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L’Occitanie, une région riche… en travailleurs pauvres

Illustrations viticulture

Article mis à jour le 22 janvier 2023 à 09:24

En 2018, 20% des travailleurs d’Occitanie gagnaient moins de 1.063 € par mois. Les conditions d’emploi difficiles font des femmes et des jeunes les plus nombreux à se retrouver dans cette situation de précarité. S’ajoutent à cela les parcours professionnels instables qui expliquent une faiblesse des rémunérations. Cette situation d’emploi défavorable est compensée par les prestations sociales et les revenus des autres membres du foyer. Toutefois, 8% des travailleurs de la région restent en situation de pauvreté.

Beaucoup de travailleurs pauvres en Occitanie

En 2018, un travailleur sur cinq était en situation de pauvreté dans la région. Avec ces résultats, l’Occitanie se classe parmi les quatre régions qui comptent les parts les plus élevées de ces travailleurs pauvres en revenu d’activité. Elle se classe derrière le Grand Est, la Nouvelle-Aquitaine et la Provence-Alpes-Côtes d’Azur. 470.000 travailleurs gagnent moins de 1.063 € par mois grâce à leur emploi. Si ces personnes vivaient seules ou ne bénéficiaient pas d’aides sociales, elles ne pourraient éviter la pauvreté monétaire.

La moitié des travailleurs en situation de pauvreté économique gagne moins de 500 € par mois. Une minorité de ce groupe (une personne sur six) déclare même des revenus nuls voire négatifs. Il s’agit, pour la plupart, d’aidants familiaux qui ne perçoivent pas de revenus individuels, de travailleurs en formation ou de non-salariés qui peuvent déclarer un déficit. Pour les travailleurs qui déclarent des revenus positifs, le revenu d’activité moyen s’élève à environ 650 € par mois.

Situation des travailleurs en Occitanie selon les revenus pris en compte
Infographie © Insee – Enquête sur les revenus fiscaux et sociaux 2018.

Les femmes et les jeunes d’abord !

24% des femmes sont pauvres en revenu d’activité, contre seulement 17% des hommes. 52% des travailleurs de moins de 25 ans et 24% des plus de 55 ans sont également dans cette situation de précarité.

La part des travailleurs pauvres n’est pas représentée de manière équitable dans toutes les catégories sociales. 67% des agriculteurs exploitants ont des revenus d’activité inférieurs au seuil de pauvreté. C’est aussi le cas de plus de 40% des artisans, commerçants et chefs d’entreprise et de près de 30% des employés. En revanche, seuls 6% des cadres gagnent moins de 1.063 € par mois. Les communes les plus rurales d’Occitanie sont plus touchées par la pauvreté. Un travailleur sur quatre est en situation de pauvreté. Ceux des ceintures urbaines sont moins souvent en situation de pauvreté économique.

Insee - Proportion de travailleurs pauvres en revenu d’activité en Occitanie
Infographie © Insee, Fichier démographique sur les logements et les individus 2018.

// Lire aussi notre article : Les besoins en main-d’œuvre dans les Pyrénées-Orientales

Les conséquences des contrats précaires et des parcours instables

La faiblesse des revenus peut s’expliquer par diverses raisons. D’une part, elle est le résultat des conditions d’emploi précaires. Les travailleurs pauvres en revenu d’activité sont quatre fois plus nombreux à être en temps partiel que les autres (45% contre 12%). Et cette organisation n’est pas toujours souhaitée. En effet, les travailleurs à temps partiel déclarent six fois plus souvent que les autres avoir envie de travailler davantage.

D’autre part, les travailleurs pauvres en revenu d’activité sont souvent en contrats courts. 80% des apprentis et 40% des intérimaires ou des salariés en CDD gagnent moins de 1.063 € par mois en moyenne. Seulement 11% des salariés en CDI sont dans ce cas. Concernant les non-salariés, 54% des micro-entrepreneurs ont une rémunération inférieure à cette somme.

Enfin, la faiblesse des revenus est due aux parcours instables durant les mois précédents. 29% des travailleurs considérés comme pauvres économiquement ont été soit en alternance soit au chômage soit en inactivité au cours des douze derniers mois ; contre 10% des autres travailleurs.

Illustration Pole Emploi

// Lire aussi notre article : Difficultés d’accès à l’emploi, contrats précaires : le parcours souvent compliqué des actifs immigrés

Des aides bienvenues

Un travailleur pauvre en revenu d’activité n’indique pas obligatoirement qu’il est pauvre d’un point de vue monétaire. Sa situation individuelle d’emploi défavorable peut être compensée par différents moyens. En prenant en compte l’ensemble des revenus du foyer, le nombre de travailleurs qui vivent avec moins de 1.063 € par mois passe de 20 à 11% en Occitanie.

Près des deux tiers sont des personnes seules, soit à la tête d’une famille monoparentale, soit les seuls à travailler au sein d’un ménage composé de plusieurs adultes. 61% de ces travailleurs sont à temps complet.

Un ménage peut également éviter de tomber dans la pauvreté grâce aux prestations sociales. 3% des travailleurs sont concernés. Ils perçoivent en moyenne 410 € pour une personne seule. Plus de 80% de ces travailleurs bénéficient, de manière directe ou indirecte, des minima sociaux et/ou de la prime d’activité. Les aides au logement sont présentes, mais plus rares puisqu’elles ne concernent que 65% des travailleurs pauvres.

29/11/2019, Perpignan, France Illustation CAF Caisse des Allocations Familiales © Arnaud Le Vu / MiP / APM

// Lire aussi notre article : Caf des Pyrénées-Orientales l Toujours plus d’allocataires

Des travailleurs qui restent pauvres

Malgré les prestations sociales et les compensations intrafamiliales, 8% des travailleurs restent pauvres. Cela représente 190.000 personnes qui gagnent moins de 1.063 € par mois. 87% reçoivent au mois une prestation sociale au cours de l’année, dont le montant mensuel est évalué à 250 € en moyenne. 60% ont le droit à la prime d’activité et/ou à des minima sociaux mais le montant reste faible, 160 € par mois en moyenne, ce qui est plus faible que celui perçu par les travailleurs qui évitent la pauvreté grâce aux prestations. La moitié de ces travailleurs obtiennent des aides au logement et 40% perçoivent des prestations familiales.

Par rapport à ces derniers, ceux vivant dans des ménages pauvres sont plus souvent âgés de 40 ans ou plus, vivent plus souvent seuls, en famille monoparentale ou en couple avec des enfants. Et leurs revenus sont très faibles puisque, pour la moitié d’entre eux, les revenus d’activité sont sous les 350 € par mois.

// Lire aussi notre article : Plus de bénéficiaires de l’aide alimentaire dans les grandes villes début 2021

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Pauline Garnier