Article mis à jour le 26 août 2022 à 18:22
Elles sont aide-soignante, infirmière, agent-de-service-hospitalier, cadre de santé ; nous les avons rencontrées pendant leur travail, dans un des services Covid de l’hôpital de Perpignan. Plus particulièrement le Service des Maladies Infectieuses et Tropicales (Smit).
Ces femmes se battent depuis presque un an, en première ligne, contre la pandémie et au bénéfice des malades. Cette semaine, elles se préparent à l’arrivée de l’éventuelle troisième vague. Paradoxalement, dans leur quotidien au plus près du virus, elles n’ont pas vu de réelle coupure depuis octobre et la deuxième vague. La fatigue est la même. Les équipes tiennent grâce à la cohésion et la communication.
La gent féminine est majoritaire dans les couloirs de l’hôpital. Une série de photos en guise de rencontre. Portraits de cinq de ces héroïnes d’une crise sanitaire qui ne s’arrête pas.
♦ Adeline, Infirmière et Cadre
Adeline est infirmière depuis douze ans au centre hospitalier de Perpignan. C’est la septième année qu’elle remplit les responsabilités de cadre de santé. Nouvelle au Smit depuis quelques semaines, elle a exercé, pendant la majorité de la pandémie, au service réanimation. Adeline chapeaute la logistique et l’organisation du personnel soignant.
« Quand je rentre chez moi, ou pendant mes jours de repos, je me demande toujours si j’ai bien fait mon travail. Si je n’ai pas oublié telle ou telle commande. Si j’ai mis suffisamment de personnel sur tel ou tel créneau. Mais au Smit, en tant que cadre, je retrouve davantage de relations avec les patients que ce que j’avais en réa. Ici comme en réa – et c’est valable pour n’importe quel poste – on fait ce métier par vocation. On ne vient pas à ce métier par hasard, au risque de ne pas y rester« .
♦ Carole, Agent des Services Hospitaliers
Carole est agent de service hospitalier. Elle travaille depuis cinq années au Centre Hospitalier de Perpignan. Elle a rejoint le Smit en juin. Ce matin-là, elle est seule. Son service se termine à 15 heures 30 et sa collègue arrive vers 12h30. Nous rencontrons Carole alors qu’elle nettoie la chambre d’une patiente Covid transférée – dix minutes plus tôt – en service de réanimation. Un travail vital. Il faut tout décontaminer. Tous les pans de mur. Tous les meubles et objets de la chambre. Sans oublier les installations et outils médicaux.
« Normalement, il faut environ dix minutes pour une chambre dite normale ; quand pour une avec un patient Covid, c’est environ trente. J’évite de voir mes proches et je n’embrasse pas mes enfants et petits-enfants quand je les vois. Je fais attention. Je touche du bois : contrairement à nombreux de mes collègues je n’ai pas attrapé le virus. Avant d’arriver au Smit, en juin, j’avais déjà travaillé dans un service Covid au printemps dernier. Aujourd’hui, j’ai acquis les bons réflexes face à la pandémie ; si jamais la 3ème vague arrive, je suis mieux préparée ».
♦ Marie, Infirmière
Originaire de Paris, après être passée par Arles où elle exerçait déjà en tant qu’aide-soignante, Marie a commencé au Smit de Perpignan il y a neuf ans. Nous la suivons pendant sa tournée du matin, de chambre en chambre. Nous entrons avec elle voir un patient Covid de longue date. Il est indépendant, mais elle l’aide à se frayer un passage jusqu’à la salle de bains. Il faut faire attention à toutes ses tubulures, à sa bouteille d’oxygène, aussi. Marie s’attelle à ranger la chambre, changer les draps de lit, contrôler les dispositifs médicaux, les nettoyer, etc. Le patient revient de sa douche et se réinstalle dans le lit.
Elle en profite pour échanger quelques mots : « il va falloir faire de la rééducation respiratoire ». Puis la discussion se poursuit sur la pandémie de manière plus générale : « Le virus c’est notre quotidien. Vous savez, nous, les soignants, on ne peut pas beaucoup voir nos proches ». « Ce patient est traumatisé et je le comprends : il a effectué un séjour en réanimation. Là-bas les soins sont agressifs. Mais il est sur la bonne voie« .
♦ Sylvie, Aide-soignante
Sylvie est aide-soignante au Smit. Les vagues successives de la pandémie ne lui ont pas retiré son sourire partageur. Elle a le contact facile. Elle donne des petits noms à ses « patients adorés » comme elle les appelle. Vers midi, on se retrouve pour déjeuner en salle du personnel. « Tu vas voir : quand on se prépare l’assiette, ça ne sonne pas. Mais à peine terminée, et prêtes pour s’asseoir et manger, les patients vont nous appeler« . Ça ne loupe pas. À peine les couverts à la main, la lumière indiquant le numéro du patient qui sonne s’affiche l’écran accroché au mur. Sylvie y va. Une fois. Puis revient. Et rebelote. « Il m’a appelé pour aller aux toilettes. Dans 5 minutes, il faudra repartir pour l’aider à en sortir« .
Plus tard, Sylvie se confie sur les débuts de sa carrière : « Je me souviens à 19 ans, à peine diplômée, je me disais que jamais je ne bosserai à l’hôpital avec ces vieilles aigries ! Je ne voulais pas être dans le service public. Et regardez maintenant ça va« . La quarantenaire rigole. « S’il faut, les jeunes aides-soignantes, aujourd’hui, elles disent la même chose de moi ! » Et elle se rassure auprès de ses collègues : « Mais n’importe quoi ! On est joyeuses nous ! »
♦ Sabine, Aide-soignante
Sabine est aide-soignante et accro de course à pied. On la retrouve pendant le déjeuner aux côtés de sa collègue et amie Sylvie. Elle la relaie pour les allers-retours entre la salle du personnel et les chambres des patients.
D’après elle, si l’équipe tient, « c’est grâce à la cohésion du personnel du Smit. On est tous solidaires. Nous nous connaissons très bien. On se voit à la maison et en famille. Bien avant le mois de mars dernier et la pandémie. Alors forcément, pendant cette crise, cela aide beaucoup pour tenir le choc. Et puis il y a la communication. La hiérarchie est accessible et on échange souvent au sujet de divers problèmes. Elle est là pour nous. Certains ont refusé leur prime Covid pour nous la donner« .
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