Article mis à jour le 7 juin 2023 à 16:40
Durant cette année 2020 très particulière, la recherche et la statistique publique se sont, elles aussi, fortement mobilisées. Elles ont notamment apporté des éclaircissements sur l’évolution du marché du travail, de nos conditions de vie ou de la conjecture du moment.
À situation extraordinaire, dispositif sur-mesure. De nouvelles données ont été mobilisées et exploitées de façon inédite ; et ces enquêtes ont permis d’avoir une vue d’ensemble de la situation sociale de la France durant le premier confinement.
Ces études mettent notamment l’accent sur les inégalités sociales et territoriales, sur les différences entre les hommes et les femmes ; des situations sociales parfois nouvelles, mais le plus souvent identifiées et accentuées avec la situation sanitaire.
Focus sur l’impact de la Covid-19 sur le portrait social de la France de 2020.
♦ Covid-19 – Quand pauvreté rime avec mortalité
En mars-avril 2020, un surcroît de 27.000 décès a été constaté ; soit 27% de plus par rapport à la même période l’année précédente. Cela s’explique notamment par la surmortalité engendrée par l’épidémie de Covid-19. En France, 2 régions ont été plus particulièrement touchées : l’Île-de-France (+91%) et le Grand Est (+55%). À noter que la Seine-Saint-Denis, le département métropolitain le plus touché par la pauvreté, se distingue par l’excédent de mortalité le plus fort en mars-avril 2020 (+123%).
La mortalité a touché notamment les personnes les plus âgées ; celles résidant dans les communes les plus pauvres et celles nées à l’étranger. Entre le 1er mars et le 30 avril 2020, l’évolution des décès, toutes causes confondues, a progressé de 54% pour les personnes nées au Maghreb, 114% pour celles nées dans les pays d’Afrique, 91% pour celles nées en Asie ; contre seulement 22% pour les personnes nées en France.
Source INSEE
Les plus modestes ont un risque plus élevé de développer une forme grave de Covid-19. En effet, le risque d’exposition varie selon les milieux sociaux. Pendant le confinement, les employés et les ouvriers ont généralement continué à se rendre au travail ; des salariés qui vivent le plus souvent dans des logements surpeuplés et situés dans des communes denses. Enfin, les ouvriers et les employés souffrent plus souvent d’obésité ou d’une pathologie associée à un risque élevé de développer une forme de grave de Covid-19.
♦ Une baisse d’activité et un confinement qui se répercutent sur la situation financière
La baisse d’activité et les pertes d’emplois ont davantage touché les plus précaires. Au premier semestre 2020, 715.000 emplois ont été détruits ; en particulier dans l’intérim. 9% des 15-24 ans ont perdu leur emploi durant le confinement ; contre 2% des 40-65 ans. En outre, le chômage partiel a principalement concerné les ouvriers (54%) et les employés (36%). En revanche, 81% des cadres ont travaillé à domicile.
23% des ménages estiment que leur situation financière s’est dégradée avec le confinement. La chute de l’activité économique explique ce sentiment de perte financière ; 53% des artisans et commerçants et 37% des ouvriers estiment que leur situation financière s’est dégradée avec le confinement.
La raison est simple : ce sont les catégories pour lesquelles la durée de travail a été le plus réduite au cours de cette période.
33% des ménages avec enfants déclarent que leur situation financière s’est dégradée, contre 18% de ceux n’ayant pas d’enfant. Les personnes aux ressources les plus modestes ont été plus impactées par le confinement. Fin avril 2020, un quart des Français estimaient que leur situation financière serait difficile au cours des douze prochains mois, pour payer le loyer, le crédit ou les charges. Ce sentiment est plus fort chez les personnes modestes puisqu’il concerne 4 personnes sur 10.
♦ Un suivi scolaire plus compliqué dans les familles modestes
Pendant le confinement et la fermeture des établissements scolaires, selon leurs parents, 4 élèves du second degré sur 10 ont consacré au moins trois heures par jour à leur travail scolaire en moyenne. 33% des élèves du second degré ayant des difficultés scolaires ont consacré trois heures ou plus à leur scolarité ; contre 47% des bons élèves.
6 parents de collégiens et lycéens sur 10 ont déclaré que leurs enfants ont rencontré souvent ou très souvent au moins une difficulté liée au travail scolaire ; organisation du travail, autonomie, manque de matériel, problème de connexion ou de compréhension de cours.
Les difficultés ont été encore plus accentuées chez les enfants ayant des difficultés scolaires, issus d’une famille nombreuse ou d’un milieu défavorisé.
♦ Ce qui a changé dans nos activités durant le confinement
Pendant le confinement, les pratiques culturelles semblent être moins clivées socialement. 13% à 20% de la population âgée de 51 ans ou plus a pratiqué la musique, le dessin, la danse, la peinture, la sculpture, ou encore, le montage audio et vidéo. Au cours de l’année 2018, ce taux était inférieur de 5% à 6%. La pratique d’une activité scientifique ou technique a été déclarée par 17% de la population confinée ; contre seulement 7% deux ans auparavant.
En ce qui concerne la pratique d’une activité en amateur, l’écart entre les cadres et les ouvriers s’est considérablement réduit pendant la période de confinement.
Le confinement a engendré une très forte consommation de contenus culturels sur écran. Deux tiers de la population a visionné des vidéos sur Internet ; contre la moitié des Français en 2018. L’utilisation des réseaux sociaux s’est accentuée, et s’est même très développée chez les personnes âgées. Autre pratique qui s’est répandue pendant cette période de confinement : les jeux vidéo.
♦ Quid des tâches domestiques pendant le confinement ?
En ce qui concerne les activités domestiques, les différences entre les femmes et les hommes ont persisté pendant le confinement. Les femmes ont consacré plus de temps que les hommes aux tâches domestiques et à s’occuper des enfants ; même lorsque celles-ci travaillent à l’extérieur.
19% des femmes et 9% des hommes âgés de 20 à 60 ans ont consacré en moyenne au moins quatre heures aux tâches domestiques courantes au quotidien. En mai 2020, 43% des mères d’un enfant mineur ont passé plus de six heures par jour à s’occuper des enfants, contre seulement 30% des pères.
♦ Quiz : saurez-vous répondre à ces 5 questions sociales ?
En 2019, un enfant de moins de 18 ans sur huit vit dans une famille ou aucun parent n’est en emploi ; dans les familles monoparentales, c’est un peu plus d’un sur trois. Cette situation, plus encore que la taille de la fratrie ou le milieu social, est associée à un fort risque de pauvreté pour les enfants.
Parmi les élèves entrés en sixième en 2007, 52 % ont des parcours linéaires ou quasi linéaires dans la voie générale ou technologique ; contre 38 % des élèves entrés en sixième en 1995.
94 % des femmes cadres déclarent ne pas avoir fumé pendant leur grossesse ; contre 66 % de femmes ouvrières.
L’année 2019, 83,1 % des jeunes sortis de formation initiale depuis 1 à 4 ans sont actifs au sens du Bureau international du travail : 69,1 % sont en emploi et 14,0 % au chômage.
L’année 2018, le taux de pauvreté s’élève à 14,8 % de la population. Il augmente de 0,7 point par rapport à 2017. Au cours de ces vingt dernières années, le taux de pauvreté est à son minimum en 2004, à 12,7 %.
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