Tandis que la rénovation énergétique des bâtiments représentera un gros chantier d’ici à 2030, une étude de la Dares semble pointer du doigt les difficultés de recrutement qui y sont liées. En effet, ouvriers du bâtiment, chefs de chantier, architectes sont indispensables pour isoler le bâti existant et adopter des modes de chauffage moins carbonés.
Des créations d’emploi sont nécessaires pour s’inscrire dans cette dynamique de rénovation. Comment celles-ci seront réparties en France ? Pourquoi sont-elles nécessaires ? L’Occitanie et les Pyrénées-Orientales sont-elles concernées ?
Des besoins spécifiques au bassin méditerranéen
En 2023, les Pyrénées-Orientales ont été marquées par une sécheresse d’une intensité inédite. Le département a même été classé en « crise sécheresse » tout l’été malgré des mesures de restrictions d’eau. Les Pyrénées-Orientales ont souffert d’un cruel manque d’eau qui s’est ajouté à un fort ensoleillement. Jusqu’à récemment, Eus était même réputé pour être le village le plus ensoleillé de France. D’ailleurs, nombreux sont les touristes qui viennent passer leurs vacances dans le département pour profiter du climat méditerranéen.
Mais si le soleil et les températures sont agréables, ils engendrent des besoins en climatisation. Les demandes explosent. Pour mieux appréhender les fortes chaleurs et compenser la hausse des prix de l’énergie, les habitants se ruent sur les climatiseurs réversibles. Emilie Franchitti, assistante de direction chez Ecco Clim Energie, notait une augmentation de la demande de 30%. Ces appareils 2-en-1 permettent de réaliser des économies.
L’Occitanie et les Pyrénées-Orientales face aux passoires thermiques
À partir de données fournies par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, Hello Watt a établi un classement des villes et départements avec le plus de passoires thermiques, proportionnellement au nombre d’habitants. L’Occitanie fait figure de bon élève concernant la chasse aux passoires thermiques. 4 départements de la région font partie du Top 10 des départements où le nombre de logements mal isolés est le plus faible.
Le Gard ne compte que 6% de passoires thermiques, l’Hérault 6,4%, l’Aude 6,6% et la Haute-Garonne 6,9%. En revanche, avec 22,5% de passoires thermiques, la Lozère se classe parmi les 10 départements avec le plus de logements de ce type en France. Selon l’agence Heero, 73% des logements des Angles, 71% des logements de Font Romeu et de Puyvalador présentent un diagnostic de performance énergétique classé entre F et G. Ces 3 stations de ski sont situées dans les Pyrénées-Orientales.
Toujours selon ce classement, Perpignan arrive en tête des villes avec le moins de passoires thermiques en France. Dans la cité catalane, seuls 4,2% des logements sont considérés comme tels. Un excellent résultat qui peut s’expliquer par les matériaux utilisés pour la construction des logements et par la faible part de logements anciens.
Des perspectives de créations d’emploi dans le bâtiment
Dans le scénario bas carbone, entre 2019 et 2030, 188.000 postes seront créés dans les métiers du bâtiment susceptibles de réaliser les rénovations énergétiques, soit une augmentation de 10,8%. Les nouveaux emplois seront concentrés dans les régions les plus peuplées, comme l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes, marquées également par de forts besoins en rénovation du bâti. Le territoire francilien compte pour 20% des besoins en rénovation de la France métropolitaine. La transition écologique est un accélérateur de l’essor des métiers de cadres du bâtiment.
Dans les régions du quart nord-est, la dynamique nationale d’emploi à l’horizon 2030 est plus timide. Mais la transition bas carbone et les besoins de rénovation devraient tendre vers une inversion de cette tendance dans les métiers du bâtiment, avec une progression de 8,2% dans les Hauts-de-France et de 8,9% dans le Grand Est. Comme les températures hivernales sont plus basses, la consommation énergétique est plus importante.
Dans les régions du Sud-Ouest, qui seraient les plus créatrices d’emploi dans le scénario de référence, l’accélération de la dynamique des métiers du bâtiment serait moindre qu’ailleurs. En Occitanie, l’emploi des métiers du bâtiment augmenterait de 7,9%, entre 2019 et 2030, et de 6,9% en Nouvelle-Aquitaine. Du fait de la douceur de leur climat, ces régions, attractives pour les retraités et les actifs en emploi, nécessitent moins d’efforts de décarbonation du bâti.
Des professionnels difficiles à recruter
La rénovation énergétique ne devrait pas apaiser les difficultés de recrutement, au contraire. Trouver des professionnels pour réaliser ces travaux, en particulier les ouvriers qualifiés du second œuvre et du gros œuvre, risque de s’avérer compliqué. Les difficultés potentielles de recrutement seront accentuées ou atténuées par les migrations interrégionales des travailleurs. Pour éviter que des pénuries freinent le rythme de la transition énergétique, il est essentiel de rendre ce métier plus attractif. Plusieurs pistes sont évoquées comme l’amélioration des conditions de travail et une meilleure rémunération.
Les compétences de ces professionnels du bâtiment doivent être renforcées pour atteindre les exigences de performance énergétique. Une partie des besoins d’emplois dans le secteur de la rénovation énergétique pourrait être comblée par une stabilisation voire une baisse du rythme de la construction neuve.
L’Occitanie, comme d’autres régions, serait touchée par un déséquilibre entre les besoins et les viviers de main-d’œuvre anticipés. Les besoins de recrutement projetés sont plus faibles qu’en moyenne mais les jeunes débutants dans les métiers du bâtiment sont peu nombreux. D’ici à 2030, 22.000 postes ne seraient pas pourvus dans le scénario bas carbone.
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