Article mis à jour le 25 août 2022 à 19:16
Avant l’élection des 15 et 22 mars prochain, la rédaction a fait le choix de rencontrer un à un chacun des candidats. Ces entretiens seront publiés simultanément deux par deux. Nous avions choisi l’ordre alphabétique. Un choix sur lequel nous avons dû revenir faute de disponibilité de certains candidats. Vous pouvez retrouver, dans nos précédents articles, la présentation de Louis Aliot, Olivier Amiel, Alexandre Bolo, Caroline Forges, Romain Grau, Agnès Langevine, Jean-Marc Pujol, Clotilde Ripoull.
♦ Olivier Amiel, contrairement à d’autres candidats, on connaît peu votre parcours politique
J’ai commencé comme militant au RPR*. Je venais d’une famille gaulliste sociale ; mon grand-père était UDR** après RPR, je baignais là-dedans. Quand ils se sont rapprochés des centristes et de l’UDF***, cela ne me convenait plus. Je me souviens, tout petit militant que j’étais, d’avoir écrit à Danièle Pages. Elle était à l’époque responsable du parti dans le département. Je lui disais que je ne voyais vraiment pas ce qu’on allait faire avec les centristes !
Par la suite, j’ai retrouvé cet esprit du gaullisme auprès de Jean-Pierre Chevènement, et j’ai adhéré au MRC****. En 2008, j’étais cadre du parti, chargé de la culture, au moment d’intégrer le cabinet du socialiste Christian Bourquin, président du Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales (PO).
Au sein du cabinet, on m’a donné la mission des quartiers prioritaires, et par la suite des affaires juridiques. En revanche, contrairement à ce que déclarent mes adversaires, je n’ai jamais été socialiste ! Le MRC et Jean-Pierre Chevènement, c’était tout sauf socialiste. Certes, nous faisions partie de la gauche plurielle, mais on se faisait régulièrement traiter de fachos par les communistes. Ils nous reprochaient notre vision souverainiste et notre volonté de faire respecter l’ordre républicain.
Puis, je suis revenu dans ma famille politique quand elle-même a tenté de revenir à ses fondamentaux. Un mouvement gaulliste et social, c’était la branche de Laurent Wauquiez. Mais aujourd’hui, Les Républicains vont vers un centre mou et tiède qui ne me convient pas. Mais visiblement, je ne leur conviens pas non plus.
♦ Justement où en sont vos relations avec Les Républicains ? Vous étiez trésorier de la section des PO jusqu’à récemment ?
J’ai été exclu en tant que trésorier. Et aujourd’hui, je suis sous le coup d’une mesure disciplinaire pour être exclu en tant que membre des LR. Mais à ce jour, je n’ai plus de nouvelles. Je dis pourquoi pas ; mais je voudrais que la procédure respecte le contradictoire. Parce que j’ai le droit de me défendre de ce que l’on me reproche.
J’expliquerai pourquoi on m’a retiré mes délégations au mois de juin 2019. À l’époque, j’étais trésorier départemental, numéro 3 des LR66. Le maire de mon propre parti, pas encore candidat à l’élection municipale, m’a enlevé mes délégations tout simplement parce que j’ai osé dire que je serais candidat. Pour moi, c’est une première faute !
Ensuite, je rappellerai aussi, que ce n’est pas moi qui n’ai pas honoré ma cotisation au parti pendant plusieurs années. Les Républicains pourraient penser que [Jean-Marc Pujol] ne croyait plus au parti. Puis, chose bizarre, il est investi alors même qu’il n’était pas encore candidat. On l’investit tout en sachant qu’il est allé demander l’investiture du parti La République En Marche.
Et après, c’est à moi que le parti fait des reproches ! Finalement, l’histoire retiendra que c’est moi qui ne suis pas loyal ! Ces faits prouvent que ce n’est pas moi qui ai manqué de loyauté vis-à-vis du parti !
♦ À vous entendre Olivier Amiel, on dirait que votre seule cible politique est Jean-Marc Pujol ?
Pas du tout ! La gauche est mon adversaire politique et je ne m’en suis jamais caché. Je ne suis pas le dernier non plus pour tâcler Romain Grau [LREM] ou Louis Aliot [Rassemblement National]. Je le dis et je le rappelle, qu’il n’y avait pas d’alliance possible. Ni avec Romain Grau, ni avec l’extrême droite. Pour moi c’est évident ! Je me suis toujours présenté comme un cadre du principal parti de droite, et donc avec aucun lien possible avec la gauche.
Pour Jean-Marc Pujol, j’exprime juste quelques réalités à son encontre. Je constate son entêtement à vouloir quand même se présenter alors qu’il y a un tel rejet sur sa personne. Vis-à-vis de notre parti commun, je ne fais qu’expliquer la situation. Et je dis qu’à sanctionner quelqu’un, ce n’est pas moi qu’il faut cibler.
♦ Quelle sera votre position au lendemain du 1er tour de l’élection de mars prochain ?
Je vais me maintenir ! Car aujourd’hui, j’estime à 8% mon électorat potentiel. Et avec le travail de terrain que nous faisons, je serai à 12% le 15 mars prochain.
Mon message est clair, et je réponds par là même aux personnes qui me disent : « on t’aime bien et tu fais une bonne campagne, mais en fait tu te fais connaître pour la prochaine fois ? » Je dis NON, le lendemain de l’élection, si ça ne passe pas, c’est fini ! Ça fait 15 ans que je baigne dans la politique, je ne joue pas pour le coup d’après, parce qu’il n’y aura pas de coup d’après. Les gens ont tendance à croire que je fais cela pour marquer les esprits. Mais non, c’est maintenant ou jamais.
Je serai cohérent jusqu’au bout ! Il n’y aura pas d’alliance. On ne s’alliera avec personne, j’irai jusqu’au bout ! Alors, il est vrai que l’histoire nous montre tous les jours que l’on n’est jamais mort en politique. Mais je ne joue pas le coup d’après. Par contre, je dénonce le fait que les autres jouent le coup de trop !
♦ Votre réaction au dernier sondage qui vous crédite de 4% des intentions de vote ?
Ce sondage qui se base sur moins de 500 votants n’est pas représentatif, c’est une « patchaque »*****.
Après, je ne dis pas que je suis à 20%, mais je ne suis pas à 4% non plus ! Ça fait 15 ans que je fais de la politique, et il est vrai que parfois on peut avoir la tête dans le guidon. Mais quand je regarde froidement, je ne peux pas être à 4%.
♦ Que pouvez-vous apporter Olivier Amiel à une ville comme Perpignan ?
J’ai des choses à apporter à Perpignan, et si je ne gagne pas dommage. Mais mes idées sont sur la table, il suffit de s’en saisir et de les mettre en pratique.
Pour moi, il n’était pas question de garder les idées et de les feuilletonner au fil de la campagne, comme font Pujol ou Aliot. Non, moi je pense qu’il fallait tout montrer dès le départ. Et si on nous pique les idées, au moins nous avons l’antériorité. L’essentiel, c’est que les bonnes idées se fassent. Si mes adversaires avaient la lucidité de prendre les bonnes idées, ce serait bien, mais je n’y crois pas. Mais en tout cas, nous, nous sommes transparents sur nos projets.
Nous avons 3 axes clairs pour la ville de Perpignan. La pacification, la probité, et le progrès. Et il faut avoir la main sur l’ensemble de la mairie pour travailler sur ces trois axes.
♦ Un exemple de cette pacification, cette probité, et ce progrès ?
L’épisode du chantier à l’arrêt du quartier Saint-Jacques est un exemple qui réunit les 3 notions.
Fin juillet 2018, on m’apprend, le vendredi après-midi, que le chantier de résorption de l’habitat insalubre de la place du Puig est bloqué. Il ne manquait plus que quelques heures pour finir la démolition d’un immeuble inhabité et inhabitable depuis 2006. Mettre une voiture de police aurait permis de finir la démolition et reconstruire des logements sociaux à énergie positive pour les habitants du quartier.
Au lieu de cela, la mairie cède et cesse le chantier le vendredi. Le samedi, le dimanche rien ne se passe, et une réunion était prévue en préfecture le lundi. Le matin même, le préfet m’appelle en me disant, que le chantier irait jusqu’au bout, idem pour Jean-Marc Pujol. Puis plus de nouvelles, et j’apprends dans la presse que le préfet et le maire ont décidé de suspendre les travaux sous la menace d’une manifestation.
Quelques jours plus tard, j’apprend que durant le week-end, le député Romain Grau a encouragé cette manifestation pour mettre la pression sur le préfet et sur le maire. Et là, il ne fallait pas céder. Romain Grau a dit qu’il fallait faire bloquer le chantier par le préfet en leur faisant peur. Il a mis dans la rue des personnes qui sont allées à la préfecture au cri de « Perpignan à feu, Perpignan à sang ». On a préféré acheter la paix sociale alors qu’il n’y avait pas de sujet, sauf un sujet politique.
C’est l’exemple parfait de ce que je propose, la pacification d’un quartier, le progrès social pour Saint-Jacques et la probité par la fin de certaines manœuvres politiques.
J’ai toujours dit qu’il y avait une urgence humaine et urbaine dans ce quartier, l’un des plus pauvres de France. Le jour où ça explosera, ça explosera pour tout Perpignan. On tient là une bombe à retardement. Si j’avais été maire, je n’aurai pas cédé à la pression !
À Saint-Jacques, il y a aussi 18 épiceries et bars clandestins. Ce ne sont même pas ces commerces qui sont partout à Perpignan et qui font du trafic de drogue, de cigarette ou blanchissent l’argent. Non, là vous ouvrez la porte de votre garage et vous faites du commerce sans aucune autorisation, ou réglementation. Dans ce quartier, on ne fait rien, on achète la paix sociale à moyen terme. Mais à long terme, ça va être une explosion.
♦ Olivier Amiel, quelles sont vos priorités pour Perpignan ?
La pacification, dès le début du mandat. Il faut avoir une politique de tolérance 0. Il faut être ferme et que la police aille au maximum de ses prérogatives.
Durant les 6 premiers mois du mandat, il faut faire preuve de courage. Par exemple pour les épiceries de nuit, il faut poster une patrouille devant toute la nuit. Et si tu mets une voiture devant en permanence, le trafic est fini. Même sans amendes, s’il y a une présence policière, qui va trafiquer ? Si le trafic se déplace, on déplace la voiture de police. Si vous leur pourrissez leur emplacement commercial, vous leur pourrissez leur trafic.
Et à un moment donné, j’espère que le Préfet prendra ses responsabilités. Parce que ça ne sert à rien de dire, c’est la faute de l’État, les policiers aimeraient bien mener à bien leurs missions. C’est plus un problème de directives. Chacun prendra ses responsabilités, mais nous aurons montré que nous nous allons au bout avec notre police municipale. Au final, c’est la présence policière permanente et sectorisée qui permettra d’arrêter les trafics. C’est important que la police municipale revienne dans tous les quartiers pour agir en termes de pacification, mais aussi en termes de cohésion sociale et de prévention.
Il faut aussi faciliter l’accueil de nouvelles entreprises. Il faut s’appuyer sur nos trois plateformes technologiques universitaires. Parce que nous avons trois laboratoires de recherche très importants. Si vous cherchez des entreprises en lien avec ces laboratoires, elles auront tout intérêt à s’installer ici et à créer des emplois localement. On parle là du solaire, du biomarin et du séquençage ADN.
♦ Et la culture dans votre projet ?
Nous n’avons pas encore présenté notre programme, mais nous avons quelques idées. Et notamment, celle de prolonger le festival de photojournalisme de Visa pour l’Image. Aujourd’hui, Visa ce sont 4M€ de retombées pour la ville ; on pourrait donc accentuer le phénomène.
Nous voulons également soutenir l’éducation à l’image dans les écoles de Perpignan. Je souhaite aussi lancer une nuit des arts, qui permettrait aux sculpteurs, peintres ou musiciens de se mêler. Nous avons également pour projet de développer les tournages de films et de séries localement. Cela donne une grande visibilité à la ville qui accueille le tournage.
*RPR : Le Rassemblement pour la République est un des partis fondateurs de l’UMP devenu Les Républicains.
** UDR : L’Union des démocrates pour la Cinquième République est un parti gaulliste ayant existé de 1967 à 1976. Il devient ensuite le RPR.
*** UDF : L’Union pour la Démocratie Française est un parti centriste, il se rallie au RPR pour fonder l’UMP en 2002.
**** MRC : Le Mouvement Républicain et Citoyen a été créé par Jean-Pierre Chevènement, longtemps membre du parti socialiste.
*****Patchaque : Embrouille en argot.
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