Article mis à jour le 4 juillet 2024 à 16:37
Le 1er décembre s’ouvrent les assises du commerce. Un rendez-vous pour « projeter le commerce français dans le 21e siècle » dixit, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances que la Rédaction a eu l’opportunité de questionner. « Une démarche intéressante » selon Marc Barés, vice-président de l’Union pour l’entreprise et responsable, entre autres, des Galeries Lafayette à Perpignan. Marc Barés espère que « cette réflexion et les propositions qui en découleront permettront de porter le secteur vers l’avenir ». Pour l’Alliance du commerce, représentant des magasins de l’équipement de la personne, ces assises pour le commerce sont « un moment clé ». Selon un sondage réalisé pas la société Bonial, 53% des Français prévoient de faire des achats de Noël sur Amazon. Un chiffre qui viendra, à coup sur, alimenter les discussions entre tous les acteurs du commerce.
Le secteur compte 500.000 entités, de l’entreprise individuelle à l’hypermarché, en passant par l’e-commercant. Au niveau national, le commerce contribue à 10,4 % du PIB et emploie 3,2 millions de personnes. Ce qui en fait le premier employeur de France selon l’Alliance du commerce. En 2020, la ville de Perpignan* comptait 42 grandes surfaces, 303 commerces alimentaires et 702 non alimentaires. Pour Marc Barés, « la profession ne parvient pas à parler d’une seule voix. Elle est très éclatée avec 40 ou 60 fédérations ou syndicats ». Un élément préjudiciable pour Marc Barés, et notamment à l’heure de tenter de peser sur les plans de relances.
♦ « Parler d’une même voix » ? Pourquoi faire ?
L’Alliance du commerce met un double objectif à ces assises. Le premier est de « faire du commerce un secteur stratégique pour notre pays ». Selon Marc Barés, le commerce compte une multiplicité de modèles et parfois des enjeux qui s’opposent.
« Les politiques se concentrent beaucoup sur des secteurs d’activité comme le tourisme en France et c’est normal. Quand d’autres pèsent moins (aéronautique, automobile) mais ont des syndicats très puissants qui parlent d’une seule voix. Quand le commerce compte 40 ou 60 fédérations ou associations syndicales. Cela nous porte préjudice, et nous l’avons bien vu durant la crise sanitaire.
Pour les pouvoirs publics, il est facile d’entendre les dirigeants des 10 plus grosses boîtes dans le commerce. Mais ils ne représentent pas l’ensemble du commerce.
Je crois que les pouvoirs publics doivent entendre l’ensemble de la diversité des commerçants pour pouvoir apporter des solutions diverses et variées« .
♦ 4 ateliers et 4 semaines pour « faire dialoguer tout le monde »
Bruno Le Maire en audioconférence confiait : « Les acteurs du secteur du commerce ne se parlent pas entre eux« . Le ministre de l’Économie déplorait une représentation émiettée et une absence de dialogue. Y compris à l’heure de choisir la date des soldes, « à chaque fois vous avez des acteurs opposés les uns aux autres, tout simplement parce qu’ils ont des intérêts divergents ! ». Pour Bruno Le Maire, « il est temps de mettre toutes ces questions à plat, et d’apporter des solutions ». Le ministre se félicite de la méthode qui traite le sujet de manière globale et permet de faire dialoguer tout le monde ; « aussi bien les grands distributeurs, les représentants de l’e-commerce que les petits commerces« .
♦ Une consultation citoyenne en ligne – 35.000 participants et 1.500 propositions
Le gouvernement a lancé une consultation en ligne durant 1 mois. Ouverte à tous jusqu’au 19 novembre, cette consultation a recueilli 1.500 propositions. La plateforme « Nos Commerces« s’est articulée autour de 4 grandes thématiques, des nouveaux modes de consommation, à l’équité fiscale entre les différents acteurs ou le maillage territorial et son pendant, la désertification des centres-villes. Le ministre chargé des PME Alain Griset évoquait « un pilier de l’identité française ». Et un secteur qui doit « avoir une réflexion réelle sur son avenir ». Alain Griset soulignait qu’il « n’y avait jamais eu de politique globale du commerce dans notre pays« .
« Les commerçants sont depuis de nombreuses années dans une situation de transformation très importante. Pour certains d’entre eux, il y a même des incertitudes sur l’avenir. Les évolutions technologiques et comportementales font qu’il y a une réelle nécessité d’avoir une réflexion sur l’avenir du commerce. Et sur la façon dont nous devons, ou pas, nous positionner sur des sujets nombreux et variés ».
L’objectif de ces assises est de réunir les acteurs ; commerces numériques, physiques, de la grande surface en périphérie au petit commerce de centre-ville. Pour Alain Griset, il s’agit de partager un diagnostic et imaginer comment construire l’avenir du commerce de demain.
♦ Le détail des 4 ateliers des Assises du commerce
- Les commerces dans les territoires. Un défi à relever pour les villes moyennes et les communes rurales. Cet atelier va traiter de la vacance commerciale, des baux, de l’accessibilité des villes, de l’urbanisme commercial… Selon Bruno Le Maire, cet atelier rentre dans le détail pratique de la revitalisation des villes moyennes. Au programme, les aspects fiscaux, de transport ou d’urbanisme.
- La numérisation du commerce, et l’impact des nouveaux modes de consommation sur le commerce. « Comment informer le consommateur, faire face aux enjeux de la transition écologique ? Comment changer de modèle économique pour répondre à une offre de plus en plus segmentée ? « On va brosser beaucoup plus large que la numérisation des petits commerces », déclare Bruno Le Maire.
- Le 3e atelier traitera de l’équité de traitement entre les acteurs du commerce. « Il s’agit de renforcer la compétitivité en appliquant la fiscalité la mieux adaptée« .
- L’emploi et la formation dans le commerce. Le secteur fait face à un paradoxe, avec des emplois difficiles à pourvoir par manque de candidatures et des métiers qui disparaissent, à l’image de la multiplication des caisses automatiques. Sur ce 4e volet, le ministre souhaite « une réflexion sur l’emploi, la formation, l’expérience en magasin etc« .
♦ Des assises du commerce aussi pour « répondre aux craintes et aux attentes des Français »
Pour Bruno Le Maire, le commerce n’est pas seulement un acteur important de l’économie française. Il s’agit aussi d’un enjeu culturel et même sociétal.
« Depuis la Seconde Guerre mondiale, on voit bien qu’à chaque fois qu’il y a eu une évolution des modes de consommation et du rapport aux commerces, il y a eu une évolution de la société française. En 1953, le premier hypermarché et la création de zones commerciales entraîne une évolution culturelle. Quand on assiste à l’explosion du commerce en ligne, c’est une évolution culturelle. Et la place des géants du numérique dans nos vies quotidiennes, c’est aussi une évolution culturelle. Et donc traiter de ce sujet me semble une nécessité absolue pour répondre aux inquiétudes, aux craintes, et aux attentes de nos compatriotes ».
Selon l’Alliance pour le commerce, « le commerce joue un rôle essentiel sur les plans économique, social et d’animation des territoires« . L’organisation attend de ce rassemblement « l’adoption d’un plan d’actions concrètes permettant à toutes les entreprises du commerce de réussir leur transformation vers un modèle digital et responsable« .
♦ Le calendrier des assises du commerce
Fin décembre, à l’issue de cette réflexion, un rapport sera remis au président de la République. Concernant la mise en place, Bruno Le Maire indique que le volet réglementaire pourra être mis en place avant l’échéance de la présidentielle. « Le volet législatif et notamment les mesures fiscales pourront faire partie du projet présidentiel ».
Interrogé par Made In Perpignan sur la proximité de cette démarche à quelques semaines de l’échéance présidentielle, le ministre rappelle l’insistance et l’enthousiasmes des acteurs du commerce. « Cela fait des semaines qu’ils réclament ces assises, ils ont besoin de dialoguer ensemble, de discuter, et je pense que c’est le bon moment pour poser des choses, avoir un diagnostic. Et commencer à apporter des solutions, et mettre en place ce que nous pouvons mettre en place dès aujourd’hui ».
♦ Les nouveaux modes de consommation bousculent le commerce
Selon le ministre de l’Économie, la crise sanitaire a accéléré un certain nombre de comportements en filigrane et qui sont devenus une réalité. « L’e-commerce représentait 9% du commerce de détail en 2019, 14% en 2020, probablement plus de 15% en 2021 annonce Bruno Le Maire« . En 2020, la chambre de commerce et d’industrie avait publié une enquête sur le comportement d’achat des ménages dans les Pyrénées-Orientales.
Dans notre département, les ménages achètent en grande majorité (72%) dans les grandes surfaces. Un chiffre 2 points au-dessus de la moyenne nationale, déjà très élevé. L’étude met un focus sur l’achat des produits non alimentaires. Là aussi, les consommateurs catalans préfèrent les grandes surfaces (63%). Quand il s’agit de produits non-alimentaires, les ménages sont 14% à déclarer faire leurs achats en ligne, contre 10% au niveau national. Pendant le confinement, 42% des consommateurs ont recours à l’e-commerce pour acheter des produits non alimentaires.
Si l’e-commerce d’équipement de la personne a convaincu plus de clients depuis la crise sanitaire, c’est dans la vente de produits alimentaires que l’e-commerce a connu un bond significatif. Durant cette période, le pourcentage des ventes via les outils digitaux des grandes enseignes a augmenté de 66% de moyenne ; avec même un pic à 100% en plein confinement. Par ailleurs, sur les deux dernières semaines de mai, 1 client sur 3 était un nouvel utilisateur de l’e-commerce.
*Source, le journal du net.
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