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Insécurité et délinquance en 2020 | Bilan d’une année sous Covid

22/09/2020, Perpignan, France, Opération contrôle police stupéfiants cité Champ de Mars

Article mis à jour le 22 mai 2023 à 09:23

L’analyse des crimes et des délits enregistrés par la police et la gendarmerie en 2020 permet de dresser le bilan de l’évolution de la délinquance en France, par rapport à l’année 2019 et aux années antérieures

Ce bilan est réalisé chaque année par le SSMSI : le service statistique en charge de la sécurité intérieure. Homicides, violences intrafamiliales, violences sexuelles, escroqueries, quelles ont été les tendances et l’impact de la Covid en 2020 ?

Homicides enregistrés par les services de police et de gendarmerie : baisse en 2020 

En 2020, le nombre de victimes d’homicides est en baisse (-17 victimes par rapport à 2019) et s’élève à 863 victimes ; dont 7 en lien avec un attentat terroriste. 

Au niveau régional, le taux d’homicides par habitant est plus élevé dans les régions Corse et Provence-Alpes-Côte-d’Azur ; respectivement 3 pour 100.000 habitants et 2 pour 100.000 habitants). Parmi les victimes, un peu moins d’un tiers d’entre elles sont des femmes ; sachant que les classes d’âges les plus touchées sont les 15-29 ans et les 30-44 ans. De même, les personnes mises en cause sont majoritairement des hommes avec une nette surreprésentation des 18-29 ans. 

En 2020, très légère hausse des coups et blessures volontaires enregistrés, en lien avec celle plus importante des violences intrafamiliales

Le nombre de victimes de coups et blessures volontaires sur personnes de quinze ans ou plus enregistrées par les services de sécurité augmente très légèrement en 2020 (+ 1%) ; et ce après des hausses très marquées en 2018 et 2019 (+8% pour chacune de ces années). Parmi les victimes de coups et blessures volontaires, le nombre de victimes de violences intrafamiliales enregistrées continue fortement de s’accroître en 2020 ; +9% après des hausses de +10% en 2018 et +14% en 2019. En revanche, dans le contexte de la crise sanitaire, le nombre de victimes d’autres coups et blessures volontaires diminue nettement en 2020 (-7%). Alors qu’il avait augmenté en 2018 (+6%) et en 2019 (+4%).

Coups et blessures volontaires enregistrés (sur personnes de 15 ans ou plus) et part des violences intrafamiliales (VIF), cumul annuel © SSMSI

En 2020, le nombre de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus dépasse les 260.000 victimes.

Pourtant, ce chiffre sous-estime le phénomène des violences puisque selon les enquêtes de victimation, malgré la gravité de ce type d’actes de délinquance, la majorité des victimes ne déclarent pas les faits dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie. Selon l’enquête CVS, sur la période 2016-2018, moins d’un quart des victimes de violences physiques exercées par un auteur qui n’appartient pas ou plus à leur ménage ont formellement déposé plainte.

Près de six victimes de coups et blessures volontaires enregistrées sur dix sont des femmes. Ces dernières sont plus exposées que les hommes à ce type de violence à l’âge adulte ; tandis que les garçons mineurs sont plus concernés que les filles mineures. Et si les femmes sont largement majoritaires parmi les victimes de violences intrafamiliales enregistrées (85%), environ deux tiers des victimes de coups et blessures volontaires enregistrés en dehors du cadre familial sont des hommes. Les auteurs présumés de coups et blessures volontaires sont à 85% des hommes.

Les violences sexuelles enregistrées et en particulier les viols augmentent en 2020 

En 2020, le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées par les services de sécurité a poursuivi la hausse (+3%) observée les années précédentes. Dans le contexte de la crise sanitaire, cette augmentation est néanmoins beaucoup moins forte qu’en 2018 (+19%) et 2019 (+12 %). Alors que la forte hausse observée ces dernières années pour les viols et tentatives de viols enregistrés par la police et la gendarmerie se poursuit en 2020 (+11%), les autres agressions sexuelles sont en baisse en 2020 (-3%) après des hausses en 2019 et 2018. 

L’augmentation sensible des violences sexuelles enregistrées ces dernières années s’explique notamment par une évolution du comportement de dépôt de plainte des victimes ; dans le climat des différents mouvements sur les réseaux sociaux ayant favorisé la libération de la parole des victimes. En outre, l’augmentation des violences sexuelles enregistrées s’inscrit dans un contexte d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services (formations spécifiques, organisations adaptées, intervenants médico-sociaux,…).

Violences sexuelles enregistrées entre 2016 et 2020 © Sources : SSMSI, bases des crimes et délits.

Des violences sexuelles difficiles à estimer

Néanmoins, le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées – s’il atteint un point haut en 2020 (près de 55.000 dont plus d’un quart dans le cadre intrafamilial) – sous-estime encore largement le phénomène. D’après l’enquête CVS, sur la période 2016-2018, un peu moins d’une victime de violences sexuelles sur six a déposé plainte dans un commissariat ou une brigade de gendarmerie. Par ailleurs, il est vraisemblable que les chiffres de l’enquête CVS sous-estiment aussi le nombre réel de victimes : certaines personnes interrogées peuvent hésiter, malgré le caractère anonyme de l’enquête, à décrire ce type de violences.

Plus de la moitié des victimes de violences sexuelles enregistrées sont des mineurs. Les filles comme les garçons connaissent un pic de violences sexuelles dès l’enfance. Alors que la proportion de victimes de ce type de violences décroît fortement ensuite chez les hommes, elle progresse jusqu’à un second pic pour les filles, à l’adolescence et au début de l’âge adulte, avant de décroître lentement à partir de 30 ans.

Dans le contexte de la crise sanitaire, les vols, les cambriolages de logements et les dégradations reculent très nettement en 2020 

Dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19, ayant donné lieu notamment à des mesures exceptionnelles de confinement de la population, les indicateurs de la délinquance enregistrée présentent des évolutions très atypiques depuis mars 2020. En particulier, certaines formes de délinquance ne peuvent pas autant s’exercer dans un contexte de confinement ou de couvre-feu qu’en situation habituelle. Plusieurs indicateurs enregistrent ainsi de très nets reculs en 2020 : les vols sans violence contre des personnes (-24%), les cambriolages de logements (-20%), les vols violents sans arme (-19%), les vols d’accessoires sur véhicules (-18%), les vols dans les véhicules (-17%), les vols de véhicules (-13%), les destructions et dégradations volontaires (-13%) et les vols avec armes (-8%). 

Malgré quelques évolutions spécifiques à la période du premier confinement sanitaire (moins de jeunes impliqués qu’habituellement), les profils des victimes et des auteurs présumés sont globalement stables. Les jeunes sont fortement représentés parmi les auteurs présumés dans la délinquance d’acquisition. 

Même si elles restent minoritaires parmi les auteurs présumés pour les différents indicateurs de la délinquance enregistrée, les personnes de nationalités étrangères y sont globalement surreprésentées. Leur part parmi les auteurs présumés est plus importante que leur part dans la population résidant en France métropolitaine. Les personnes de nationalités étrangères sont également surreprésentées parmi les victimes de certains types de faits ; en particulier les vols avec armes, les vols violents sans arme et les vols sans violence contre des personnes. 

Cumuls hebdomadaires en date de commission des faits. © Sources : SSMSI, bases des crimes et délits.

Les escroqueries enregistrées par les services sont légèrement orientées à la hausse en 2020 

Dans le contexte de la crise sanitaire, les escroqueries enregistrées par les services de sécurité augmentent très légèrement en 2020 (+1%) ; après une hausse très marquée en 2019 (+11%). En fin d’année 2020, le nombre d’escroqueries enregistrées est au-dessus de son niveau observé avant le premier confinement ; dans le prolongement de sa tendance d’avant crise sanitaire. 

La proportion de ménages qui déclarent avoir été victimes de débit frauduleux sur leur compte bancaire a plus que doublé entre 2010 et 2018. Sur la période 2016-2018, un peu moins d’un quart des ménages victimes d’escroqueries bancaires ont déposé plainte dans un commissariat ou une brigade de gendarmerie.

Les victimes d’escroqueries enregistrées sont plutôt de jeunes adultes. La victimation des personnes physiques est significative à partir de 18 ans ; elle culmine à 19 ans puis tend à décroître lentement avec l’âge. Les auteurs présumés d’escroqueries enregistrées sont majoritairement des hommes (68 %) ; mais la proportion de femmes est très supérieure à celles observées pour d’autres formes de délinquance.

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