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Perpignan | Près de 200 personnes devant la Préfecture contre les violences policières

Article mis à jour le 23 mars 2024 à 23:18

Cinq jours après les violents affrontements à Sainte-Soline (Nièvre) lors d’une mobilisation massive contre le projet des méga-bassines où de nombreuses personnes ont été blessées, notamment du côté des manifestants avec deux militants encore dans le coma, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de France pour dénoncer les violences policières ce jeudi soir. Ils étaient près de 200 à Perpignan pour affirmer la convergence des luttes écologistes et sociales.

Fait rare pour un rassemblement perpignanais, les policiers contrôlent les sacs des manifestants à l’entrée du rassemblement.

Dans la foule, les images de violences à Sainte-Soline sont dans toutes les têtes, dans tous les regards qui fixent l’horizon en ce jeudi 30 mars au soir. «C’était très choquant, on aurait dit des images de guerre», déclare Juliette, venue avec un ami. «Sainte-Soline, ça m’apporte beaucoup de tristesse», explique Alain, un gilet jaune. Sa camarade Clara ajoute : «Ça fait des années que les Gilets jaunes dénoncent ces violences, même à la télé ils commencent à en parler. Maintenant, ça me fait peur d’aller en manif à Paris ou Montpellier.»

Côte à côte, Gilets jaunes et militants syndicaux (comme la Confédération nationale du travail, de Sud-Solidaires mais aussi la Confédération paysanne) mais aussi des citoyens et citoyennes habitués des manifestations hebdomadaires contre la réforme des retraites, et parfois membre de  collectifs comme Extinction Rebellion. Et ce sont l’ensemble des violences policières qui sont dénoncées ce jeudi soir devant la Préfecture.

«On est là pour réagir face à cette violence disproportionnée de la police, c’est du jamais-vu», renchérit Christopher Pereira, secrétaire au syndicat Solidaires. «On est sur des pratiques de régime autoritaire. Mais quand on est autant en déni de démocratie avec le passage ne force par le 49.3, il ne faut pas s’étonner de ces dérives.»

Les discours se succèdent au micro, appelant tantôt à un réveil pour des mesures concrètes et justes vis-à-vis de la sécheresse sans précédent que connait le département, tantôt pour la poursuite de la mobilisation sociale, ou pour la fin de toutes les violences. «L’urgence écologique et sociale sont liées», conclut un militant, qui est largement applaudi.

Entre les slogans anti-police, des mains rouges se dressent en l’air, symbole du sang versé par ceux qui ont connu ces répressions policières.

Et quand on interroge sur la virulence du camp d’en face (47 gendarmes ont été blessés dans les affrontements du week-end), les réponses sont unanimes : «ce sont des écologistes qui sont face à des gendarmes armés jusqu’aux dents», précise Juliette, «je condamne les violences mais c’est un moyen comme un autre de se faire entendre…j’ai l’impression quand sans, on n’arrivera pas à grand-chose…»

Pour André, militant à La Ligue des droits de l’homme – organisation qui a produit un enregistrement dans lequel le SAMU assure qu’il a été empêché d’intervenir pour aider les victimes à Sainte-Soline – un fossé de plus en plus profond se creuse entre militants habitués à se mobiliser et le reste des citoyens éloignés de ce quotidien.

«L’État d’urgence sans cesse renouvelé a laissé la population vivre dans un régime dans lequel elle perdait de plus en plus de droits sans s’en rendre compte. Puis les confinements ont donné un coup d’arrêt important aux manifestations et ça a été dur de relancer la machine». Il développe : «Les personnes qui ne sont pas habituées à manifester ou à s’engager ne se rendent pas compte de la pression qui pèse sur les militants.»

Une heure après le début du rassemblement, un cortège d’une centaine de personnes se met en marche. Un groupe s’arrête au milieu de la place Gabriel Péri et arrête la circulation sous les chants joyeux de lutte de la chorale féministe et antifasciste de Perpignan. Certains automobilistes s’agacent, mais d’autres klaxonnent en soutien aux manifestants. Tous se donnent rendez-vous jeudi prochain, pour une nouvelle journée d’action contre la réforme des retraites.

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Alice Fabre