Article mis à jour le 9 juillet 2024 à 15:35
Les saisies de cigarettes contrefaites ont plus que doublé dans le département des Pyrénées-Orientales en 2022. Les services de gendarmerie et de police alertent sur l’augmentation du nombre d’usines clandestines de tabac en Espagne. Le nombre d’opérations anti stupéfiants est lui aussi en hausse de près de 70%.
Les saisies de tabac de contrebande ont doublé en 2022
«C’est l’ensemble de la chaîne qui a fonctionné», se félicite le procureur de Perpignan Jean-David Cavaillé à propos des résultats de l’année 2022 en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants et de contrebande. Une priorité pour les forces de l’ordre du département, comme l’a rappelé le préfet Rodrigue Furcy, notamment au regard de la position frontalière des Pyrénées-Orientales. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
La hausse la plus vertigineuse concerne le tabac de contrebande : en 2022, les saisies ont presque doublé, passant de 19,7 tonnes à 38 tonnes.
À Perpignan, le 31 octobre 2022, la Police nationale faisait part d’une impressionnante saisie © Police Nationale des Pyrénées-Orientales.
Comment expliquer ce chiffre ? «Par la présence de plus en plus d’usines de production clandestines, notamment dans le sud de l’Espagne», selon Rodrigue Furcy. Fait relativement nouveau : il n’est désormais pas rare pour les douaniers d’intercepter du tabac brut qui descend de la France vers la péninsule ibérique pour y être manufacturé, avant que les cartouches de cigarettes ne fassent le trajet en sens inverse.
Pour les trafiquants, les bénéfices sont importants : un paquet de cigarettes d’une usine de contrebande est acheté entre 60 et 80 centimes pour être ensuite revendu quelques euros dans les rues françaises.
Les forces de l’ordre maintiennent aussi la pression sur les dealers
L’année dernière, 1290 opérations anti drogue ont été menées, aussi bien en ville que dans les zones rurales. Les saisies de stupéfiants ont augmenté de 48%. Les services ont ainsi saisi 18 tonnes de drogues en 2022, dans une grande majorité des cas du cannabis. Le département reste en effet le premier point d’entrée en France de ce produit venant du Maroc et d’Espagne.
En revanche le crack, cette drogue dérivée de la cocaïne, ne semble pas être un problème dans les Pyrénées-Orientales, à l’inverse d’autres départements : «Nous n’avons pas de phénomène identifié», assure Jean-David Cavaillé, souhaitant couper court à ce qu’il dit être une «rumeur persistante».
L’arrivée récente des gendarmes mobiles à Perpignan et ses environs a permis d’amplifier l’action des services sur le terrain, notamment en libérant du temps d’enquête pour les policiers. À la question de savoir combien de temps resteront ces effectifs, le préfet reste évasif: «ils sont toujours là», sourit-il.
Les trafiquants interpellés sont systématiquement déférés devant la justice. Quant aux consommateurs contrôlés en possession de faibles quantités de cannabis, ils se voient souvent notifiés d’une amende: 200€ à payer, et possiblement un stage de sensibilisation à suivre. Un dispositif de plus en plus utilisé par les gendarmes et policiers puisque 637 amendes ont été notifiées l’année dernière ; soit 20% de plus qu’en 2021. Avec un objectif : désengorger les tribunaux.
Le procureur alerte toutefois : «les taux moyens de THC actif dans le cannabis sont passés de 20% à près de 85% parfois.» Les risques d’accoutumance sont donc plus élevés… avec d’autres incidences. Le procureur rappelle qu’au-delà des saisies et des trafics, la consommation de stupéfiants est un facteur aggravant les problématiques de santé publique telles que l’insécurité routière ou les violences intrafamiliales.