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L’art oratoire en lumière : les jeunes Perpignanais s’expriment avec éloquence

Lycéens et collégiens de Perpignan qui s'essaient à l'art de l'éloquence

Article mis à jour le 3 mars 2024 à 10:37

Le 18 avril dernier, trois collèges du département se sont affrontés au Tribunal de Perpignan. De leur côté, 13 lycéens d’Arago planchaient pour plaider au Mémorial du Camp de Rivesaltes. Préjugés, discriminations, harcèlement, devise républicaine autant de thèmes qu’ils défendront le 1er juin prochain devant le jury.

Les collégiens de Sébastien Pons, Jean Macé et Joan Miro ont plaidé autour d’un droit fondamental des limites juridiques. Le but ? Favoriser l’approche des élèves de l’institution judiciaire par l’exercice d’oralité qu’est le concours d’éloquence. En groupe ou individuellement, ils ont défendu ou contré l’article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Prendre la parole en public, défendre une idée et être en capacité d’argumenter : faire un discours éloquent demande de l’investissement. Dans les collèges, lycées et même en études supérieures, les jeunes sont de plus en plus sollicités dans l’élaboration et la présentation d’un discours éloquent. De Perpignan à Matignon, les discours argumentés n’ont pas fini de faire parler d’eux.

À Arago, Oscar, Maïa ou Cerise défendent leurs idées avec éloquence

« Citoyenneté et valeurs : entre passé, présent et futur», tel est le projet du Mémorial du camp de Rivesaltes en partenariat avec le Lycée Arago. Vaste challenge que plusieurs lycéens de seconde ont tenté de relever. Le jeudi 1er juin, ils défendront devant le jury leurs convictions. «Sommes-nous esclaves du système ?», «Le poids des mots qui tuent», ou «Discriminations et préjugés de genre.» Suite à l’atelier «Racisme et préjugés» organisé par le Mémorial, les élèves se sont emparé d’un point de vue, d’un thème, d’une idée qui les a interpellés.

Nathan participera en juin au concours, il compte sur ce concours pour se dépasser. «Il y a la difficulté de parler devant les gens. Je vais passer à l’oral devant des personnes qui connaissent les techniques de l’éloquence. Nous bénéficions d’interventions de professionnels, comme des journalistes ou bien une comédienne pour nous aider à nous améliorer, à nous affirmer et à affirmer notre présence sur scène. Je ne participe pas pour gagner, je veux juste progresser. C’est avec beaucoup de sérieux que j’envisage ce concours.»

De leur côté, Maïa et Rayan comptent plaider en duo pour la cause des Ouïghours, et pour eux, participer c’est gagner en assurance. «Je bégaie quand je parle à l’oral et l’année prochaine il y a l’oral de français, explique Maïa, donc je compte sur ce concours pour bien me préparer. Je suis naturellement à l’aise à l’oral, j’ai juste un travail sur le bégaiement à faire.»

Rayan, lui, veut parler d’un sujet qu’il «aime» qui lui «tient à cœur». «Je trouve ça fun de faire ce concours d’éloquence. C’est bien de le faire au lycée, tous les établissements ne le proposent pas. Je pense vraiment que ce concours d’éloquence me sera bénéfique.» 

L’éloquence comme moyen d’interpellation des politiques

La cinquième édition des Rencontres jeunesse de Matignon ce mercredi a véritablement témoigné de la puissance d’un discours d’éloquence. Après plus de deux heures d’échanges entre les jeunes et la Première Ministre Élisabeth Borne, Nina Fleury Panel, étudiante en sociologie, a conclu par un discours d’un naturel éloquent. «Ne pas choisir entre la peste et le choléra», «Ce que vous faites, c’est du mépris social».

Interpeller avec des mots forts pour revenir sur le taux d’abstention des jeunes, l’étudiante, était sur son terrain de jeu. Elle a défendu ces jeunes citoyens que le politique fait semblant d’écouter. Désignée meilleure oratrice francophone de l’édition 2022 du concours Eloquencia, Nina Fleury Panel, comme de nombreux jeunes use des paramètres prérequis pour donner de la force à son discours.

Mais pourquoi donner autant d’importance à l’éloquence ?

Entrée en vigueur en 2021, la réforme du baccalauréat de Jean-Michel Blanquer a instauré une épreuve de «Grand oral». Depuis, dans l’optique de transmettre aux lycéens tous les codes de l’art oratoire, exercices et autres concours d’éloquence fleurissent. Seulement, savez-vous que prendre la parole en public est un exercice politique utilisé depuis l’Antiquité grecque ? Pour ne pas les citer, Démosthène, Aristote, Platon et Cicéron figurent comme les grands orateurs de leur époque. Près de 2 500 ans après, leurs préceptes sont toujours repris et appliqués notamment dans le domaine de la politique.

L’art oratoire passe d’abord par l’ancrage, la posture physique de l’orateur, tête haute ou épaule relâchée. Cette technique, dite du «non verbal», traduite par les gestes et le regard, permet au jury d’avoir un premier jugement de la personne écoutée.

Avant de juger le fond des propos, c’est la forme qui est scrutée. Le rythme des phrases, l’articulation, la ponctuation ou les silences, sont des paramètres utilisés depuis l’Antiquité pour capter l’attention. Capter l’attention, convaincre, voilà la mission de l’orateur.

Bien souvent, lors de ces exercices d’éloquence, les collégiens, lycéens ou étudiants n’ont que quelques minutes pour faire passer une idée. L’objectif est de développer sa thèse grâce à un argumentaire construit en amont. L’enjeu de cette prise de parole est de défendre une pensée. La stratégie de persuasion passe par le choix des mots, les figures de style, les exemples employés ou l’usage du non verbal. Avant de défendre une opinion, l’objectif de l’éloquence est de démontrer ses qualités de prise de parole et les arguments utilisés.

Éloquence et rhétorique : qu’est-ce que cela veut dire ?

Éloquence rime avec la rhétorique, d’ailleurs, ces deux mots sont quasiment synonymes. Mais pourquoi les différencie-t-on ? De prime abord, être éloquent équivaut au don de savoir «bien s’exprimer», l’art de persuader et de faire réfléchir par le discours. De l’éloquence, découle la rhétorique, signifiant «l’art de bien parler». Il s’agit d’une technique qui permet de «bien parler» et qui s’appuie sur différents moyens d’expression. L’utilisation de figures de style, reste la méthode la plus utilisée des orateurs.

Mais aussi le travail autour de la transmission des sentiments. Pour susciter l’émotion, l’orateur provoque l’empathie, suscite l’hilarité ou la peur de l’auditoire. Ainsi, de plus en plus d’établissements scolaires donnent la possibilité à leurs élèves ou étudiants de prendre la parole et d’exprimer leurs idées. Il s’agit avant tout d’apprendre l’art de bien parler, de convaincre, de persuader, et de jouer avec les mots et leur signification. Reste encore à nos futurs orateurs de travailler la posture corporelle et les tics de langage.

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Maëlle Beaucourt