Récemment, la commission nationale des comptes de campagne a publié le détail des frais engagés par chacun des 6.290 prétendants lors des élections législatives des 12 et 19 juin 2022. Dans les Pyrénées-Orientales, 45 candidats aspiraient à ceindre l’écharpe tricolore de député. Et il n’en est resté que quatre, un, ou en l’occurrence, une pour chacune des quatre circonscriptions.
Qui a dépensé le plus ? La somme investie est-elle en rapport avec le nombre de voix récoltées ? Frais de communication, d’impression, ou de conseil, quels postes ont privilégié les candidats ? D’où vient l’enveloppe du candidat : dons, emprunts ? Autant de réponses auxquelles nous allons tenter de répondre en parcourant ces données publiques.
Qui sont les candidats les plus dépensiers pour le plus faible retour en nombre de voix ?
Le parti Les Républicains a vécu une séquence électorale particulièrement désastreuse. Le score de 4,78% de Valérie Pécresse, en dessous des 5% nécessaires à un remboursement, a fini par rendre la campagne de terrain éprouvante pour les candidats qui y croyaient ; preuve en est le montant que chacun d’eux a investi pour accéder au Palais Bourbon.
Laurence Martin avait été investie par le parti Les Républicains pour tenter de remporter la 3e circonscription. L’élue d’opposition à la mairie de Perpignan a dépensé 26.817 euros, dont 20.000€ via un emprunt bancaire pour seulement 2.359 voix. Ce qui ramène la voix à 11,36 euros.
David Bret était investi par le parti Les Républicains sur la 2e circonscription. Maire adjoint à la mairie de Canet-en-Roussillon, il est le candidat qui a le plus dépensé dans cette campagne électorale. Pari perdant, puisqu’il n’a convaincu que 4.182 voix. David Bret aura dépensé 8,53 euros par électeur.
Christine Moulenat-Gavalda est la chef du parti Les Républicains dans les Pyrénées-Orientales. Elle était également candidate sur la 1ère circonscription lors des législatives 2022. Elle a dépensé 11.820 euros, mais n’a réussi à convaincre que 1.799 électeurs, pas suffisant pour atteindre le second tour. Christine Moulenat-Gavalda a donc dépensé 11.820€ pour 1.799 voix, ce qui ramène la voix 6,57 euros.
Le tout nouveau parti politique fondé par Éric Zemmour avait réussi le tour de force de trouver des candidats pour la quasi-totalité des circonscriptions. Dans les Pyrénées-Orientales, ils étaient donc quatre investis par Reconquête. Mais plombés par le très faible score de leur candidat à la présidentielle, ils n’ont pas réussi à convaincre un grand nombre d’électeurs malgré des sommes conséquentes investies dans leurs campagnes. Ainsi sur la 3e circonscription, Charles Mandar a dépensé 8.543 euros pour 1.963 voix, soit 4,35 euros par électeur.
Frais de déplacements, postaux ou de conseils, quelles dépenses pour les candidats catalans ?
Lors du scrutin du 12 juin 2022, Pierre Bataille portait les couleurs de la majorité présidentielle sur la 3e circonscription. Les données font apparaître une enveloppe de dépenses de 30.874€ pour 9.902 électeurs. Si le ratio par bulletin n’est pas aussi élevé que celui de la candidate LR Laurence Martin, il n’en demeure pas moins l’une des plus grosses enveloppes dépensées pour un candidat qui n’atteint pas le second tour. Parmi ses plus grosses dépenses, les frais de transport (16.089€) ont englouti plus de la moitié de ses dépenses de campagne.
Sébastien Cazenove partait l’étiquette de la majorité présidentielle Ensemble. Il accède au second tour et s’incline face à la candidate Rassemblement National Michelle Martinez. Dans son enveloppe globale de 18.086€, le plus gros poste est celui des frais postaux (11.690€).
La candidate Ensemble pour la 2e circonscription, Frédérique Lis a dépensé 11.225€ – sur une enveloppe totale de 23.533€ – en frais de publications et impressions. En clair, Frédérique Lis a fait le choix du tract et des insertions de publicités. Des frais à bien distinguer de ceux liés à la campagne officielle. En effet, la commission des comptes de campagnes précise que l’impression des bulletins et de professions de foi ne doit pas être incluse dans cette enveloppe, mais comptabilisés à part.
Concernant les productions audiovisuelles ou internet, c’est Laurence Martin qui a le plus investi dans l’image avec une enveloppe de 13.016€ dans ce poste ; une somme conséquente représentant plus de la moitié de son enveloppe globale. La candidate a misé sur la vidéo avec plusieurs clips intitulés «En tête à Têt» encore visibles sur sa page Facebook. La candidate a également la plus forte dépense en conseils en communication. Elle a ainsi déclaré à la commission des honoraires de conseil en communication à hauteur de 4.990€.
Au volet recettes, dons, apport personnel des candidats, emprunts bancaires ou via les partis politiques
Sur le volet dons, c’est Romain Grau, député sortant de la majorité présidentielle sur la 1ère circonscription qui affiche le plus grand nombre de généreux supporters. La commission des comptes de campagne a validé 14.000€ de dons. David Bret et Pierre Bataille ont également perçu des sommes conséquentes en dons, respectivement 7.810€ et 6.500€. À noter que seules les personnes physiques peuvent consentir un don au candidat.
Les candidats financent également leur campagne via des emprunts qu’ils soient contractés auprès de leur parti, d’une banque ou d’une personne physique. Ainsi sur la 2e circonscription, l’écologique David Berrué a déclaré avoir contracté un emprunt auprès de son parti Europe Écologie Les Verts d’un montant de 16.000€. L’enveloppe globale de ses frais de campagne s’élevant à 20.261€. Alexandra Raspaud, et Georges-Henri Chambaud pour Reconquête, Anaïs Sabatini RN, et Francis Daspe (Nupes) ont également emprunté de l’argent à leur formation politique.
Les candidates du Rassemblement National ont toutes déclaré avoir contracté des emprunts d’un montant de 20.000€ auprès d’une personne physique. Une pratique totalement légale sous certaines conditions.
Enfin, la seule candidate à avoir fait appel à un établissement bancaire est Laurence Martin.
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