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Le déclassement professionnel touche 1 salarié sur 5 en Occitanie

Article mis à jour le 28 septembre 2021 à 15:24

En Occitanie, près de 390.000 salariés occupent un poste pour lequel ils sont surdiplômés par rapport au niveau de formation généralement observé pour le poste qu’ils occupent. En 2017, cela concernait 1 salarié sur 5. Cette situation de déclassement professionnel touche davantage les jeunes, en début de carrière, et les titulaires d’un diplôme non professionnalisant de niveau Bac +3 ou Bac +4.

En dix ans, le niveau de diplôme le plus courant dans une profession donnée a eu tendance à s’élever. Mais cela s’est traduit de deux façons différentes : certains métiers ont intégré cette hausse et ont limité les risques de déclassements ; tandis que dans d’autres professions une hausse de niveau de diplôme a été constatée mais elle est trop récente. Par conséquent, le déclassement professionnel y est fréquent.

♦ La poursuite des études supérieures et ses conséquences

Si autrefois la poursuite des études supérieures était un gage de réussite pour l’avenir, aujourd’hui, la réalité est un peu différente. L’élévation globale du niveau de diplôme entraîne une forte concurrence. Pour trouver un emploi ou ne plus être au chômage, certains salariés font le choix d’accepter un nouvel emploi moins qualifié. Si le salarié occupe un poste pour lequel le niveau de diplôme est inférieur à sa qualification, il se retrouve en situation de déclassement.
En 2017, 24% des personnels des services directs aux particuliers étaient titulaires d’un baccalauréat, 7,7% d’un Bac +2, 4,4% d’un Bac +3 et 2,1% d’un Bac +5 ou d’un doctorat.

Dans cette catégorie professionnelle, la situation d’adéquation avec le niveau de diplôme correspond au niveau CAP, BEP. Cela fait donc 38,2% des salariés en situation de déclassement professionnel pour cette catégorie. Pour les contremaîtres et les agents de maîtrise, la situation est identique. 23,1% ont le baccalauréat, 19,5 un Bac +2, 6,8 un Bac +3 ou Bac + 4 et 3,9 un Bac +5 ou un doctorat. La situation d’adéquation avec le niveau de diplôme pour cette catégorie socioprofessionnelle correspond au niveau CAP, BEP. Ce sont donc 53,3% des salariés qui sont en situation de déclassement.

Répartition des catégories de salariés par niveaux de diplôme en 2017 en Occitanie.
Répartition des catégories de salariés par niveaux de diplôme en 2017 en Occitanie.

♦ 1 salarié sur 5 est concerné en Occitanie

En 2017, sur les 1,8 million de salariés qui travaillent en Occitanie, 390.000 sont en situation de déclassement professionnel, soit 22%. La région se situe derrière la Bretagne avec 24% et la Corse avec 23%. La région est riche en emplois qualifiés, et ce, dans toutes les catégories socioprofessionnelles. De plus, l’importance de l’industrie aéronautique, spatiale et pharmaceutique, de l’ingénierie et de la recherche et développement nécessite des salariés qualifiés et diplômés.

En Occitanie, ce phénomène de déclassement professionnel touche davantage les titulaires d’un Bac +3 et Bac +4. 4 salariés sur 10 occupent un poste moins qualifié que ce à quoi ils pourraient prétendre. Ces salariés semblent impactés par la mise en place du système Licence-Master-Doctorat puisque leur niveau d’études apparaît comme incomplet. La licence professionnelle, dont le but est d’amener à une insertion immédiate sur le marché du travail, fait figure d’exception.

Taux de déclassement des salariés selon l’âge et le niveau de diplôme en 2017 en Occitanie.
Taux de déclassement des salariés selon l’âge et le niveau de diplôme en 2017 en Occitanie.

♦ Un début de carrière difficile

Les recruteurs préfèrent recruter des titulaires d’un Bac +5 et Bac +8, très présents en Occitanie. Les titulaires d’un Bac +3 et Bac +4 sont donc obligés d’occuper des postes moins qualifiés. 6 salariés sur 10 de moins de 30 ans détenant un Bac +3 ou Bac +4 sont déclassés. La majorité des jeunes en début de carrière connaît une situation de déclassement professionnel. Ce phénomène n’est pas propre à la région puisque toute la France est touchée.

La raison est simple : les moins de 30 ans sont plus diplômés et moins expérimentés que leurs aînés. La situation de déclassement devient moins fréquente avec l’avancée de la carrière. Elle touche 3 salariés sur 10 avant 30 ans, 1 seul autour de 60 ans. En fin de carrière, certains salariés occupent un poste de qualification à la hauteur de leur niveau d’études, voire supérieur. Dans ce cas, il s’agit d’une situation de surclassement.

Répartition des salariés par tranche d’âge, selon la correspondance entre leur niveau de diplôme et leur catégorie socioprofessionnelle en 2017 en Occitanie.
Répartition des salariés par tranche d’âge, selon la correspondance entre leur niveau de diplôme et leur catégorie socioprofessionnelle en 2017 en Occitanie.

♦ Les jeunes femmes moins touchées par ce phénomène

Au sein des nouvelles générations, les discriminations liées au sexe ou à la nationalité sont différentes des générations précédentes. À niveau de diplôme similaire, les femmes de moins de 30 ans sont moins déclassées que les hommes. Cela est la conséquence de leur niveau d’études, souvent supérieur à celui des hommes.

La zone géographique a une incidence sur le déclassement. Dans les pôles de Montpellier et de Toulouse, le déclassement est moindre puisque l’offre d’emplois est à la fois vaste et variée. Plus on s’éloigne de ces pôles et plus le nombre d’opportunités se réduit. Cela entraîne donc plus de déclassements professionnels.

26/01/2021, Perpignan, France, quotidien des soignants hôpital St Jean secteur Covid-19 et réanimation © Arnaud Le Vu / MiP
26/01/2021, Perpignan, France © Maïté Torres / MiP

♦ Un phénomène qui se modifie dans le temps

L’âge ou le niveau de diplôme ne suffisent pas à expliquer l’important phénomène de déclassement au sein des professions. Les métiers évoluent et la durée des études s’allonge. En 10 ans, le niveau moyen de diplôme a progressé dans toutes les catégories sociales. Pourtant, dans certaines professions, le déclassement reste fréquent.

Chez les ouvriers et les personnels des services aux particuliers, le nombre de bacheliers a progressé de 6 points en une décennie. Les détenteurs d’un CAP ou d’un BEP sont moins nombreux, mais suffisants pour que ce diplôme reste le plus courant. La hausse du niveau de diplôme est flagrante mais encore trop récente pour faire évoluer celui qui est le plus courant.

Certains métiers ont évolué et requièrent plus de compétences. Par exemple, les contremaîtres et les agents de maîtrise. La majorité de ces salariés a obtenu un CAP ou un BEP. Pourtant, la part des détenteurs d’un Bac +2 ou plus a augmenté de 9 points en 10 ans. Les employeurs sont de plus en plus à la recherche de titulaires d’un BTS.

Dans d’autres secteurs, la norme a évolué et les risques de déclassement sont plus limités. Dans les professions intermédiaires de l’enseignement, et celles réglementées, de la santé, les qualifications requises ont changé. Les infirmiers sont passés d’un Bac +2 à un Bac +3 et les enseignants d’un Bac +3 à un Bac +5.

En 2007, la norme pour les employés du commerce était le CAP et le BEP. 10 ans plus tard, il s’agit du baccalauréat. D’ailleurs, dans ce secteur, le déclassement est plus faible que dans la moyenne. Pour exercer, les techniciens sont souvent soumis à l’obtention d’un diplôme spécifique, court et professionnalisant. Cela les protège du déclassement.

Caractéristiques des salariés déclassés selon leur catégorie socio-professionnelle* (en %).
Caractéristiques des salariés déclassés selon leur catégorie socio-professionnelle* (en %).

♦ L’exception de la fonction publique

Dans la fonction publique, le baccalauréat correspond au niveau minimal requis pour passer les concours de catégorie B. Il reste le diplôme le plus fréquent. Malgré cela, plus de la moitié des agents sont déclassés et 28% ont au moins un Bac +3.

L’âge auquel le déclassement est le plus marqué est plus élevé dans la fonction publique (entre 30 et 34 ans) que dans les autres catégories sociales. Excepté dans le domaine de la santé, la fonction publique est peu attractive pour les jeunes diplômés. Ils préfèrent se diriger vers les métiers du secteur privé, car la rémunération y est plus importante.

Mais face à un chômage élevé et à une pénurie d’emplois qualifiés, les métiers du public redeviennent attractifs. Les salariés sont prêts à faire des concessions pour s’assurer la sécurité de l’emploi et la possibilité d’évoluer en interne. Les salariés en reconversion professionnelle se tournent davantage vers le secteur public. Les recrutements sous statut de contractuel facilitent ces envies de seconde carrière.

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Pauline Garnier