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Romain Grau – Les grands entretiens politiques des Municipales à Perpignan

Romain Grau interview 2020 campagne municipales Perpignan

Article mis à jour le 8 septembre 2022 à 17:32

Avant l’élection des 15 et 22 mars prochain, la rédaction a fait le choix de rencontrer un à un chacun des candidats. Ces entretiens seront publiés simultanément deux par deux. Nous avions choisi l’ordre alphabétique. Un choix sur lequel nous avons dû revenir faute de disponibilité de certains candidats. Vous pouvez retrouver, dans nos précédents articles, la présentation de Louis Aliot, Olivier Amiel, Alexandre Bolo, Caroline Forges, Romain Grau, Agnès Langevine, Jean-Marc Pujol, Clotilde Ripoull.

♦ Romain Grau, pourriez-vous nous rappeler votre parcours ?

Je suis né il y a 45 ans à perpignan, et j’ai vécu à Villemolaque jusqu’à mes 18 ans. Mon père était agriculteur et mon destin était tout écrit ; je devais être celui qui devait reprendre la propriété familiale. Mais la situation économique et démographique du département a vu l’économie agricole chuter. Et puis j’ai perdu mon père alors que je n’avais que 13 ans.

J’ai été le premier de la famille à avoir mon baccalauréat. Après mon bac passé au lycée Arago, je suis parti à Paris pour faire Sciences Po. À l’époque, on ne pouvait toucher les bourses que 3 ans après l’obtention du bac. À la fin de Sciences-Po, je suis devenu l’attaché parlementaire du député socialiste de ma circonscription, Henri Sicre. J’ai travaillé pour me permettre de poursuivre mon parcours à l’École Nationale de l’Administration. Après un début dans l’administration, j’ai été recruté par un cabinet d’avocats d’affaires spécialisés en droit fiscal.

Entre-temps, je m’étais marié et nous avons eu deux enfants ; nous avons pris la décision de revenir ici. Plein de choses me manquaient ici, c’est un peu mon écurie. Nous avons voulu faire le pari, pour elle qui n’est pas catalane, de venir ici.

♦ Et votre cheminement politique ?

Malgré ce que dit ma fiche wikipedia, que je ne parviens pas à faire modifier, je n’ai jamais été membre du Parti socialiste ! Et même si je l’avais été, je n’aurai pas à en rougir. J’ai effectivement figuré sur une liste de centre, où il y avait Madame Ripoull. Mais il n’y avait pas l’investiture socialiste.

Mon parcours politique a toujours été celui d’un homme du centre. Je rêvais d’un centre qui soit capable d’incarner pas seulement un centre droit, mais un centre capable de discuter avec la gauche.

Alors que j’étais en phase de construction de ma personnalité politique, je ne voyais pas ce centre-là. J’ai toujours été un admirateur de Raymond Barre, ainsi que de Jacques Delors, dont j’appréciais la droiture, mais aussi la compétence. Quand j’étais jeune, je me définissais comme « rocardo-barriste »*. Des gens pas très sexy, pas très vendeurs ; mais dont la compétence est assise sur l’économie, le travail.

Beaucoup de démocratie chrétienne dans mon parcours, mais aussi de girondisme. Je suis catalan, et dans mon village tout le monde parlait catalan après l’école. Politiquement, c’est un univers très bordé. Mon père était un rad-soc** convaincu, et moi j’ai toujours été un homme du centre. Si je voulais résumer mes valeurs, je dirai la modération et l’amour de la liberté. Parce que laisser les personnes libres, c’est la meilleure façon de favoriser la créativité, l’esprit d’initiative. Mais cette liberté s’accompagne du social.

♦ En 2015, vous avez été élu au département avec l’étiquette UMP ?

J’ai été élu avec l’étiquette UDI (Union des Démocrates Indépendants). La première carte politique que j’ai prise est celle du Parti radical Valoisien en 2011. J’ai été naturellement porté par les années rad-soc de mon père, ses deux seules cartes politiques ont été celles du parti radical et celle du parti gaulliste dans les années 70.

Je m’étais aussi rapproché de Jean-Paul Alduy (NDLR maire de 1993 à 2009, puis Président de l’agglomération jusqu’en 2014). Au départ, j’y suis allé avec une forme de méfiance, ou de recul. Ma famille était très modeste, nous ne connaissions pas la bonne bourgeoisie. J’observais l’animal politique qu’était Jean-Paul Alduy. À l’époque, il était le leader du centre et de la droite.

Il m’avait demandé, au lendemain de l’élection de 2009, de devenir son conseiller communautaire délégué à l’action économique. J’étais l’élu le plus mal élu du conseil municipal. Cela m’a beaucoup intéressé, et j’ai accepté de tenter de le faire.

Parce qu’avant tout, je me suis engagé en politique pour faire des choses.

Moi-même, j’avais pâti de l’absence de prospérité de ce territoire, tout en me disant qu’il y avait beaucoup de choses à faire pour l’économie de ce territoire. J’ai fait le choix de prendre une année pour voir comment ça se passait. Et puis je suis tombé en admiration, même si le terme est trop naïf.

J’ai trouvé un homme [Jean-Paul Alduy] avec lequel j’étais en osmose. Travailleur, passionné par le territoire, ambitieux, extrêmement compétent ; et valorisant la compétence et le travail de ceux qui l’entouraient. À mes yeux, c’est ce qu’il nous manquait dans le département. C’est donc tout naturellement que j’ai pris ma carte du parti radical que Jean-Paul Alduy reprenait en main. Ensuite, tout s’est croisé, le Parti radical a intégré l’UDI qui s’est uni avec l’UMP ; et j’ai bénéficié de tout cela.

♦ Vous êtes aujourd’hui député En Marche ? 

Oui, la vraie mue s’est faite au moment de la primaire de la droite et du centre en 2016. J’y ai soutenu Alain Juppé, j’étais son représentant dans le département. À ce moment-là, je suis rentré de plain-pied dans le débat politique de la droite et du centre. En novembre 2016, Alain Juppé a perdu la primaire face à François Fillon. Là, j’ai cru que ma vie politique s’arrêtait là dans le département. Finalement, j’ai la chance d’avoir un métier que j’adore, et il faudra un jour ou l’autre que je le reprenne. La date va dépendre des électeurs, même si mon épouse souhaite que je le reprenne plus vite que prévu.

Quand je suis rentré le soir de la défaite d’Alain Juppé, ça n’a pas été simple. Je suis un animal affectif, parfois je m’écorche. Et même si c’était une défaite, il fallait défendre les autres. Même si j’avais du mal à défendre François Fillon, j’ai fini par respecter la règle du jeu. Ce soir-là, j’ai fait le tour de piste des médias locaux. Je suis revenu exténué à la maison, en me disant plus jamais !

Tout aurait pu s’arrêter là ; et puis, il y eut 2017… L’effondrement de François Fillon, et l’émergence d’Emmanuel Macron. Emmanuel Macron avec qui j’avais fait une partie de mes études et avec qui j’avais toujours des liens d’affection, d’empathie et d’amitié. C’est tout naturellement que je suis devenu candidat de La République En Marche aux législatives de 2017.

♦ Vous souhaitez incarner le renouvellement. Mais vous êtes dans la majorité municipale depuis 2009 ?

Moi je ne veux pas incarner ! Je me fiche d’incarner, je veux apporter des solutions ! Je pense que Perpignan est dans une telle situation de marasme, que l’on se doit en tant qu’acteur politique d’envisager et de proposer ! Estimer des solutions pour donner un meilleur destin à notre ville. C’est ça mon leitmotiv. J’ai dépassé ce moment où l’on s’interroge sur ce que l’on est. Je suis comme je suis, bourré de défauts, mais avec quelques qualités néanmoins. De ce mélange, je pense pouvoir réunir autour de moi une équipe pour faire, pour relever les défis de notre ville.

♦ Votre liste semble être composée de bon nombre d’anciens élus de la même majorité ?

Beaucoup d’anciens élus ? Vous êtes très forte de le savoir ; d’autant que ma liste n’est pas encore publique. Moi, je n’en vois pas tant que ça !

Si je vous cite Laurent Sobraques, Hélène Colls, Pierre Perrucho, Jean-Marc Moulin. Ou  d’autres noms qui vont sortir aujourd’hui tels Alain Pons, Françoise Asparre, Laurence Herlin ou Marie-Claude Auvergne… Vous voyez que les élus ne sont pas l’ADN de ma liste, ce n’est pas ce que je recherche. Après, je ne veux pas non plus de l’inexpérience. Il faut à la fois des gens qui savent, qui ont des mandats, et des gens qui amènent du renouveau et du changement. C’est l’ensemble des deux qu’il faut.

Je ne veux pas refaire du neuf avec du vieux, mais proposer des solutions, et surtout être capable de tenir mes engagements. Oui, à ce meeting, il y avait des personnalités et certaines figurent sur la liste. On aurait même pu rajouter Jean-Paul Alduy. Mais j’insiste, tous ces noms mis bout à bout, cela ne fait pas une majorité de 55 noms. Il y a d’autres noms qui ne sortent pas de la vie politique de Perpignan.

♦ Comment convaincre que vous parviendrez en tant que maire à faire ce qui n’a pu être fait quand vous étiez premier adjoint, Président de l’Agence de Développement Économique ou Vice-président à l’économie de l’agglomération ? 

Quand vous n’êtes pas maire ou président d’agglo, vous vous insérez dans une politique, dans un  contexte, dans une solidarité. Et vous restez dans votre parcelle de pouvoir, de compétence. Quand vous faites partie d’une équipe, vous apprenez aussi à ravaler parfois des choses ; même si vous n’êtes pas d’accord sur tout.

Alors, oui j’ai eu la chance avec Jean-Paul Alduy de pouvoir faire beaucoup de choses dans l’économie. J’ai créé l’Agence de Développement Économique, j’ai ouvert des zones… Mais je ne faisais pas l’ensemble de la politique économique ou urbaine par exemple. Il y avait des choses à faire dans l’urbanisme, et ce n’était pas ma compétence.

Quand j’étais premier adjoint en charge des finances, j’étais un peu l’opposition dans la majorité***. La réalité, c’est qu’on m’a donné ça comme un strapontin, personne n’a été dupe dans l’affaire. Je n’étais pas le meilleur ami de Jean-Marc Pujol. Je devais être président de la Communauté urbaine. Et patatras… Le lendemain de l’élection, Jean-Marc Pujol décide de partir sur cette élection et je me retrouve premier adjoint avec des pouvoirs extrêmement limités. J’avais un bureau qui était un placard et que j’occupais provisoirement. Dès que j’émettais quelque chose, on se débrouillait pour faire en sorte que je reçoive une réponse négative.

♦ Pourquoi avoir fait le choix de rester premier adjoint de Jean-Marc Pujol ?

C’est une très bonne question, et je me la suis d’ailleurs posée. Le jour même, je me suis interrogé ; est-ce je pouvais accepter ? J’ai beaucoup tourné ça dans un coin de ma tête. Mais si j’avais refusé, n’était-ce pas vaniteux de ma part ? Le combat politique que j’ai mené en 2014 pour contribuer à l’élection de Monsieur Pujol reposait sur la confiance. Mais elle était aussi un engagement que j’avais pris envers les électeurs. Je ne pouvais faire mon caprice le jour même en disant, « je n’ai pas la place que je veux » !

J’avais fait confiance à Monsieur Pujol, je m’étais trompé… Mais c’était donner beaucoup trop d’importance à mon ego que de dire : « puisque je n’ai pas la place que je veux, je m’en vais ». Avant ce que je voulais, c’était servir. Ce que j’aime par-dessus tout c’est ce territoire, mes idées passent par ce creuset, cette terre catalane.

Certes, j’avais une vie professionnelle extrêmement remplie, mais si j’avais quitté le spectre politique à ce moment-là, je n’aurai jamais pu revenir.

Au final, j’ai essayé de faire des choses sur lesquelles j’étais d’accord : le budget, la baisse des impôts, la baisse de la pression fiscale. Mais je regrette, qu’alors que je m’évertuais à limiter la dépense publique et à réduire la pression fiscale, d’un autre côté on crée avant tout le monde la taxe GEMAPI****.

En 2017, quand j’ai été élu en tant que député, je pouvais soit rester élu d’opposition au département ou dans la majorité à la mairie. J’ai choisi le département. Je suis dans l’opposition, mais je suis libre, je me sens plus en adéquation.

Aujourd’hui si je suis candidat, ce n’est pas pour occuper une place. Mais bien parce qu’il y a plein de choses qui ne me conviennent pas dans ce qui est fait.

J’étais déjà en désaccord avec un certain nombre de choses en préparation comme l’augmentation drastique du stationnement. Là dessus, je n’étais pas d’accord ; tout comme Monsieur Pujol a le droit de dire que c’est très bien ! Pendant deux ans, il nous explique qu’il ne fallait pas une seule heure gratuite, et, dès qu’on rentre en campagne, il découvre la vertu de la 2e heure gratuite, dont acte ! Dommage qu’il ne l’ait pas découverte dès la mise en place. Parce que ça fait souffrir les commerces, les habitants…

♦ Serez-vous aussi candidat à la Communauté Urbaine Perpignan-Méditerranée ?

Je voudrais déjà être maire de Perpignan. Parce qu’à Perpignan, il faut un maire très présent pour redresser la situation. Il faut aussi une osmose très forte entre la Communauté urbaine et la ville. Cela passe-t-il par la détention par un homme ou une femme seul.e des deux mandats ? Ou par une équipe structurée partagée entre les deux instances ? Tout est envisageable là-dessus.

Ce que je veux, c’est passer une énergie très forte au service de Perpignan, que l’intérêt des Perpignanais soit correctement défendu à la Communauté urbaine. Ce qui se joue aujourd’hui pour les Perpignanais, c’est d’avoir un maire suffisamment fort pour imposer les intérêts de Perpignan. Soit par lui-même, soit via l’exécutif de la Communauté Urbaine.

Le cumul des exécutifs ne se justifie que par la volonté de faire avancer les dossiers. Est-ce souhaitable ? Je pense qu’il y a une grande imbrication. Mais il ne faut pas se tromper, ce sont deux vrais mandats et il faut être capable de travailler beaucoup. Et pas seulement aller d’un immeuble à l’autre en vaquant à ses occupations et au milieu déjeuner.

♦ Les sondages vous donnent 3e voire 4e. Quelle est votre stratégie pour sortir second le 15 mars prochain ?

Vox Populi, vox Dei*****. Et elle ne s’exprimera que le 15 mars, on va donc avoir la sagesse d’attendre le soir du 15 mars.

Ce qu’il faut c’est parler aux Perpignanais plutôt que de parler de politicaillerie. Moi, je veux parler des problèmes de sécurité, d’urbanisme, de propreté, d’économie. 14,6% de chômage, c’est ça le terreau du Rassemblement National ! Le terreau du RN, c’est cette misère, c’est cette difficulté, cette absence, cet oubli où on semble enfermé quand on est à Perpignan. Alors qu’on a besoin de solutions de la part des élus.

Moi, je ne répondrai pas par des appareils politiques, par des alliances politiques, par des réflexions ou des tactiques politiques. Non, moi j’ai envie de développer un projet. Mais est-ce pour autant que je laisserai Monsieur Aliot ? Je pense que Monsieur Aliot Maire de Perpignan, ce serait une catastrophe pour notre ville. Cela l’isolerait, la marginaliserait. Et son élection ne résoudrait aucun des problèmes de notre ville. C’est pour cela que je ne veux pas que Monsieur Aliot soit à la mairie.

En revanche, il faut quelqu’un qui s’engage à régler les problèmes de Perpignan.  Vous savez le premier combat politique que j’ai mené à Perpignan, Aliot était à 12% ; en 2009, à 9%. Et quelques années plus tard, on le voit à 35%. Qu’est ce qui s’est passé ?

Il s’est passé que personne ne s’est pas occupé des problèmes des Perpignanais. Aujourd’hui, on parle de Front républicain à tue-tête. Mais cela ne fait que créditer le fait qu’on ne s’intéresse pas aux problèmes des Perpignanais, mais seulement à nos places !

♦ Romain Grau, on entend votre voix sur un enregistrement audio******. Depuis le chantier de l’îlot du Puig est stoppé. Quel est votre projet pour Saint-Jacques ?

Vous savez qu’en matière judiciaire, pour qu’un enregistrement audio soit retenu, il faut un certain nombre de procédures. Je n’ai jamais demandé de contre-expertise. Parce que ces histoires d’enregistrements sauvages, je ne trouve pas que ce soit de très belles méthodes.

Ensuite sur le fond, le 27 juillet 2018, il y a des grues qui vont à Saint-Jacques. Le vendredi matin et veulent casser un îlot sur la Place du Puig. C’est une des plus belles places de Perpignan, celle où se déroulaient les tournois à l’époque des Rois de Majorque ; la place sommitale de notre ville. Le quartier Saint-Jacques a été dessiné au Moyen Âge. Aujourd’hui y vit une population en grande difficulté financière, en illettrisme et en difficulté de compréhension du monde environnant.

Le 28 juillet à 9 heures, je reçois des habitants du quartier.

Ils me font des tas de griefs sur ce qui en train d’être fait. Ils ont, sans m’avoir vu, bloqué le chantier de démolition parce qu’ils ont l’impression de ne pas avoir été concertés. Et cette impression est fondée. Des îlots ont été détruits ; et à la place on a aujourd’hui, du goudron sans aucune utilité. Ni pour les habitants, ni pour l’embellissement de la ville.

Ils m’évoquent leurs difficultés à prendre à bras-le-corps ce problème, et me demandent si je peux, en tant que député, contacter le Préfet. Ils me disent qu’ils vont être reçus par le premier adjoint en charge de l’urbanisme (NDLR Pierre Parrat). Je leur réponds que ce n’est pas suffisant ; il faudrait qu’ils soient reçus par le maire.

Pour ce qui est de la phrase : « Il faut leur faire peur, ou il faut leur mettre la pression ». Ce que je voulais dire clairement, c’est que dans ce département, pour avoir un dialogue avec les politiques, il faut savoir faire valoir ses arguments.

♦ Et concernant votre projet pour Saint-Jacques ?

Ensuite qu’est-ce que je propose ? Je ne dis pas qu’il faut un statu quo sur Saint-Jacques. Il faut rénover, mais dans rénover, il y a RE-NO-VER et pas détruire pour reconstruire ! Parce que si le seul projet pour Saint-Jacques consiste à détruire pour mettre du goudron, il ne faut pas compter sur moi.

Dans la colonne « actifs » de ce quartier, il faut mettre son histoire, sa beauté, sa trame médiévale. Je me suis battu pour que l’État mette plus d’argent dans le programme de rénovation urbaine. Nous devons redonner du lustre, permettre que ce qui n’est plus habitable redevienne habitable, et consolider les habitations quand cela est nécessaire. Et puis, on ne peut pas réussir une rénovation urbaine sans les habitants du quartier, ou pire contre eux ! Et ça, ce n’est pas la faute de bibi, de Romain Grau, mais bien d’un manque de concertation !

Parce que, quand on organise une réunion dans une salle blanche et qu’on projette un PowerPoint auprès d’une population frappée d’illettrisme, et dépendante financièrement de la structure publique, tout le monde a peur de s’exprimer. Dans ce cas la concertation doit passer la visite régulière sur le quartier, discuter, avancer maison par maison.

Pour avoir une stratégie de rénovation urbaine réussie, il faut faire de la dentelle.

Moi, je veux travailler avec la population, et préserver ce qui peut l’être. Parce que c’est l’histoire de notre pays, de notre ville. Mais il ne faut pas se contenter de faire du mur ou des pierres. Il faut de l’économie, du social, de la propreté, de la responsabilisation et la scolarité.

Parlons de l’école, on a construit une école en plein milieu du quartier, c’est presque une école de réserve ! C’est bien la tentative de l’école de la Miranda. Mais on peut voir qu’au bout de 20 ans, ce n’est pas une réussite. Il faut réfléchir au modèle et aux règles de scolarisation, et à comment on peut adapter tout cela. Et avant tout le faire avec la population, et pas en donnant des leçons de manière coloniale.

♦ Quel serait votre projet structurant pour le centre ancien de Perpignan ?

Au-delà de la rénovation, il faut des projets marquants, et nous devons faire venir des investisseurs privés.

Par exemple, entre Saint-Jacques, La Réal et Saint-Matthieu, il y a la citadelle. 15 hectares vides avec 200 militaires. J’ai pris contact avec le Ministère de la défense pour racheter ce lieu et en faire un grand éco-quartier. Avec un grand parking, des habitations de bon niveau pour y faire venir des gens à fort pouvoir d’achat qui vivront et consommeront sur le centre-ville.

Ce n’est pas un grand investissement pharaonique. Par contre, nous allons tout de suite en sentir les bienfaits pour le reste de la ville. Le partenariat public-privé à cet endroit peut attirer de nouveaux investisseurs qui vont irriguer bien au-delà de ce quartier.

♦ Monsieur Puigdemont est un attendu pour un meeting le 29 février. On connaît votre proximité avec lui alors qu’il était président de la Generalitat. Serez-vous présent pour l’accueillir et quel est votre avis sur la situation catalane ?

Je pense qu’on ne peut pas importer en France un problème dont ne peut pas exporter la solution. Même si cette terre est catalane, de ce côté des Pyrénées, nous sommes en France. S’il me suffisait d’arborer un drapeau, de porter un ruban pour contribuer au règlement là-bas, je le ferai. Mais je crois que le problème là-bas doit être réglé entre les habitants, les électeurs, les citoyens, les Catalans… Bref entre la Generalitat de Catalunya et le gouvernement espagnol. Il doit y avoir un règlement politique, et à mon sens, cela doit passer par un second vote, un référendum en bonne et due forme, une consultation populaire très large. Mais encore une fois, ça regarde les Espagnols et les Catalans, et pas les Français.

Et puis, avec le problème catalan, on voit bien qu’il y a beaucoup de tension, une violence inouïe. Pour moi, c’est insupportable de voir des gens en prison pour avoir exprimé leurs opinions politiques. Eux se qualifient de prisonniers politiques. Je ne les qualifie pas de prisonniers politiques, parce que rien que la qualification pose problème. Et cela nous classe immédiatement dans un camp ou dans l’autre.

Ce problème regarde Madrid, Barcelone, Bruxelles, et c’est là-bas qu’il doit se régler et pas à Perpignan. Oui, je suis un ami de Monsieur Puigdemont, de l’homme. Or, c’est le leader politique qui va venir. Et je ne crois pas qu’il vienne pour voir Romain Grau ou Jean-Marc Pujol. Il vient pour parler à des Catalans. Ce que je ferai ce jour-là ? Honnêtement, on va voir quelles seront les informations.

♦ Êtes-vous candidat avec l’étiquette En Marche ?

[NDLR Montrant son programme sous forme de livre Pour Perpignan]. Sur la couverture, il y a écrit « Pour Perpignan », mais au dos il y a En Marche. En faisant cela, je fais l’inverse de Monsieur Aliot. Je ne vais pas enlever l’étiquette au prétexte quelle ne serait pas à la mode. Je ne vais pas vous pas dire que je ne suis pas vraiment En Marche.

Après, c’est vrai je prends des risques. Je vais rappeler la théorie du philosophe Max Weber. Il a théorisé d’un côté l’éthique du croyant et de l’autre l’éthique de l’humaniste. Le croyant est celui qui dit, « pour moi le monde parfait c’est ça, le monde actuel n’est pas parfait. Donc je m’en retire, et je commente, je critique ». Et puis, il y a l’éthique de l’humaniste, celui qui dit : « Oui, ce n’est pas parfait, c’est même difficile. Mais on va essayer de modifier les choses ». Entre les deux, je choisis l’humaniste, celui qui s’engage, c’est mieux que de ne rien faire.

Parce que le trou qui est dans la chaussée n’est ni En Marche, ni RN, ni socialiste, ni Républicain, il est juste à boucher ! Localement de nombreuses situations demandent du pragmatisme, de l’énergie, du savoir faire et pas une étiquette. C’est pour cela que je n’ai demandé à personne de mon équipe s’il avait la carte En Marche. Dans ma liste, certains n’ont jamais voté Macron et ne voteront peut-être jamais Macron, mais ce n’est pas mon souci. Mon souci, c’est de travailler pour notre ville. C’est pour ça que j’ai intitulé notre liste, « Pour Perpignan ».

Parce que la sécurité, la propreté, l’économie, tout comme le goudron pour boucher ce trou dans la chaussé ne sont pas plus En Marche que Rassemblement National.

En disant cela, je fais tout l’inverse de Monsieur Aliot. Lui, il démarre en disant qu’il n’a pas d’étiquette. Il nous dit l’avenir en grand, moi j’ai envie de dire, « l’avenir en grand danger ». Il n’a pas d’étiquette, il s’affiche chemise blanche, sourire Colgate.

Mais il ne nous dit pas : « J’ai été directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen, le compagnon de Marine Le Pen, le numéro 2 du Rassemblement National ». Il nous dirait presque, « c’était carrément une erreur de jeunesse, la preuve, je me sépare de Marine Le Pen ». Vous imaginez le truc, c’est dingue ! C’est de la poudre de perlimpinpin qu’il nous jette aux yeux. Il ferait mieux de nous dire : « Je suis RN, mais je vais avoir du mal à attirer plus largement ». Non, il préfère dire : « Je ne suis plus tout à fait RN, j’ai un peu oublié. Et puis je suis un peu bourgeois. Regardez, j’ai une permanence au premier étage d’un hôtel particulier 17e, maintenant je suis un homme respectable. »

Moi, c’est l’inverse que je veux faire. Je vous dis Oui, je suis La République En Marche, et ça ne me vaut pas que des amis. Mais j’ai ce courage ! Et j’ai aussi le courage d’avoir sur ma liste des personnes qui ne sont pas En Marche, Clotilde Font (NDLR ancien numéro 2 de la liste de Louis Aliot en 2014), Hélène Colls ou Pierre Perruchot. J’aurais aussi pu citer Vincent Malherbe.

Mais une fois qu’on s’est dit tout ça, je sais que les bonnes solutions pour la sécurité, la doctrine de la Police Municipale, la propreté, dans la proximité à construire, dans l’économie à faire rebondir, le gel de l’étalement urbain ne sont ni communiste, ni RN, ni En Marche.

♦ Notes

*Rocardo-Barriste : contraction de Michel Rocard et de Raymond Barre tous deux premiers ministres. Le premier du président socialiste François Mitterand, le second de Valéry Giscard d’Estaing (centriste UDF).

** Rad-soc, abréviation du Parti radical.

***Malgré nos recherches, nous n’avons trouvé aucun vote contre ou abstention entre les conseils municipaux du 4 avril 2014 et celui du 30 juin 2017. Confère les comptes rendus des conseils municipaux archivés sur les sites de la mairie.

****GEMAPI : Taxe perçue par Perpignan-Méditerranée pour la Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations.

*****Vox Populi, vox Dei : La voix du peuple est la voix de Dieu

♦ Retranscription

****** Retranscription du dit enregistrement audio :

« Je vois beaucoup de brutalité, peu de concertation et peu d’information. Pour en revenir à la stratégie que nous devons appliquer dans les jours à venir. Moi à mon avis, on doit leur mettre la pression, leur faire un peu peur. Que Parrat te reçoive, c’est une bonne chose, mais comme tu dis, il ne va pas vouloir t’écouter. Et donc, si on ne leur fait pas peur un peu en leur disant « écoutez, là il y a un gros problème », le Préfet ne peut pas s’associer à ça.

Parce que là compétence du Préfet n’est pas la rénovation de la ville, mais l’ordre public. Et donc il faut lui donner une justification qui me permette à moi de lui dire : Monsieur là, je crois qu’il y a un problème d’ordre public qui va se poser. Je pense qu’il serait de meilleur aloi que vous le receviez en préfecture avec Maître Parrat à côté qui expliquera ce qui doit être expliqué. Mais le problème est un problème d’ordre public. On peut avoir ensemble ce discours concerté.

Parce que je veux être très clair avec vous. Moi je suis un homme de paix et de démocratie et je ne veux pas qu’il y ait de débordements, ce n’est pas ça que je souhaite, mais il faut qu’on réussisse ensemble. Que je fasse en sorte de mettre le Préfet au milieu et que je fasse en sorte de bloquer la machine par l’état. »

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