Article mis à jour le 21 mai 2023 à 08:00
Le 17 mai est la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie ; l’occasion de revenir sur la récente publication du bilan des crimes et délits contre les LGBT du SSMSI, le Service Statistique Ministériel de la sécurité intérieure.
Les atteintes anti-LGBT commis en 2020, une année rythmée par les confinements et le couvre-feu, sont différentes de l’année précédente. Même si les actes commis dans les lieux publics restent majoritaires, le confinement a également engendré une forte hausse des violences au sein des lieux privés.
♦ Des crimes et délits anti-LGBT en baisse : conséquence d’une année 2020 marquée par la crise sanitaire.
En 2020, les services de police et de gendarmerie nationales ont enregistré en France métropolitaine 1.590 victimes de crimes ou de délits anti-LGBT. Par rapport à 2019, ce nombre de victimes a diminué de 15% en 2020 ; après une hausse de 36% les deux années précédentes. Cela s’explique surtout par la crise sanitaire et les deux confinements qui ont été décrétés en 2020.
La baisse du nombre de victimes de crimes ou de délits n’est pas propre à la communauté LGBT mais s’applique à l’ensemble des Français. En effet, le bilan général du SSMSI montre également une baisse du nombre de victimes d’homicides et d’actes délictueux en lien avec le contexte de crise sanitaire. Cette baisse d’actes anti-LGBT est plus marquée en Outre-Mer ; avec une diminution de 33% de crimes et délits par rapport à 2019.
D’après l’enquête Cadre de vie et sécurité, les violences à caractère anti-LGBT ont fait en moyenne chaque année 7.000 victimes parmi les personnes âgées de 14 ans et plus, entre 2012 et 2018. Les menaces ont concerné 25.000 personnes et les injures 160.000 personnes. Rappelons que le dépôt de plainte est une démarche très peu effectuée par les victimes. Seulement 20% des victimes de menaces ou de violences liées à leur orientation sexuelle ; et 5% des victimes d’injures déclarent avoir porté plainte.
♦ Une majorité d’actes commis sur des hommes jeunes et dans les lieux publics.
En 2020, en France métropolitaine, sur les 1.590 victimes de crimes ou de délits anti-LGBT, 72% étaient des hommes. Les victimes sont plus souvent des jeunes, puisque 60% étaient âgées de moins de 35 ans et 30% avaient entre 15 et 24 ans ; alors que cette tranche d’âge ne représente que 12% de la population générale. Cependant, toutes les tranches d’âges sont concernées par les actes à caractères anti-LGBT même si l’on constate que plus l’âge avance, plus la proportion de victimes de crimes ou délits anti-LGBT diminue.
Près de la moitié des crimes ou délits anti-LGBT sont commis dans des lieux publics : 32% sur la voie publique, 11% dans les lieux ouverts au public et 4% dans des services publics. Toutefois, les atteintes commises dans des lieux privés ont augmenté de 18%, en comparaison de l’année précédente.
En effet, le confinement a modifié la répartition des lieux où se sont déroulés les atteintes aux LGBT. La part des crimes et délits commis dans les habitations individuelles ou collectives est passée de 20% en 2019 à 24% en 2020. Idem pour les réseaux internet ou téléphonique, la part des délits est passée de 7% à 9%. Une augmentation liée aux périodes de confinement. Dans le même temps, la part des atteintes anti-LGBT sur la voie publique, dans les lieux ouverts aux publics et dans les services publics, est passée de 52% en 2019 à 47% en 2020. Pour autant, les atteintes sur la voie publique représentent toujours la majorité des crimes et délits anti-LGBT.
♦ Une répartition des crimes et délits anti-LGBT différente entre 2019 et 2020.
31% des victimes des crimes et délits anti-LGBT a subi des injures, soit près d’un tiers ; et 26% a subi des violences physiques non sexuelles, soit une victime sur quatre. Chez 51% des victimes, ces violences ont entraîné une Incapacité Totale de Travail. Les victimes de menaces représentent 21% de l’ensemble des victimes ; une proportion en hausse par rapport à 2019. Par rapport à 2019, le nombre de victimes augmente pour les atteintes à la dignité (19 victimes en plus, soit +31%) ; pour le harcèlement (18 victimes en plus, +32%) ; pour les violences sexuelles et les discriminations (15 victimes de plus dans ces deux cas). La baisse de victimes d’injures et de violences physiques semble, là encore, liée au contexte sanitaire de 2020.
♦ Des violences majoritaires dans les grandes villes.
En 2020, en France métropolitaine, la part des crimes et délits anti-LGBT commis dans les très grandes agglomérations (200.000 habitants et plus) diminue après plusieurs années de hausse. L’agglomération parisienne est également concernée par cette baisse ; 27% des atteintes anti-LGBT y étaient commis en 2019, 23% en 2020.
Mais les communes de 200.000 habitants et plus, hors agglomération parisienne, sont surreprésentése parmi les victimes d’atteintes anti-LGBT. Elles représentaient 37% des atteintes anti-LGBT en 2020 pour 25% de la population. Cette répartition n’indique pas forcément que le fait d’être dans une grande ville augmente le risque d’être victime d’un acte anti-LGBT ; mais elle pourrait être la conséquence d’une plus grande facilité à aller déposer plainte dans une grande ville plutôt que dans une commune rurale.
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