé le trafic. » La responsable a la chance d’avoir une clientèle de niche, qui ne regarde pas à la dépense. « Si la pièce leur fait vraiment plaisir et qu’elle est de bonne qualité, le prix n’est pas un obstacle. »
Cette période de soldes, Nadia l’appréhende de manière sereine. Elle espère que l’arrivée du froid déclenchera des envies d’achats, notamment sur des pièces très peu vendues jusque-là, comme les parkas ou les gros pulls. Un avis partagé par Laurent Gauze, président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie, qui soutient que la baisse des températures permettra d’écouler la collection d’hiver.
« Il est important de conserver la période des soldes »
Du côté de la Chambre de commerce, on se veut optimiste. Même si le sondage après les soldes de l’an passé faisait ressortir une saison un peu calme selon Rose Gourdon, responsable auprès de la CCI. Cette dernière affirme que le haut de gamme s’en sort mieux que le moyen de gamme, qui souffre de la concurrence du commerce en ligne. La CCI met en avant le dynamisme du collectif et particulièrement l’association des commerçants qui fédère 2500 adhérents. Selon Laurent Gauze, de nouvelles boutiques se sont récemment installées dans le cœur de ville. Ces commerçants indépendants jouent le jeu d’internet en agissant un peu comme des showrooms.
« Certaines boutiques n’ont quasiment plus rien en stock, pour d’autres, la braderie d’hiver va vraiment permettre de faire de la place pour la nouvelle collection. Il est important de conserver la période des soldes, car c’est le seul moment où légalement, les commerçants ont le droit de vendre à perte », affirme Rose Gourdon, en relation avec les commerçants pour tout ce qui est promotions et animations collectives.
Malgré sa position frontalière avec l’Espagne, les Pyrénées-Orientales s’inscrivent depuis deux ans dans le calendrier national des soldes. Le coup d’envoi est prévu mercredi 10 janvier, et ce pendant quatre semaines.