Article mis à jour le 17 septembre 2022 à 10:01
Elisabeth Borne, Première Ministre, Amélie Mauresmo, directrice de Roland-Garros, Olivia Grégoire, porte-parole du gouvernement, ces trois femmes ont obtenu de nouvelles responsabilités il y a peu. Mais sont-elles des cas isolés ? Quelle est la place des femmes à responsabilités dans notre société ? Et plus particulièrement en politique ? Le secteur privé laisse-t-il plus de place aux femmes que le secteur public ?
♦ La place des femmes en politique évolue-t-elle ?
Le 16 mai 2022, lors de la passation de pouvoir avec Jean Castex, Elisabeth Borne a déclaré : « Je dédie cette nomination à toutes les petites filles en leur disant « aller au bout de vos rêves » et rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société ». Mais qu’en est-il en réalité ?
L’Occitanie, avec Carole Delga en tant que présidente du Conseil régional depuis 2015, respecte la parité lorsqu’elle est imposée par la loi. L’égalité entre les femmes et les hommes est atteinte au sein des conseils départementaux dans la région, comme dans toute la France. La région a atteint la parité lors des élections législatives de 2017 : 24 femmes et 24 hommes siègent à l’Assemblée Nationale. Pourtant, aucune parité n’est imposée pour ce scrutin.
En revanche, au Sénat, sur les 30 élus de la région, seules 8 sont des femmes. L’Occitanie fait figure de mauvais élève puisque c’est la région (avec l’Auvergne-Rhône-Alpes) qui, proportionnellement, compte le moins de femmes au Sénat. La raison est simple : souvent seule la tête de liste est élue. Et c’est rarement une femme.
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♦ Municipales, législatives… l’exemple des Pyrénées-Orientales
La Ville de Perpignan s’était déjà faite remarquer il y a deux ans. En mars 2020, à l’occasion des élections municipales, sur les 9 personnalités en lice, 4 étaient des femmes. Un débat avait été organisé à l’initiative du CIDFF (Centre d’Information des Droits des Femmes et de la Famille). Seules les 4 femmes tête de liste – Clotilde Ripoull, Agnès Langevine, Caroline Forgues et Pascale Advenard – avaient été conviées. Chacune (exceptée Pascale Advenard qui n’était pas présente) avait exprimé son envie de voir plus de femmes dans le domaine politique.
Deux ans plus tard, ce sont les élections législatives qui font parler des Pyrénées-Orientales. Pour rappel, la loi du 6 juin 2000 contraint les partis politiques à présenter un nombre égal de femmes et d’hommes pour les élections régionales, municipales (communes d’au moins 3.500 habitants), législatives, sénatoriales et européennes.
Pour le Rassemblement National, Louis Aliot, maire de Perpignan depuis 2020, a décidé de ne présenter que des femmes dans les quatre circonscriptions du département. Les quatre candidates – Anaïs Sabatini, Sophie Blanc, Sandrine Such et Michèle Martinez – sont toutes adjointes à la Ville. C’est donc un casting 100% féminin qui se présente aux législatives pour ce parti.
Le parti Renaissance (ancien LREM) a choisi de ne présenter qu’une seule femme sur les quatre circonscriptions : Frédérique Lis. Les autres circonscriptions sont représentées par des hommes Romain Grau, Sébastien Cazenove et Pierre Bataille.
Pour l’alliance Nupes, le schéma est similaire. Seule une femme, Nathalie Cullel, est candidate dans les Pyrénées-Orientales. Elle tentera de remporter la 3e circonscription. Francis Daspe, David Berrué et Jérome Pous sont les autres candidats de cette nouvelle alliance de la gauche, créée après les élections présidentielles.
Clotilde Ripoull, Agnès Langevine, Caroline Forgues en conférence lors des Municipales de 2020. Photographie de Arnaud Le Vu / Hans Lucas.
♦ Peu de femmes à la tête d’une mairie
Dans les mairies, plus la fonction est élevée moins la parité est respectée. Et ce, aussi bien en Occitanie qu’ailleurs. Dans la région, sur la totalité des conseillers, 42% sont des femmes, elles sont 34% à occuper le poste de premier adjoint et seulement 19% élues maires. Même si le département des Pyrénées-Orientales, comme l’Ariège, l’Aude, le Gard et la Lozère, est présidé par une femme.
Par ailleurs, les femmes sortantes aux élections municipales sont plus jeunes que les hommes. En moyenne, elles sont âgées de 52 ans, contre 54 ans pour les hommes. 44% d’entre elles ont même moins de 50 ans, contre seulement 36% des hommes. Cela peut s’expliquer par la féminisation récente (mais encore trop rare) de la vie politique. Pour les mairies, la situation est identique : les mairesses sont plus jeunes que les maires (58 ans contre 61).
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♦ Les postes à responsabilités en Occitanie
En 2019, en Occitanie, les femmes sont peu présentes aux fonctions de pouvoir. Dans le secteur privé, elles ne représentent que 39% des 346.810 personnes à la tête d’une entreprise. Dans les entreprises individuelles, dont les micro-entreprises, la parité affiche 44%. En revanche, dans les SARL, SA et SAS, les femmes ne représentent qu’un dirigeant sur quatre. Plus l’entreprise se complexifie en taille ou en statut juridique, plus la présence des femmes diminue.
Les cheffes d’entreprise de la région sont également moins bien rémunérées que leurs homologues masculins. L’écart de salaire persiste, même pour ces femmes qui dirigent des entreprises. Dans les SARL, les femmes perçoivent 84% du salaire de leur confrère masculin. Dans les SA et les SAS, elles touchent 75% du revenu des hommes. Même si l’accès des femmes aux postes à responsabilités est favorisé par la loi, les inégalités salariales restent importantes.
Dans le secteur public, cela est un peu différent. En effet, les femmes sont mieux représentées ; elles occupent 41% des 696 emplois de direction de la région. Elles sont majoritaires dans la fonction publique hospitalière (54%), mais peu présentes dans les emplois de direction des fonctions publiques d’Etat et territoriale (30%). La parité est loin d’être acquise dans le secteur public. Pourtant ce dernier est très féminisé avec 60% de femmes dans la fonction publique territoriale, 63% dans celle d’Etat et 77% dans l’hospitalière.
Que ce soit en politique ou dans le secteur privé ou public, les femmes restent encore très éloignées des postes à hautes responsabilités. La parité est plus présente en politique car la loi l’impose.
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