Article mis à jour le 19 septembre 2023 à 15:54
À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les LGBTphobies, ce mercredi 17 mai, une soixantaine de personnes se sont retrouvées place de la République à Perpignan. Associations, syndicats et citoyens sont venus défendre les droits de la communauté LGBT+. Le jour même, les services de police et gendarmerie annonçaient avoir enregistré 4.040 atteintes qualifiées d’anti-LGBT+ pour l’année 2022 en France. Un chiffre toujours en hausse.
Dix ans après l’adoption du mariage pour tous, afficher librement son identité sexuelle dans les Pyrénées-Orientales n’est toujours pas sans risques. Sifflets en bouche et drapeaux-arc-en-ciel à la main, les manifestants de la cité catalane dénoncent une invisibilisation, des discriminations et des agressions en hausse.
Au mégaphone, le co-président de l’association LGBT+66, Guy Gaultier rappelle que les Pyrénées-Orientales n’échappent pas au constat dressé à l’échelle nationale. Actuellement, une vingtaine de plaintes sont en cours d’instruction pour agressions à caractères homophobes dans le département, précise Guy Gaultier. En décembre dernier, à Perpignan, le bar Le Backstage a été pris pour cible et victime d’un incendie à caractère homophobe. Un événement qui se rajoute à la longue liste des discriminations subies par la communauté, et qui témoigne que l’acceptation des différences sexuelles et d’identité de genre n’est toujours pas entrée dans les mœurs.
Campagne de sensibilisation dans les Pyrénées-Orientales
Au milieu des manifestants, Charlie brandit fièrement son drapeau aux six couleurs. Mais pour arriver jusqu’à la place, le chemin a été long et semé d’incertitudes. «Je suis resté sur mes gardes ; sur le chemin, j’ai senti que les gens m’observaient», contraint dans certaines rues, de cacher son drapeau sous son manteau. Il ajoute, «depuis le confinement, je vois de plus en plus de transphobie et d’homophobie sur les réseaux.» Selon SOS homophobie, en 2022, le pourcentage des personnes LGBTI ayant subi des violences en ligne atteint 18%.
«Il y a des gens qui souffrent, il y a des gens qui meurent», s’exclame Guy Gaultier entouré des manifestants. Pour sensibiliser et lutter contre les discriminations, l’association LGBT+ 66 «n’agit pas seule» ; elle travaille en collaboration avec l’USAP Solidaire ou encore l’Education nationale, pour sensibiliser sur les droits humains. Manifester pour «les causes injustes», voilà pourquoi Annie est présente pour l’événement. «Je soutiens les ados qui sont rejetés par leurs familles», explique-t-elle entre deux coups de sifflet. Pendant plusieurs minutes, le bruit strident des sifflets retenti sur toute la place de la République, un moyen de se faire entendre et de faire entendre les droits des LGBT+.
Quand l’orientation sexuelle devient un crime
Dans 69 pays sur 193, l’homosexualité est interdite avec des lois et des sanctions allant à l’encontre des LGBT+. Parmi ces États, onze condamnent les relations homosexuelles de la peine de mort, selon l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes. Des relations qualifiées «d’actes contre-nature», «indécents» ou «immoraux», que Guy Gaultier dénonce à l’image d’une cause commune, «défendre les droits humains, ça concerne tout le monde».
«La situation en France reste très préoccupante»
Une étude du service statistique du ministère de l’Intérieur, révèle ce mercredi 17 mai, un total de 4.040 atteintes qualifiées d’anti-LGBT+ enregistrées par les services de police et de gendarmerie en 2022. Parmi celles-ci, le ministère dénombre 2.420 des crimes ou délits, et 1.620 contraventions. Si les chiffres sont en légère hausse (+3%) par rapport à l’année précédente, l’augmentation des crimes ou délits anti-LGBT+ enregistrée sur un an atteint 13%. Depuis 2016, les actes anti-LGBT+ enregistrés ont connu une forte augmentation, avec une hausse de 129% pour les crimes et délits et de 115% pour les contraventions.
En 2022, les diffamations ou injures constituaient 36% des crimes ou délits anti-LGBT+, soit près de 880 infractions signalées par les services de sécurité. Les atteintes physiques non sexuelles représentaient 22% des cas, suivies des menaces qui représentaient 20% des infractions. Le harcèlement et les atteintes à caractère sexuel étaient moins fréquents, représentant respectivement 5% et 2% des crimes ou délits, soit un peu moins de 200 infractions.