Article mis à jour le 30 mai 2023 à 10:27
Ce vendredi 26 mai, Rodrigue Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales, convoquait la deuxième cellule de crise afin de gérer les conséquences de la sécheresse historique que vit le département.
Autour de la table, tous les acteurs publics, organismes et collectivités locales, se préparent et gèrent la situation «au mieux». Alors que trois nouvelles communes sont désormais sous vigilance accrue, le préfet a rappelé les niveaux de la ressource en eau, et annoncé la fin de l’indulgence face aux indélicats qui voudraient passer outre les restrictions d’usage.
Rupture d’accès à l’eau potable, trois nouvelles communes sous surveillance
« Vingt-trois communes du département sont en vigilance au sujet de l’accès à l’eau potable« , informe Rodrigue Furcy. Trois communes supplémentaires sont venues allonger la liste des vingt villes des Pyrénées-Orientales particulièrement exposées à la rupture d’approvisionnement en eau potable. Le préfet indique que les services de l’État accompagnent ces villes pour «mettre en place des solutions techniques de secours».
Toujours sans vouloir révéler le nom des 23 communes – seulement en détaillant qu’il ne s’agit pas de « communes sur la côte » – le préfet précise : «Il y a une commune davantage touchée et où il y a un plus grand risque à court terme. Avec l’inspecteur général nommé et envoyé par le ministre de la transition écologique Christophe Béchu, notre objectif reste le même : éviter ce risque de rupture en eau potable». À ce jour, onze communes ont déjà activé les solutions de secours pour poursuivre l’approvisionnement en eau de leur population.
Malgré le risque incendie, les feux de la Saint-Jean restent bien autorisés
La pluie et une alerte «risque incendie très sévère» ont rythmé ces deux dernières semaines dans les Pyrénées-Orientales. « Pour les pompiers, c’était très dur», rappelle le préfet. «La prévention estivale au sujet du risque incendie est anticipée par rapport aux années précédentes. Notamment les informations au grand public, avec la publication de la carte journalière sur le risque incendie dans le département.»
Le préfet rappelle les restrictions pour tenter d’éviter les départs de feu. Et notamment la restriction d’accès aux massifs, voire l’interdiction en cas de vigilance orange. Pour les feux d’artifice nombreux en période estivale, les autorités précisent qu’ils ne sont pas a priori interdits. «Nous surveillerons de très près les feux d’artifice. Mais les événements festifs, comme les traditionnels feux de la St-Jean restent possibles ; s’ils sont organisés en zone habitée exclusivement, et avec la prévention et la bonne préparation du maire».
Le responsable des sapeurs-pompiers des Pyrénées-Orientales précise que «le dispositif estival est activé, les réserves en eau sont sécurisées et la cellule de crise a acté, pour les prochaines semaines, le renforcement des mesures préventives».
Publication d’une FAQ et durcissement des contrôles pour les particuliers et professionnels
Si les moyens informatifs se poursuivent au bénéfice des usagers, les contrôles seront eux plus sévères : «Le précédent arrêté date du 10 mai : nous sommes assez avancés dans la phase pédagogique. Or, il y a un enjeu de crédibilité et d’équité des applications des restrictions entre tout le monde. Nous abordons une phase de contrôles plus réguliers, avec possibilité de sanctions, chez les particuliers et les professionnels. Elle se fera en coordination avec l’OFB, la DDTM, les forces de sécurité, les polices municipales et tous les agents assermentés – sur tout le département, et en lien étroit avec le Procureur de la République».
Dès le 30 mai, une Foire aux questions sera publiée par la Préfecture. Il s’agit «d’aider et aiguiller tout le monde face aux restrictions et leur adoption.»
Des aides aux secteurs économiques touchés
Avis aux activités impactées par la sécheresse ou les restrictions associées : des cellules spécialisées par secteurs économiques seront ouvertes pour accompagner au mieux les secteurs professionnels impactés. «Des traitements via les Finances publiques et la Banque de France existent pour accompagner les entreprises et agriculteurs en difficulté».
Selon la vice-présidente d’Occitanie Agnès Langevine, « un plan d’aides d’un million d’euros est lancé« . Un soutien financier pour aider les éleveurs dans le cadre de l’abreuvement des animaux en soulageant cette pression sur d’autres ressources ; mais aussi soutenir les collectivités contraintes de mobiliser des solutions de secours. « Un Plan Eau sera présenté courant juin par la Région ».
Quid du tourisme et des professionnels du secteur alors que les réservations sont en baisse pour la saison estivale ? «Nous avons évoqué les pertes potentielles du secteur du tourisme lors de la Cellule. (…) Nous voulons activer des aides, et mettre à disposition des mesures adéquates, comme nous l’avons déjà fait lors de la pandémie de Covid.» Pour tenter de rassurer, le préfet précisait, «nous n’allons pas fermer les frontières des Pyrénées-Orientales contre les touristes».
« Nous ne sommes pas en mesure de savoir jusqu’où nous pouvons prélever sans risque dans les nappes pliocènes »
Plusieurs élus et militants des Pyrénées-Orientales s’inquiètent quant aux prélèvements en eau dans les nappes phréatiques les plus profondes, les nappes du Pliocène datant de plusieurs millénaires.
Avec ces prélèvements, les risques sur leur état de santé ne sont pas encore totalement connus et maîtrisés, si ce n’est la potentielle infiltration d’eau saline. L’infiltration peut survenir en cas de déséquilibre de pression et baisse du niveau d’eau douce. Cette pollution par l’eau salée rendrait inutilisable ces stocks potables.
Rodrigue Furcy est d’accord quant à «la difficulté de mesurer le risque et les facteurs. Mais nous gérons sur le court terme, et nous étudions l’impact sur le moyen terme. D’ailleurs, le Bureau de recherches géologiques et minières mène une étude qui doit encore durer trois ans et qui analyse ces risques sur les nappes du Pliocène.(…) Nous ne sommes pas en mesure d’avoir un modèle prédictif, et savoir jusqu’où nous pouvons prélever sans risque».